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La parentalité positive, la bienveillance comme guide

By juillet 10, 2021 Actu

Camille Pietri Machado
Psychologue spécialisée
dans l’enfance et l’adolescence

Parce qu’être parent n’est pas un métier et que l’accumulation de compétences ne riment à rien, le concept d’éducation positive valorise la relation d’amour que chacun a la possibilité de construire avec son enfant. Camille Pietri Machado, psychologue spécialisée dans l’enfance et l’adolescence et animatrice d’ateliers sur les émotions et l’accompagnement à la parentalité, nous rappelle que si le parent parfait n’existe pas, le parent aimant lui peut apprendre à se découvrir et à découvrir son enfant.

 

 

 

 

 

 

«Il est important de rappeler qu’avant l’âge de 6 ou 7 ans, l’enfant ne pense pas de façon rationnelle. Sa pensée s’exprime à travers les difficultés de comportement, le sommeil et l’alimentation. Il a besoin d’être sécurisé, rassuré, compris et doit pouvoir compter sur la disponibilité émotionnelle de ses parents.»

 

Si en tant que parents nous souhaitons le meilleur pour nos enfants, les points de vue peuvent diverger pour y parvenir. Entre attentes inconsidérées, frustrations et maladresses, nous souffrons bien souvent d’un important sentiment de culpabilité. La parentalité positive peut nous aider à sortir des exigences et des normes sociétales qui engendrent cette sensation d’échec permanent. De nos jours, nous avons tendance à soumettre beaucoup d’exigences à notre enfant. Nous souhaitons qu’il réponde immédiatement à nos besoins d’adultes. Les difficultés à mettre en place notre autorité, les crises de colères incontrôlables, incessantes et disproportionnées, les comportements d’opposition et d’agressivité rendent souvent la vie de famille très tendue. L’application de quelques outils peut toutefois nous permettre d’accompagner le développement émotionnel de notre enfant de façon bienveillante, sereine, favorisant son autonomie ce qui simplifiera le quotidien de tous.

Des mots qui comptent
Chaque expérience, chaque événement vont laisser une empreinte dans les circuits neuronaux de l’enfant. De la même façon, il va imprimer notre regard, notre colère mais aussi les mots durs et blessants que nous employons sans en prendre la juste mesure. De même, il va être marqué par notre non-disponibilité par faute de temps ou de stress. Le comportement de l’enfant est donc sa façon de se faire entendre ! Dès lors, il est essentiel d’user de la parole avec attention et d’apprendre à utiliser les mots en évitant de le blesser. Les mots justes favoriseront son estime de soi, développeront sa confiance et l’encouragera à prendre ses responsabilité. Sont à éviter, les mots comme «bête», «stupide», «méchant», «incapable», de même, les termes comme «magnifique», «extraordinaire», «gentil». Tous ces mots au quotidien évaluent positivement et négativement. Ils bloquent l’enfant car ils jugent ! Ce type d’expression contribue à construire une barrière pour son estime de soi et un frein à la découverte du monde qui l’entoure. Pour le libérer, il est recommandé d’utiliser des mots qui décrivent. Ces mots-là permettent aussi à l’enfant de trouver des solutions à ses problèmes quotidiens, de prendre confiance et par là même de devenir autonome.

 

A découvrir
Comme le soulignent à juste titre Adele Faber et Elaine Mazlish dans leur guide «Parents épanouis, enfants épanouis», l’amour inconditionnel pour nos enfants est bien évidemment important mais il doit être utile de le mettre en mots afin de les aider. On peut utiliser un mot qui ne détruit pas les personnes qu’on aime même quand on est très en colère. Exprimer sa colère est nécessaire à condition qu’on ne blesse pas l’enfant. Une colère authentique sans insulte peut modifier le comportement.

 

 

 

 

Il est recommandé d’user de mots qui décrivent comme le soulignait l’auteur Haim Ginott dans son livre «Between Parent and Child» : «Je décris ce que je vois et je décris ce que je ressens.»

 

En pratique
Si notre enfant nous donne un dessin en nous demandant ce que nous en pensons. «Maman, est-ce que mon dessin est beau?»
Si nous lui répondons : «Ton dessin est magnifique mon chéri! Tu es un excellent dessinateur» Nous pouvons être certains que ce dessin sera le dernier de toute la journée ! En effet, que peut-on faire de mieux après des compliments comme «magnifique» et «excellent»!
Conseil : Regardons-le en nous mettant à sa hauteur et répondons-lui : «Je vois une voiture sur un chemin vert, un soleil jaune qui sourit sur un grand ciel bleu clair, des nuages, il y a des fleurs multicolores… ce doit être le printemps!» Il répondra alors : «Je vais en faire un autre!»
Si notre enfant renverse son verre d’eau et si nous lui hurlons dessus «Et voilà! Tu as encore une fois renversé ton verre! Tu ne fais décidément jamais attention! Tu ne te tiens jamais tranquille! Tu es pénible! Tu n’écoutes jamais rien!» Alors l’enfant mettra toute son énergie à se défendre «Ce n’est pas de ma faute ! Je ne l’ai pas fait exprès!».
Alternative : Il est également possible de réagir en lui tendant une éponge et en lui disant : «Je vois de l’eau renversée sur la table!». De cette manière, nous évitons de le juger, de le blesser et nous focalisons surtout sur ce qu’il a à faire. Nous l’aidons à trouver une solution.
Si nous sommes fâchés de voir la chambre de notre enfant une nouvelle fois en désordre. Nous devons nous donner le droit d’exprimer ses émotions mais pas avec des insultes et du sarcasme. «Tu n’es pas organisé! Cette chambre est à ton image! Un vrai bazar! Je comprends pourquoi à l’école tu n’arrives pas à bien travailler! Tu ne réussiras jamais dans la vie!» L’enfant rangera certainement sa chambre mais en gardant au fond de lui de la rancune et il gagnera une faible estime de lui-même!
Description : Alors comment l’exprimer différemment avec des mots qui décrivent ce que nous voyez et qui décrivent ce que nous ressentons? «Quand je vois ce désordre dans ta chambre, ça me met très en colère! Ca me donne envie de tout jeter! Il me semble que ces jouets ont un coffre et qu’ils devraient se trouver à l’intérieur!»