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Les modèles familiaux évoluent entre tradition et modernité
Pour marquer les 25 ans du magazine, nous explorons l’évolution de la famille au Maroc à travers les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Cette analyse met en lumière les transformations des structures familiales et la façon dont les Marocains redéfinissent leurs modèles entre tradition et modernité.
Le nombre de mariages continue de baisser depuis 2019, avec 251 800 actes enregistrés en 2022, comparativement à 269 900 en 2021, 194 000 en 2020 et 275 000 en 2019
L’évolution des structures familiales
En une génération, la famille marocaine a bien changé ! Si autrefois, il n’était pas rare que plusieurs générations vivent sous un même toit, aujourd’hui, ce modèle de famille élargie s’est progressivement réduit, surtout en ville. La vie professionnelle et la recherche d’opportunités poussent les jeunes couples à s’établir seuls, privilégiant un habitat pour eux et leurs enfants. Dans les zones rurales cependant, la famille élargie a encore sa place. Autre fait notable : les familles monoparentales ont fait leur apparition il n’y a pas si longtemps et elles deviennent de plus en plus courantes.
Côté mariage, il y a aussi du changement. Les Marocaines et les Marocains se marient plus tard et sont moins nombreux à sauter le pas. Le célibat se fait de plus en plus populaire, surtout en milieu urbain, où de nombreux jeunes choisissent de se concentrer sur leurs études ou leur carrière avant de s’engager.
En somme, les Marocains redéfinissent aujourd’hui leur modèle familial, entre respect des traditions et ouverture vers des formes plus modernes et flexibles de la parentalité et du mariage. Il y a de plus en plus de diversité dans les choix de vie, mais toujours avec cette volonté de s’adapter aux réalités du moment.
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Les familles monoparentales, une réalité en croissance
Divorce et familles monoparentales
Les familles monoparentales, principalement dirigées par des mères célibataires ou issues de divorces, connaissent une forte augmentation. L’une des explications les plus souvent avancées est la réforme du Code de la famille en 2004 qui offre plus d’autonomie aux femmes, facilitant notamment l’accès au divorce. On notera qu’avec la nouvelle mouture de la Moudawana, la femme divorcée ne perd plus la garde de ses enfants en cas de remariage et qu’une accélération de la procédure d’exécution de l’obligation de verser la nafaqa (pension alimentaire) est prévue. Une avancée importante et qui était nécessaire : les familles monoparentales rencontrant souvent des défis socio-économiques lourds, notamment en l’absence de pension alimentaire ou de soutien familial.
Un autre élément à noter : contrairement aux idées reçues, le nombre de divorces est resté relativement stable ces dernières années. S’il a été multiplié par 8 lorsque la Moudawana est entrée en application, il reste relativement stable ces dernières années, enregistrant même une baisse en 2022 avec 27,53 milliers de divorces contre 27,9 en 2008.
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Le célibat définitif en hausse
Le célibat définitif, défini comme la situation d’une personne ayant atteint l’âge de 55 ans sans jamais s’être mariée, connaît une augmentation notable au Maroc. En 2024, ce taux s’élève à 9,4 %, contre 5,9 % en 2014.
Ce phénomène touche davantage les femmes, avec un taux de 11,1 %, contre 7,6 % chez les hommes. Il est également plus répandu en milieu urbain (10,3 %) qu’en milieu rural (7,6 %).
Le taux de fécondité au Maroc : des disparités territoriales notables
Le taux de fécondité au Maroc a diminué de manière notable, passant de 7 enfants par femme au début des années 1960 à environ 2,07 en 2022, se rapprochant ainsi du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1 enfants par femme. Ce taux est plus élevé en milieu rural (2,36) qu’en milieu urbain (1,87).
Le taux de fécondité des adolescentes (15 à 19 ans) au Maroc en 2018
est de 19,4 ‰, avec des disparités notables : 22,5 ‰ en milieu rural contre
11,5 % en milieu urbain. La prévalence contraceptive globale atteint 70,8 %,
avec 71,1 % en milieu urbain et 70,3 % en milieu rural.
Des enfants moins nombreux, mais plus chéris !
La famille marocaine fait sa transformation démographique ! Le nombre d’enfants par femme continue de diminuer au point d’être sous le seuil de remplacement de 2,1, montrant que le pays s’éloigne des grandes familles d’antan. L’introduction de politiques publiques favorisant l’éducation, la santé et l’intégration des femmes sur le marché du travail a contribué à ce changement, bien que des inégalités subsistent, surtout en zone rurale. Cette évolution a entraîné un ajustement des structures familiales, avec des ménages de plus en plus petits, souvent composés des parents et d’un seul enfant.
Les pratiques parentales se sont également modernisées. À travers l’écoute et l’accompagnement des enfants, les parents, notamment en ville, ont évolué vers une approche plus douce et moins autoritaire. L’éducation des enfants, leur épanouissement personnel et la participation active des pères dans les tâches quotidiennes sont déjà des priorités pour de nombreux couples. Mais, un défi majeur reste le coût de l’éducation, l’école privée prenant de plus en plus de place face à une école publique déconsidérée.
Les femmes et leur place dans la famille : un changement de paradigme oui, mais…
Les femmes occupent une place importante dans la société marocaine, et cela se ressent aussi dans le ménage. L’accès des femmes au marché du travail, renforcé par des réformes comme la Moudawana de 2004, et l’évolution des mentalités ont redéfini les rôles traditionnels. Tout en gérant la maison, elles sont devenues des actrices essentielles dans l’économie et l’éducation, ce qui contribue à une répartition plus équitable des responsabilités domestiques et professionnelles.
Cette évoluti on a aussi créé de nouveaux rapports conjugaux et familiaux où les rôles sont plus équilibrés. Toutefois, malgré ces avancées, les inégalités persistent, surtout en milieu rural, où les traditions pèsent encore lourdement.
Mais attention, le HCP nous alerte aussi : bien que les femmes prennent de plus en plus de place dans la vie professionnelle, leur présence dans le monde du travail reste en légère baisse, avec un taux de féminité qui passe de 22,6% en 2022 à 22,1% en 2023.
Le poids des contraintes familiales est significatif : selon le HCP, les femmes ayant un niveau d’éducation supérieur et celles qui ne sont pas mariées présentent les plus faibles taux d’inactivité, oscillant entre 13,4 % et 18,2 %, en particulier chez les 25-44 ans. Ces chiffres démontrent l’impact du mariage et d’un faible niveau d’instruction sur la participation des femmes au marché du travail.
Bien que des avancées notables aient marqué l’évolution de la famille marocaine ces 25 dernières années, il reste encore des défis à relever. Si certaines réformes ont permis des progrès, notamment pour les femmes et les enfants, tout le monde n’en bénéficie pas de la même manière.
Il y a de plus en plus de diversité dans les choix de vie