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le meilleur est à venir et si hier, c’était pire, et si demain, ce sera mieux?

By décembre 6, 2019 Société

Pas un jour sans que les journaux télévisés ou les réseaux sociaux ne nous effraient avec des images violentes ou des perspectives cauchemardesques pour nous rappeler que nous vivons dans un monde de plus en plus dur. Et voilà qu’une petite voix frêle s’est élevée, accompagnant un nouveau livre apparu sur les étals des libraires, celle de Michel Serres qui nous dit que certes «le monde n’est pas bon mais il s’améliore». Etonnant, non? Cela mérite bien un gros plan!

Texte Wissal Faris

 

 

Une violence et une mortalité en baisse
Interrogé sur cet optimisme à contre-courant des idées reçues, le philosophe apporte un argument de poids : son expérience personnelle. Et c’est vrai que l’histoire, que l’on oublie souvent de consulter, ne lui donne pas tord. A la fameuse petite phrase «Avant, c’était mieux», il répond, du haut de ses 87 ans, «J’y étais et avant ce n’était pas mieux. Il y a plus d’un demi-siècle le monde était gouverné par Franco, Hitler, Mao Tsé Toung, Staline, avec les résultats que l’on sait : plus de 45 millions de morts et des mouvements de réfugiés effrayants». Toutes les statistiques mondiales le soulignent : il y a moins de morts dus aux guerres et aux violences en général, moins de morts de faim aussi. Et, alors que l’humanité n’a jamais été aussi nombreuse, il n’y a jamais eu autant de personnes qui ne s’inquiètent pas de savoir si elles auront à manger ou non à la fin du mois. Résultat : si on vous permettait de choisir une période de l’Histoire où naître, mieux vaut choisir la nôtre.Vous en doutez : les chiffres le prouvent.

Mais un sentiment d’insécurité croissant
Mais, si la violence diminue, pourquoi se sent-on si peu en sécurité. Trois raisons. La première nous est donnée par les sociologues : dans un contexte global de pacification des mœurs, le déclin des comportements violents s’accompagne d’une diminution de la tolérance envers la violence. Autrement dit, plus la violence diminue, plus on est sensible aux formes résiduelles de violence… et moins on se sent en sécurité. La seconde est que nous n’avons jamais été aussi environnés d’information qu’aujourd’hui. Il y a seulement 30 ans, aurions-nous été aussi bien informé, images à l’appui, de l’horreur que connaissent les Rohingyas? Désormais, dès qu’un acte terroriste se produit quelque part dans le monde, nous avons le réflexe de suivre en direct les événements sur notre téléphone. Un comportement qui augmente notre exposition à la violence et aggrave du même coup notre sentiment d’insécurité.
Le développement des actes terroristes est la troisième explication à nos peurs croissantes. Le terrorisme change la nature de la violence. Avant, elle était perpétrée en fonction de ce qu’un individu possédait, ou faisait. Le terroriste, lui, vise des identités : il vise ce que l’on est… et comme il est aléatoire, on a l’impression qu’il pourrait tous nous toucher.

Une technologie qui améliore notre vie
Au regard des statistiques relatives à l’espérance de vie, on pourrait presque parler d’augmentation quasi verticale. Dans les pays développés, elle est passée en quelques années de 55 ans à 84 ans. Outre la baisse de la violence et du recul des famines, ce sont les politiques de santé ainsi que les vertigineux progrès en matière d’hygiène, de médecine et de pharmacopée qui ont fait la différence.
La science et les nouvelles technologies ont fait des pas de géants bouleversant nos habitudes et notre environnement, qu’il s’agisse de nos maisons, de notre confort de vie (aimeriez-vous battre le linge à la rivière comme autrefois ?), de notre façon de communiquer et de travailler. Mais faut-il en avoir peur. Le sage Michel Serres, au contraire, voit dans ces évolutions perpétuelles une opportunité de réunir les générations. «La science, c’est ce que les vieux apprennent aux jeunes, la nouvelle technologie, c’est ce que les jeunes apprennent aux vieux.»
Et pour vous convaincre que les progrès de la science et des technologies ont du bon, voici quelques avancées médicales qui vont, ou commencent déjà, à révolutionner notre vie.

Des modifications génétiques qui sauvent des vies
Les modifications génétiques ne sont pas si futuristes que cela. Elles se multiplient déjà sur les embryons humains. En novembre 2016, la technique d’édition génétique CRISPR/Cas9 a été utilisée pour la première fois chez l’homme pour tenter de lutter contre une forme agressive de cancer du poumon. Autre opportunité : on va pouvoir désactiver les maladies génétiques. Les porteurs de gènes de maladies incurables ne les transmettront plus à leurs enfants

Nos organes sont imprimables
L’imprimante 3D est entrée dans l’univers de la santé. On l’utilise pour façonner des prothèses implantables sur mesure. Des chirurgiens remplacent des os de la mâchoire, une partie du crâne, des vertèbres, avec des pièces en titane ou en résine. On fabrique des plâtres sur mesure, des prothèses (doigt, oreille, membre…) pour les amputés ou des exosquelettes. Aujourd’hui, on imprime de la peau, des tissus de foie et de rein, une oreille comprenant muscles, os et cartilage. La bio-impression fait espérer que demain, ou après-demain, on créera ex nihilo des cœurs, des poumons et autres organes. Opportunités : finies les attentes interminables de dons d’organes, l’impression 3D qui se démocratise rapidement, rendra ce type d’acte accessible à tous. Et là aussi, nous ne sommes pas dans le futur. En 2016, L’impression 3D représentait déjà un marché de 279,6 millions de dollars.

