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W-LADY, stop à l’inégalité des droits parentaux!

By septembre 16, 2019 Actu, Société

Privée du droit de garde de ses deux enfants après son remariage, Khadija El Amrani, avocate, a décidé d’entreprendre un combat pour changer les choses en créant une association qui se ferait le porte-voix de toutes les femmes plongées dans la même de tourmente. Fraîchement constituée, W-LADY, s’est engagée à lutter contre cette injustice dont souffrent les mères décidant de refaire leur vie après un divorce. Rencontre.

 

 

«La famille qui a donné naissance à un enfant continue d’exister après le divorce»
Slogan de l’Association W-Lady

 

Qu’est ce qui vous a poussé à constituer cette association?
Suite à mon remariage, on m’a littéralement arraché mes enfants. Sans avoir à mon sens commis  un crime en refaisant ma vie,  j’ai été traitée comme une criminelle. Quand la déchéance de garde a pris effet et que mes enfants sont partis vivre chez leur père, cela a été un vrai déchirement pour moi mais après quelques temps, j’ai décidé de ne pas me laisser abattre! J’ai recherché sans relâche les failles juridiques de ce type d’affaires que j’ai d’ailleurs fini par trouver. Responsables de cet état de fait, les articles 173-174-175  de la Moudawana, nouveau code de la famille établi en 2004, stipulent qu’une femme divorcée perd le droit de garde de ses enfant en cas de remariage, et ce, dès le moment où les enfants dépassent l’âge de 7 ans. Hautement discriminant vis-à-vis des mères, ces articles, suite à la rédaction de la nouvelle constitution de 2011 et plus spécifiquement l’article 19 sur la parité, sont en outre anticonstitutionnels. C’est ainsi que je garde l’espoir en attendant de pouvoir assigner le Conseil Constitutionnel en 2021. Enfin, c’est très récemment, après la suspension de mon droit de visite estival, que  j’ai décidé de militer publiquement pour l’abrogation de ces articles en créant l’association W-Lady.

Quels sont les principaux objectifs de votre association?
Je tiens à souligner que notre travail vise avant tout la parité et le droit à la maternité autant qu’à la paternité. Personnellement, je n’ai d’ailleurs jamais demandé de garde exclusive car je suis convaincue que les enfants ont besoin de voir régulièrement leurs deux parents. C’est une question d’équilibre. Ce n’est pas admissible que les parents continuent de faire souffrir leurs enfants pour des histoires de gardes et d’égo. Outre les démarches purement législatives, au quotidien, l’ensemble des membres de W-LADY travaille à la prise de conscience quant à la discrimination subie par les mères et à l’éveil des esprits en organisant des conférences, des discutions mais aussi de nombreux  ateliers de développement personnel. En outre, tous les mardis après-midi, nous avons pris l’initiative d’offrir des consultations juridiques gratuites aux familles précaires car nous sommes convaincus que toute personne a le droit d’être conseillé surtout lorsque cela concerne la famille.

Comment a été reçue l’annonce de son lancement?
J’ai ressenti un vrai et bel engouement. Nous avons atteint un nombre de membres très importants et surtout tous sont très actifs. Nous avons également la grande satisfaction d’avoir à nos côtés beaucoup d’hommes, convaincus de la justesse de cette cause.

Quels sont concrètement  les alternatives à disposition des femmes divorcées?
Je dirais qu’aujourd’hui, nombreuses sont celles qui font le choix de ne pas refaire leur vie, du moins officiellement. Cela leur permet de conserver leur droit de garde intact. Quant à celle qui souhaiterait garder la possibilité de se remarier sans encourir le risque de perdre la garde de leurs enfants, il existe fort heureusement la possibilité de rédiger un protocole stipulant  les détails d’une garde alternée dans le cadre d’un divorce à l’amiable. Par la suite, ce protocole peut toutefois être contesté mais il a le mérite d’exister et de permettre à de nombreux parents divorcés de conserver un véritable équilibre familial.

 

Un Symposium unique en son genre!     
Les 20 et 21 septembre, W-LADY réunira, en partenariat avec l’Ordre des Avocats de Casablanca, un important symposium de droit comparé en matière de garde. Venant du Maghreb, de l’Afrique sub-saharienne ou encore de l’Europe, pas moins de 400 intervenants ralliés à cette cause seront présents. En parallèle se tiendra une exposition artistique mettant en exergue le pouvoir de l’art dans la gestion des souffrances et des émotions. 

 

 «Le mariage de la mère chargée de la garde de son enfant n’entraîne pas la déchéance de son droit de garde, dans les cas suivants: 1) si l’enfant n’a pas dépassé l’âge de sept ans ou si sa séparation de sa mère lui cause un préjudice; 2) si l’enfant soumis à la garde est atteint d’une maladie ou d’un handicap rendant sa garde difficile à assumer par une personne autre que sa mère; 3) si le nouvel époux est un parent de l’enfant avec lequel il a un empêchement à mariage ou s’il est son représentant légal; 4) si elle est la représentante légale de l’enfant.»  
Article 175 du Code la Famille