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Enfant précoce : une différence pas toujours facile à vivre!

By août 5, 2019 Bien-être

Surdoués, à haut potentiel ou intellectuellement précoces, si les termes ne manquent pas pour qualifier ces brillants sujets, force est de constater qu’il n’est pas toujours aisé, pour l’entourage et pour l’enfant lui-même, d’appréhender cette spécificité. Avec Ghita Alami, psychologue clinicienne  et présidente de l’AMPSY, Association Marocaine de Psychologie de l’enfant et de l’adolescent, on s’interroge pour mieux les comprendre et les accompagner.

 

 

«Il convient de ne pas faire passer l’enfant pour le petit génie de la famille. Celui-ci pouvant en effet faire une confusion entre son intelligence et le travail scolaire et penser que puisqu’il est intelligent, il n’est pas nécessaire d’apprendre.»

 

 

S i, à travers l’histoire, on a pu relever l’existence de familles de «génies», celles-ci ne sont pas dues à ce qu’on pourrait décrire comme un gêne d’intelligence. Et, bien que les débats continuent au sein de la communauté scientifique, nombre d’études s’accordent toutefois sur le fait que le haut potentiel de certains individus serait démontré par un modèle interactif combinant les facteurs innés et acquis. Quant à l’environnement, il est, à présent, prouvé que la nutrition, les interactions précoces entre la mère et l’enfant, de même que le niveau culturel des parents influencent considérablement le développement de l’intelligence de l’enfant.

Un élève brillant?
Ne se résumant pas qu’à un QI élevé, la précocité intellectuelle est liée à une forme d’intelligence qualitativement différente. Bénéficiant d’une vitesse de connexion cérébrale plus rapide que chez les autres individus et d’un mode de pensée dit en arborescence, l’enfant surdoué est capable de penser et de traiter plusieurs informations à la fois. Ses procédures de raisonnement différent de la norme, il comprend très vite et mémorise rapidement, ce qui par conséquent peut le pousser tout aussi rapidement à l’ennui. En classe, une démotivation peut dès lors s’installer et le pousser à devenir turbulent. A noter que lorsqu’un sujet l’ennuie, il peut catégoriquement l’esquiver. A l’inverse, s’il le passionne, il peut cumuler de grandes connaissances. Souvent très sensible et très émotif, les enfants surdoués n’aiment pas l’injustice, et ne peuvent faire ou appliquer ce qu’on leur demande que s’ils en sont convaincus. Plus encore, disposant de multiples exigences, ils sont très souvent intolérants à la frustration et aux limites. Ainsi, chaque règle ou consigne est sujette à négociation, ce qui est peut être source d’épuisement pour l’entourage.

Des spécificités à analyser
De nos jours, une grande partie d’enfants surdoués connaissent des difficultés scolaires voire des troubles d’apprentissages qui passent inaperçus. Injustement considérés comme paresseux ou désinvoltes, ces enfants, s’ils sont rapidement diagnostiqués, peuvent être pris en charge de manière plus adéquate.
Ainsi, il est possible d’établir ce diagnostic par le biais d’un bilan psychologique entre 4 et 6 ans. Quelques signes peuvent mettre la puce à l’oreille de l’entourage. L’enfant surdoué a en effet comme spécificité d’être doté d’un sens de l’imagination exacerbé, de beaucoup parler et de s’interroger en permanence.
Très tôt, il a tendance à poser des questions existentielles de manière incessante en donnant l’impression d’enchaîner des sujets sans logique les uns avec les autres.  Notons d’ailleurs que cette cascade d’idées et de pensées incessantes peuvent générer une certaine anxiété.

Des difficultés de sociabilité?
Certains enfants peuvent avoir des habilités sociables limitées. Ainsi, ils éprouvent des difficultés à se faire des amis ou à intégrer un groupe. Cette difficulté n’est pas à négliger car un enfant qui n’a pas d’amis est souvent triste.
Plus encore, il importe de ne pas lui répéter inlassablement qu’il a des capacités hors norme car cette surcharge narcissique finit par apporter à l’enfant une pression d’enfant idéal. Celle-ci peut renforcer encore plus la distance qu’il ressent avec les enfants de son âge. Les parents gagnent à demander à l’enseignant de faire pareil, et d’encourager l’enfant, et non l’élève surdoué. Soulignons dans ce cadre que s’il peut être bénéfique de faire sauter des classes à un enfant à haut potentiel, cela doit aussi être envisagé en fonction du développement émotionnel de l’enfant et de sa personnalité et ce, documenté à l’aide d’un bilan psychologique et de tests psychoaffectifs.

 

L’intelligence, une histoire de chiffres?
Un QI élevé se mesure par le biais du Test du WISC5, la seule batterie d’outils communément admise pour calculer le QI, et pour certifier que l’enfant ou l’adolescent à un haut potentiel. Un enfant est donc considéré comme étant intellectuellement précoce si son quotient intellectuel dépasse le seuil de 130. Un chiffre qui concernerait autour de 2,3 % de la population. Cependant, ce test mesure l’intelligence cognitive, le raisonnement, les capacités de mémorisation et la vitesse de traitement du cerveau, mais ne prend pas en compte les autres formes d’intelligences, qui sont elles difficilement mesurables.

 

Le comprendre pour mieux le suivre …     
– Accepter que l’école ne soit pas son principal centre d’intérêt. Valoriser ses autres domaines de compétences, ses passions.
– Admettre qu’il ait besoin de faire plusieurs choses à la fois pour pouvoir se concentrer. Exemple : dessiner ou d’écouter de la musique tout en travaillant.
– L’encourager régulièrement et le féliciter. L’enfant a besoin de voir une réaction positive à ce qu’il accomplit.
– Eviter de lui imposer une méthode de travail type. Il est nécessaire qu’il apprenne à sa manière et qu’il trouve sa propre méthodologie.
– S’interroger avec lui quant à sa réussite dans certaines matières à l’école : Quelles stratégies, quelle compétence utilise-t-il? Les réponses à ces questions permettront de transposer ces stratégies dans les matières où il réussit moins bien.
– Lui faire comprendre l’intérêt du «par cœur», une forme d’apprentissage dans la création des autoroutes de la mémoire.
– En cas de conflit, ne pas prendre systématiquement le parti de l’école, lui permettre de s’exprimer tout en l’aidant à respecter les enseignants.