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Thierry Janssen La Posture Juste

By mars 25, 2024 Actu

Chirurgien devenu psychothérapeute, Thierry Janssen est l’auteur de plusieurs livres de référence, témoignant d’un parcours riche d’interrogation, d’écoute et de réflexion qui l’a mené à développer une approche globale de l’être humain. Après le succès d’une série de conférences et d’ateliers au profit de l’association Dar Zhor en 2019, le fondateur de l’École de la Posture Juste était de retour à Casablanca du 7 au 11 février dernier. Une opportunité d’écouter une voix singulière et pertinente qui invite à s’explorer en profondeur, en dépassant le seul développement personnel pour éveiller la conscience.

La justesse est inhérente à la vie. Elle pourrait se définir comme «ce qui permet de s’adapter le mieux possible aux circonstances de l’existence».

Votre séminaire s’intitule «Trouver la posture juste». Comment définir cette posture juste ?
Parler de «justesse» peut paraître prétentieux. Je crois donc qu’il faut commencer par définir ce que j’entends par justesse et faire la différence avec le mot «justice». La justice se réfère aux lois qui assurent le vivre ensemble. Elles sont édictées par des individus, en fonction d’une période donnée, d’une culture, d’un contexte… La justesse est inhérente à la vie. Elle pourrait se définir comme «ce qui permet de s’adapter le mieux possible aux circonstances de l’existence». Bien sûr, ce qui semble juste pour l’un, ne l’est pas forcément pour l’autre, en raison des priorités et des contraintes de chacun, mais mon expérience de personne qui essaie d’avoir une conscience éveillée fait émerger une justesse absolue qui pourrait s’énoncer en ces termes : «ce qui permet de s’adapter le mieux possible aux circonstances de l’existence en respectant la valeur suprême qu’est la vie, en respectant le maximum de vie en nous et autour de nous», ce qui se réfère à la notion de moindre mal qu’adoptent les animaux lorsqu’ils se décident à abandonner un malade si la survie du reste du troupeau est en jeu. Ainsi, la posture juste est celle qui permet de respecter le maximum de vie en nous et autour de nous.

Et qu’induit cette posture juste pour l’individu ?
Nous hébergeons des peurs qui, lorsqu’elles déclenchent des comportements excessifs, peuvent se révéler contre-productives, voire névrotiques. Par exemple, la crainte de l’abandon peut nous amener à nous accrocher de manière excessive aux autres, provoquant l’effet inverse de celui escompté : leur éloignement. En travaillant sur ces peurs et en ajustant nos réactions, nous pouvons retrouver une harmonie, permettant à la vie de s’épanouir. Se recentrer et faire confiance plutôt que de chercher à contrôler les autres est une voie vers un équilibre plus sain et des relations plus équilibrées.

Comment expliquez-vous l’engouement actuel pour le développement personnel ?
Je précise tout d’abord que je ne me considère pas du tout dans une mouvance de développement personnel. Comme ce terme l’indique, il s’intéresse à la personne, ce qui sous-tend le moi, l’ego et c’est un piège. Il est effectivement important de se connaître, mais nous ne sommes pas «que cette personnalité», nous sommes aussi une conscience. Je préfère donc parler d’approfondissement spirituel, d’éveil de la conscience. L’éveil de cette conscience nous permet de reconnaître nos névroses et envisager des ajustements pour éviter des comportements nuisibles comme l’égotisme. Cela nous amène vers plus d’ouverture, d’accueil et de transformation en faveur de la vie.
La quête de sens et l’auto-exploration s’intensifient face aux limites de la culture capitaliste, qui, en favorisant la surconsommation, masque nos vrais besoins. Les conséquences, comme la dépression et le burn-out, révèlent l’urgence de mieux se connaître.

Que pouvez-vous conseiller aux parents face aux peurs de leurs enfants?
Je commencerais par leur demander de travailler sur leurs propres peurs. Pour se rassurer en tant que parents, ils sont souvent beaucoup trop intrusifs et ingérants dans la vie de leurs enfants. Au contraire, ils devraient faire plus confiance à leurs enfants, afin que ceux-ci puissent évoluer dans un environnement où ce qui est naturel pour eux s’installe facilement. Les enfants montrent naturellement une tendance à la contemplation, tandis que de nombreux adultes les poussent vers l’hyperactivité et la surconsommation, favorisant ainsi l’émergence de comportements névrotiques. De nos jours, l’âge des parents à la naissance de leur premier enfant tend à augmenter. Il ont appris à relativiser un peu, ils sont moins stressés et je pense que les enfants en bénéficient. Ils sont aussi plus nombreux à comprendre qu’élever, ne consiste pas seulement à éduquer, mais aussi favoriser l’émergence des potentiels et des talents que les enfants ont au fond d’eux.