Nos données numériques servent à anticiper la maladie
Les données personnelles de santé augmentent. Bracelets, vêtements, balances, brosse à dents, miroirs, tatouages… Les objets connectés qui analysent notre santé se multiplient. Le décryptage de nos génomes va apporter un maximum d’eau au moulin du big data. Pour chacun individu, ce n’est pas moins que 3 milliards de bases qui seront décryptées. Des experts envisagent que l’on produise un million de gigabits de données par personne. Ces masses d’informations seront cuisinées par des algorithmes. Le principe de cette cuisine est de mettre dans la bassine différentes sources de données, de mélanger les informations et d’en sortir des informations inédites. Encore peu utilisées réellement par le corps médical, elles ne devraient pas le rester longtemps. Qui ne rêve pas d’être prévenu, et donc préservé d’un infarctus ou d’un AVC ?

Nous pouvons jouer à nous soigner
Loin du cliché de l’adolescent retranché dans sa chambre, les «gamers» de demain auront de 7 à 97 ans. Ils feront leurs jeux quotidiens pour améliorer leur état de santé. Les jeux vidéos pensés comme des remèdes s’avèrent assez performants en matière thérapeutique. En dirigeant une taupe qui fait du surf, les patients atteints de la maladie de Parkinson rééduquent leur équilibre et améliorent leurs mouvements. Des jeux procurent la dopamine dont les patients atteints de la maladie de Parkinson manquent. Ils rééduquent les victimes d’accidents cardio-vasculaires. On trouve maintenant des applications de réalité virtuelle qui soignent certaines phobies (la peur du vide, de la foule, des araignées, etc.), diminuent les dépendances (drogues, alcoolisme…) ou atténuent le stress post-traumatique. Deepstream VR crée même des jeux vidéo en réalité virtuelle pour aider les patients à oublier leurs douleurs. Ce type de traitement constitue une alternative efficace aux médicaments antidouleur.

Nous sommes soignés par des robots
Les robots sont rentrés à l’hôpital. Ils occupent différents postes : des robots-chirurgiens effectuent de manière précise et parfaite les gestes programmés par le chirurgien. Des robots facilitent la formation du personnel soignant. Des robots compagnons distraient les enfants hospitalisés ou stimulent les patients atteints de maladies dégénératives. Des robots-assistants aident à porter les malades et améliorent l’efficacité du personnel soignant. Des robots s’occupent des préparations et transportent rapidement les médicaments et le matériel médical. Un grand pas vers un avenir cauchemardesque? Pas forcément, ainsi que le souligne Guy Vallacien, chirurgien et auteur de «Une médecine dans médecin» : «Demain je serai dépossédé des outils qui faisaient mon métier de médecin, techniquement. En revanche, ce qui restera est la relation humaine. Le médecin sera à la disposition du malade, qui, quoi qu’il arrive, ne croira jamais l’ordinateur. Il aura toujours besoin d’une personne qui le conforte». Et rappelons-nous aussi qu’un robot n’a pas de faiblesse et ne tremble pas. Avec le robot chirurgien, la cicatrice est plus petite. Le rétablissement est plus rapide.
Les robots peuvent apporter de l’affection. Casper est un petit robot blanc qui divertit, allège et égaye le quotidien des enfants traités pour un cancer.
Les robots peuvent aussi créer du lien. C’est le cas de Nao qui donne des cours de sport aux personnes âgées.
Le futur s’annonce passionnant, non? Quelle chance, nous avons aujourd’hui beaucoup plus d’espoir que nos parents et nos grands-parents de voir, et de profiter de ces avancées phénoménales et… nos enfants d’en profiter longtemps, très longtemps !

Des chiffres qui attestent d’une violence en baisse

Extraits du best-seller The Better Angels of our Nature de Steven Pinker

Résultat d’une enquête cadre de vie et violence en France, réalisée en 2015 par l’INSEE et l’Observatoire de la Délinquance

 

 

A lire
«Dix Grands-Papas Ronchons ne cessent de dire à Petite Poucette, chômeuse ou stagiaire qui paiera longtemps pour ces retraités : «C’était mieux avant.» Or, cela tombe bien, avant, justement, j’y étais. Je peux dresser un bilan d’expert. Qui commence ainsi : avant, nous gouvernaient Franco, Hitler, Mussolini, Staline, Mao… rien que des braves gens ; avant, guerres et crimes d’état laissèrent derrière eux des dizaines de millions de morts. Longue, la suite de ces réjouissances vous édifiera.»
Michel Serres