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Siham Tahri «L’écocitoyenneté à travers l’art»

By mars 17, 2021 Parents

Artiste peintre installée à Fès, Siham Tahri est fascinée depuis son plus jeune âge par l’expression artistique. Titulaire d’un doctorat en biotechnologie, elle a évolué dans l’industrie pharmaceutique avant de faire de l’art son métier. Depuis, elle met son talent à contribution de différentes causes dont la protection de l’environnement et l’inclusion sociale.

Par : M.W · Photos : DR

 

«En prenant conscience de notre impact individuel et collectif sur ce qui nous entoure, nous pouvons agir et bâtir un monde plus juste, pacifique et durable, pour tous.»

 

Amoureuse des couleurs et des matières, chaque toile est pour moi une page blanche sur laquelle je pose mon inspiration sans cesse renouvelée. Après m’être orientée vers le réalisme, aujourd’hui j’explore l’abstraction notamment à travers la thématique de l’eau. Cet élément est pour moi synonyme de vie mais aussi symbole de mes rêveries et de mes questionnements.

 

 

Quelles sont vos actions en faveur de la construction d’un monde plus durable?
Face aux défis complexes du monde qui nous entoure, des solutions doivent être trouvées aux niveaux local et global. Et cela nous concerne tous ! Pour opérer les changements qui s’imposent, nous devons acquérir les compétences, les connaissances, les attitudes et les valeurs nécessaires. En tant que citoyenne et en tant qu’artiste, je tente d’apporter ma contribution en participant à des actions qui tendent à préparer un meilleur avenir. J’estime qu’il est nécessaire de se concentrer sur le développement social et d’y intégrer l’art afin d’initier un changement dans nos comportements et le développement de valeurs d’écocitoyenneté. Selon moi, l’art est un excellent médiateur. Je dirais même qu’il est une nécessité pour l’humanité car n’a de cesse de nous enrichir, d’éveiller notre esprit créatif et d’éduquer notre regard. J’aime à citer Victor Hugo : «L’art civilise par sa puissance propre» et Friedrich Nietzsche : «L’artiste a le pouvoir de réveiller la force d’agir qui sommeille dans d’autres âmes».

Pouvez-vous nous donner les grandes orientations de votre projet?
À travers l’organisation de mes ateliers à destination de tous et toutes, mon ambition est de contribuer à insuffler la volonté active de prendre soin du monde et de ceux avec qui nous partageons la planète. Concrètement, j’essaie de faire prendre conscience de notre impact individuel et collectif sur notre environnement et ce, grâce, à la sensibilisation sur le terrain ou sur les réseaux sociaux. J’organise notamment des ateliers d’expression artistique et de recyclage à destination de jeunes et de femmes, tous issus de différents milieux sociaux. J’ose espérer que ces ateliers participent à une prise de conscience, à une réflexion qui mène à l’action et qui pousse le citoyen à passer d’un rôle de spectateur à celui d’acteur.

Pourquoi avoir fait le choix d’une reconversion dans ce domaine?
J’ai la conviction qu’en tant que citoyenne et en tant qu’artiste que nous avons le devoir de nous engager et de nous mobiliser pour passer à l’action afin de faire émerger des comportements durables et une culture de l’écologie. Selon moi, l’art en tant que langage universel peut permettre de transmettre des messages en vue d’ouvrir un dialogue social pacifié et de rétablir des rapports harmonieux avec notre environnement. Nous avons la possibilité et la responsabilité de remodeler collectivement un nouvel espace de vie en impliquant tous les acteurs de la société y compris les enfants qui sont les adultes de demain.

Pensez-vous qu’il ait été favorable à un éveil des consciences vis-à-vis des questions durables?
Cette pandémie est une épreuve pour l’humanité toutefois elle lui a donné l’occasion de se montrer solidaire et de transformer cette crise en un élan planétaire pour atteindre des objectifs de développement durable. Pour moi, un des enseignements majeurs de cette pandémie est la prise en considération de notre environnement car elle a souligné ses effets sur notre organisme. Jusqu’ici au Maroc, il me semble que nous avions encore du mal à reconnaitre le lien étroit entre l’état de notre santé et l’état de l’environnement. Cette crise sanitaire doit être l’opportunité de repenser nos économies et nos sociétés autrement.

Comment définiriez-vous la transition écologique au Maroc?
Le pays déploie depuis plusieurs années des projets relatifs aux énergies renouvelables et s’est d’ailleurs rapidement positionné comme un pionnier à l’échelle africaine. Toutefois, je trouve que la participation et l’engagement citoyen à cette transition écologique, n’ont pas avancé de la même manière. Selon moi, il convient d’accentuer nos efforts sur l’éducation des enfants notamment en leur donnant des exemples concrets d’engagement vis-à-vis d’un mode de vie écoresponsable.

Selon vous, dans quelles mesures la durabilité peut-elle être un vecteur de développement économique et social?
Le développement durable tend à concilier les besoins de l’environnement avec ceux de l’économie et de la société. On a tous à y gagner ! Un mode de vie durable aidera à lutter contre les changements climatiques qui comme on le sait ont des répercussions sur la santé publique, sur la sécurité alimentaire, sur l’approvisionnement en eau, la migration, la paix et la sécurité et tout ceci ne peut que contribuer au développement économique et social.

Selon vous, quel rôle doit y jouer la femme?
La femme est un pilier de la société et son rôle dans la transition écologique au Maroc est crucial. Prenons comme exemple le cas de la gestion des affaires domestiques et l’importance de la consommation énergétique, les femmes sont les premières à être confrontées aux enjeux énergétiques et le fait de les impliquer dans ce domaine est une nécessité, elles ont une responsabilité importante concernant l’éducation des jeunes au sein des foyers et pourraient donc jouer un rôle déterminant dans les questions de consommation. Cependant, au Maroc, les femmes souffrent encore et surtout dans le millier rural d’un taux d’analphabétisme élevé, ce qui peut dans certains cas représenter une barrière importante à leur participation dans des projets de transition écologique.

Pourquoi est-il indispensable de renforcer l’implication des femmes?
Les femmes, de par leur rôle déterminant dans l’éducation et la transmission des valeurs, ont la capacité d’inculquer des notions de durabilité dans les foyers. À mon sens, si nous voulons améliorer la santé, préserver notre planète et bâtir des sociétés plus inclusives, plus résilientes et plus pacifiques, il faut que chaque individu, et en particulier les filles et les femmes, puissent avoir accès à l’éducation. Il est essentiel que les femmes soient impliquées dans tous les domaines de développement. C’est aussi pour cela qu’à mon échelle, je tiens à ce que des femmes en situation de précarité puissent participer à mes ateliers de création et de recyclage.

 

Mon message aux lectrices:
Les femmes sont l’avenir du Maroc. Préparons dès aujourd’hui l’avenir de nos enfants et des générations futures. Prenons le temps de nous intéresser, dès à présent, à l’écologie, au recyclage, à une consommation plus responsable et intégrons peu à peu au sein de nos foyers de nouveaux comportements quotidiens en vue de préserver notre planète!