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La plurilingualité, un terreau fertile?

By avril 30, 2019 Enfant

Chez nous,  l’enfant est souvent mis en contact, depuis son plus jeune âge, avec plusieurs langues. Arabe, amazigh, français ou autres, à l’école ou à la maison, répondant à un usage fréquent ou ponctuel, la question de leur maîtrise optimale se pose parfois. Avec Kenza Cherkaoui, sociolinguiste, on s’interroge sur les mécanismes d’apprentissage et sur l’intérêt de l’acquisition précoce de différentes langues.

 

«Une langue qu’on ne parle pas est une langue morte et une langue dont on ne ressent pas l’utilité ou que l’on ne désire pas est plus difficile à acquérir. Ainsi, les difficultés sont à rechercher du côté de la méthode, de la fréquence d’exposition à la langue et aussi des affects.»

 

Consistant à acquérir la possibilité de communiquer, à différents niveaux ou pour différents besoins dans une ou plusieurs langues, l’acquisition langagière, si elle est précoce, est incontestablement un socle cognitif qui permettra l’obtention de bien d’autres compétences. A titre d’exemple, un enfant bilingue a souvent de meilleurs résultats en maths! Si la plupart des enfants apprennent rapidement plusieurs langues, il convient de souligner que tous les individus ne répondent pas favorablement au même style d’apprentissage et que l’envie d’apprendre et les possibilités de pratiquer la ou les  langues en cours d’acquisition sont également des points d’appui précieux.

Une immersion fructueuse
Le premier apprentissage est celui de la ou des langues que l’enfant va acquérir naturellement en grandissant. Si certains l’appellent encore langue maternelle, cette appellation est contestable, d’une part, en raison de son ambigüité car ce n’est pas nécessairement la langue de la mère et d’autre part car elle instille l’idée qu’il n’y en aurait qu’une seule. Or, force est de constater qu’à l’échelle de la planète, le monolinguisme fait figure d’exception. Dans les familles mixtes, la seule méthode qui semble avoir fait ses preuves est celle qui consiste à ce que chacun des parents s’adresse à l’enfant dans une seule langue. La langue, représentant un univers culturel mais aussi affectif, en parler une autre est artificiel et risqué car on peut ne pas aller à l’essentiel et transmettre un système linguistique fautif.  Une langue, étant avant tout une structure à mettre en place, il convient également de ne pas se laisser impressionner  par les petites confusions de vocabulaire de l’enfant. Enfin la langue dominante sera bien souvent celle de la société dans laquelle l’enfant est immergé. Acquise, l’autre langue, même si elle n’est pas parlée de suite, sera facilement réactivable.

Un apprentissage structuré
Si l’apprentissage est certes affaire de mécanismes, l’affect est véritablement à prendre en considération. Quant au style d’apprentissage, revient souvent l’idée qu’avant 9 ans, l’apprentissage se ferait de manière naturelle et permettrait l’acquisition d’un niveau avancé. Après 17 ans, l’individu apprendrait mieux de manière plus méthodique. Entre les deux, c’est le moment où il serait le moins disposé à acquérir de nouvelles langues, sauf en cas d’immersion. Plus largement, certaines personnes auraient besoin de se rassurer avec des règles précises avant de se lancer tandis que d’autres n’auraient pas peur de faire des fautes et de se lancer. Finalement, un petit groupe, un enseignant engagé, des allers-retours entre écrit et oral, l’apprentissage de l’un soutenant l’apprentissage de l’autre, avec des applications régulières sont un bon point de départ.