fbpx

Rachid Boufous,
L’architecte-urbaniste qui ravive l’histoire du Maroc

By février 15, 2024 Actu

Rachid Boufous, architecte-urbaniste, nous plonge dans l’univers de son dernier livre, «Grandes Et Petites Histoires du Maroc», où il réinvente le récit historique de son pays avec originalité. Dans cette entrevue, il partage sa passion pour l’histoire marocaine, l’influence de son métier sur son écriture, des moments marquants de sa carrière, et son espoir de susciter la curiosité pour la culture marocaine, tant au Maroc qu’à l’étranger.

«Le Maroc est décrit comme un musée à ciel ouvert en raison de sa diversité linguistique, culturelle, architecturale, et culinaire, qui varie d’une région à l’autre, reflétant ainsi la richesse et la complexité de l’identité marocaine.»

Quelle a été votre source d’inspiration principale pour écrire « Petites et Grandes Histoires du Maroc » ?
Ma passion pour l’histoire du Maroc, qui remonte à ma tendre enfance, a été ma principale source d’inspiration. J’ai toujours voulu raconter l’histoire des hommes et des femmes qui ont façonné la civilisation marocaine, mais à ma façon, comme j’aurais aimé qu’elle nous soit enseignée à l’école. Les œuvres d’écrivains tels qu’Amine Maalouf dans « Léon l’Africain » et Stefan Zweig dans ses nombreuses biographies m’ont beaucoup influencé. Bien que je ne cherche pas à les imiter, leur manière de raconter l’histoire a influencé mon approche personnelle dans la narration de l’histoire de mon pays.

Comment votre expérience en tant qu’architecte-urbaniste a-t-elle influencé votre écriture et votre perspective sur l’histoire marocaine ?
Mon expérience en tant qu’architecte m’a appris à observer non seulement l’espace qui nous entoure, mais aussi les gens, les lieux et les ambiances. Chaque bâtiment, commerce, marché ou espace de vie a une histoire à raconter, qu’elle soit « petite ou grande ». Cette capacité d’observation et d’écoute m’a permis de restituer ces histoires. Mon émerveillement face à la civilisation marocaine et l’héritage extraordinaire de nos ancêtres est une source constante d’inspiration. Il y a tant à raconter sur le Maroc, ses coutumes, langues, monuments, qu’il est impossible de tout contenir, même dans la plus grande des bibliothèques.

Pouvez-vous partager un moment ou une histoire particulière qui vous a marqué durant vos trente ans de carrière ?
Un moment marquant de ma carrière a été de contribuer au relogement des familles des bidonvilles de la décharge publique de Akreuch vers une nouvelle cité à Ain Aouda en 2004. Ce projet m’a fait réaliser l’impact réel de mon travail en tant qu’architecte. Il ne s’agissait pas seulement de construire de nouveaux logements pour des familles en situation de précarité, mais aussi d’inventer de nouveaux outils de financement pour ce projet et d’accompagner ces familles vers une nouvelle urbanité et citoyenneté. Je suis très fier d’avoir collaboré à ce projet fondateur pour l’habitat économique au Maroc.

Comment choisissez-vous les personnages et les lieux à inclure dans vos chroniques ?
Mon objectif est de faire découvrir aux lecteurs des personnages et des histoires insolites dont ils ont peut-être entendu parler sans connaître la véritable histoire. J’ai choisi des sujets variés, comme la poétesse Kharboucha, la Reine Touda, Aicha Al Horra, l’histoire des Soltanes Tolbas, les Sept Saints de Marrakech, ou la ville sainte de Smara. Raconter des lieux ou des personnages méconnus ou inattendus est, à mon sens, la meilleure façon de captiver les lecteurs.

Quel impact espérez-vous que votre livre aura sur ses lecteurs, tant au Maroc qu’à l’étranger ?
Mon but est d’éveiller la curiosité des lecteurs, tant locaux qu’internationaux, pour qu’ils s’intéressent davantage à l’histoire du Maroc. J’espère que mon livre incitera les lecteurs à approfondir leurs connaissances en se tournant vers les ouvrages d’historiens marocains renommés. Mon rêve est de faire connaître la civilisation marocaine, surtout aux jeunes générations marocaines, qui connaissent peu l’histoire de leur pays.

Avez-vous des projets futurs pour continuer à explorer et à raconter l’histoire et la culture du Maroc ?
Je prévois de publier le Tome 2 des « Petites et Grandes Histoires du Maroc » très prochainement. Par la suite, j’aimerais étendre la narration de ces histoires sur des supports audiovisuels tels que les podcasts, les chaînes YouTube, ou même à la télévision. Un projet cinématographique basé sur mes histoires serait également le bienvenu. J’espère attirer l’attention d’investisseurs dans le domaine de la culture, qui est un secteur clé au Maroc et un puissant outil de soft power, comme le démontrent d’autres pays en valorisant leur histoire pour attirer les touristes.

Le choix des personnages
Pour la sélection des personnages de ses chroniques, l’auteur a opté pour des figures emblématiques de l’histoire marocaine souvent méconnues. Ces individus sont généralement traités de manière académique dans les manuels scolaires, se concentrant sur leurs exploits politiques ou militaires. Cependant, Rachid Boufous a choisi une approche humaniste pour les dépeindre, mettant en lumière leur humanité et l’improbabilité de leur parcours, qu’il s’agisse de Mahdi Ibn Toumart, Tarik Ibn Ziad ou la Reine Touda.