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Cancer et vie de femme :
un dialogue essentiel

By novembre 1, 2021 Parents

Parce que la maladie impacte considérablement la vie de la femme, il est important de ne pas perdre de vue que les effets psychologiques peuvent être dévastateurs. Si ouvrir le dialogue avec son conjoint et sa famille est important, aborder certaines questions intimes comme la sexualité ou la maternité peut être plus ardu. Avoir recours à un professionnel ou s’exprimer dans un groupe de parole peut alors s’avérer libérateur.

 

 

N’importe quel cancer peut engendrer des problèmes de sexualité. Dans une étude récente publiée par l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) 37 à 75% des femmes traitées pour un cancer rapportaient soit une perte des fonctions sexuelles soit une exacerbation de troubles préexistants.

 

Bien que les effets secondaires des traitements contre le cancer soient prédictibles lorsque les sourcils se dispersent, les cheveux tombent, la peau démange ou les ongles se décolorent, s’en suit immanquablement une atteinte à la féminité. Cela est encore plus dure dans le cas de cancers affectant la symbolique féminine par l’altération des organes génitaux. La perte totale ou partielle d’un sein notamment, organe très érotisé, affectera violemment la patiente à tel point qu’on parle d’ « éféminisation », soit une émasculation au féminin. En outre, symbole de maternité, la poitrine met véritablement en jeu l’image de soi et la confiance en soi. Avec délicatesse, le médecin traitant a la charge d’aborder cette problématique en ce compris, une potentielle reconstruction mammaire.

Un accompagnement essentiel
Confrontés à la maladie et à ses bouleversements, les patientes, de même que leur entourage éprouvent véritablement une souffrance psychique pouvant se traduire par une anxiété très forte voire conduire à une dépression. Au sein de la cellule familiale, il est primordial de ne pas taire la maladie. Le silence peut, en effet, développer des angoisses chez les enfants. Le partage et la réassurance sont très importants. L’accompagnement psychothérapeutique en séance familiale peut être une aide majeure. Quant au couple, il doit être vu et pris en charge comme une seule entité.

Une pulsion de survie
La sexualité étant très largement troublée tout au long de la maladie, c’est une question cruciale sur laquelle il est important de pouvoir s’exprimer sans tabous. Médecin traitant, psychiatre ou psychologue spécialisé devront mettent tout en œuvre pour désangoisser et accompagner la patiente sur ce volet à travers une aide médicale, psychologique ou sociale. Notons que les troubles du désir et les dyspareunies, entendez les douleurs lors des rapports, sont notamment des facteurs exacerbés par la chimiothérapie et qu’en cas de prise en charge inadéquate, ces disfonctionnements peuvent persister bien au-delà la maladie. Force est de constater que dans le cadre d’un cancer du sein, environ 30% des couples, seulement, réussissent à évoquer la sexualité avec un professionnel de santé.

La maternité en question
Au cours de la maladie, bien qu’il soit rare que les grossesses soient observées, il convient de souligner que ces deux facteurs ne sont pas pour autant antinomiques. Plus précisément, la grossesse n’est pas un facteur défavorable sur le pronostic de la maladie. Il arrive que le cancer soit détecté chez la femme enceinte le plus souvent au cours du dépistage systématique. Certaines patientes peuvent, quant à elles, découvrir leur grossesse lorsqu’elles sont déjà en cours de traitement pour un cancer. Un vrai travail de concertation doit alors avoir lieu entre les différents spécialistes (cancérologue, oncologue, chirurgien, obstétricien) afin de déterminer conjointement le traitement le plus adapté. Cette équipe pluridisciplinaire aura à cœur d’informer le couple au mieux quant aux traitements et interventions éventuels ainsi que la poursuite de la grossesse. à l’établissement du pronostic de la maladie, la question de la poursuite de la grossesse devra immanquablement être posée. Le caractère de l’urgence des traitements administrés et leurs degrés de toxicité pour le fœtus sera alors déterminants. En effet, si les actes chirurgicaux n’entravent pas la grossesse, les impacts des traitements – chimiothérapie, radiothérapie – peuvent eux avoir des impacts très négatifs sur le fœtus notamment en termes de problèmes neurologiques ou de malformations. Face à l’imminence de la prise d’un traitement lourd, si la grossesse en est à ses débuts, son interruption médicale peut être jugées préférable. à contrario, si la maturité du fœtus est proche et que le pronostic permet d’attendre un peu, il est alors possible de programmer un accouchement prématuré. Enfin, si le cancer est éloigné de la zone utérine, il est tout à fait envisageable en cas de radiothérapie d’utiliser un cache permettant de moduler l’irradiation venant du faisceau et d’ainsi protéger le fœtus.

Une qualité de vie à sauvegarder
Face au cancer, l’absolue résolution de l’éradiquer aussitôt font parfois perdre de vue, autant au corps médical qu’au couple, que les conséquences de l’usage de certains traitements en termes d’infertilité sont sans appel. La toxicité des produits altérant irrémédiablement la réserve ovarienne, il est dés lors fortement conseillé par les gynécologues, si cela est envisageable, de postposer de quelques semaines le début du protocole de soin. Et ce, afin que la patiente puisse suivre un traitement hormonal lui permettant, à l’instar d’une fécondation in vitro, de pratiquer un prélèvement des ovocytes. En cas d’insuffisance ovarienne faisant suite à son traitement, la patiente pourra alors avoir recours aux ovocytes prélevés afin d’ avoir un enfant.

Et l’allaitement ?
Si le traitement du cancer peut avoir un impact sur la grossesse, il en est de même pour l’allaitement. Si la radiothérapie ne pose pas de soucis, la chimiothérapie doit, quant à elle, être envisagée au cas par cas. Certains produits à haute toxicité étant capable de traverser la barrière mammaire, c’est-à-dire le lait maternel, une concertation entre oncologue et gynécologue sera une nouvelle fois de mise.

Et si on en parlait !
Cet ouvrage signé par Sébastien Landry se destine à briser le tabou et à délier la parole. S’adressant aux patients adultes et adolescents, il tente de les aider à mieux appréhender ce qu’ils traversent en abordant la reconstruction de l’image de son corps, en invitant à renouer avec la séduction, à reconquérir ses désirs et aussi à savoir gérer les douleurs… en un mot, il tente de donner les clés permettant d’avoir une sexualité épanouie.