Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.

Entretien avec le réalisateur Damien Leone

Il s’agit déjà du deuxième long-métrage consacré à Art le Clown. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de ce personnage ?

En réalité, Art apparaissait déjà dans mon tout premier court-métrage intitulé The Ninth Circle. Mais pour vous expliquer son histoire, il faut revenir quelques années en arrière : j’ai toujours su que je ne voulais pas faire d’études de Cinéma, que ce n’était pas fait pour moi. J’ai donc convaincu ma mère de me donner de l’argent pour faire un court-métrage en 35 millimètres, qui deviendrait une sorte de carte de visite. L’idée était de pouvoir le soumettre à plusieurs festivals et, avec un peu de chance, Hollywood finirait bien par frapper à ma porte. J’ai eu l’idée d’un clown qui terrorisait une femme dans un bus. Puis, peu à peu, ce clown a fini par devenir Art. Mais dans ce court-métrage, il y avait aussi des démons, des créatures, des monstres, toutes sortes de choses assez folles. Mais lorsque je montrais mon film à des gens, tout le monde ne me parlait que de Art le Clown, alors qu’il apparaissait seulement deux minutes à l’écran. On n’arrêtait pas de me dire « il faut absolument que tu ailles plus loin avec ce clown, on veut en voir plus, il y a carrément quelque chose à creuser ! »

Alors j’ai décidé de réaliser un autre court-métrage appelé Terrifier. Il durait environ 20 minutes, et mettait vraiment en avant Art. C’est là que j’ai décidé d’en faire un Slasher. Après l’avoir vu, les gens m’ont dit « ok maintenant tu dois en faire un long-métrage« . Et à chaque nouvelle apparition de Art, sa fan base grossissait un peu plus, les gens étaient de plus en plus enthousiastes. Je savais donc depuis un moment qu’il existait un potentiel autour de ce personnage, mais pas à ce point. Je n’aurais jamais pu l’imaginer, c’est assez dingue.

Art est un personnage assez fascinant à bien des égards : il est par exemple silencieux comme Michael Myers, tout en ayant ces mimiques comiques qui pourraient nous rappeler celles du Joker. Pourquoi, selon-vous, plait-il autant aux fans ?

aient vraiment quelque chose de spécial. Qu’ils apparaissent à chaque fois comme un coup d’éclat, et que le public reste scotché en espérant que la scène se termine au plus vite.

Enfin, il y a aussi aussi son sens de l’humour. C’est primordial car finalement, cela le rend plus humain. Les gens s’identifient

Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Selon moi, tout commence par l’aspect visuel des choses. J’y attache beaucoup d’importance dans mon travail de manière générale. J’aime les un peu à lui, même si c’est un clown tueur et ultra sadique. Il y a quelque chose de très humain en lui, auquel auquel les gens se raccrochent.

images saisissantes, et en ce sens je pense que l’apparence de Art est plutôt réussie. Beaucoup de gens m’ont dit, avant que Terrifier ne devienne vraiment populaire, qu’en scrollant sur Netflix, ils étaient tombés sur la vignette de son visage, et même si n’avaient jamais entendu parler de Terrifier, en voyant son allure ils avaient immédiatement eu envie de lancer le film pour voir de quoi il s’agissait.

Une partie de son succès est donc dûe à son apparence, mais je pense que tout est également très lié à sa personnalité. Et pour donner une personnalité à un personnage muet, il existe heureusement un homme extrêmement talentueux qui s’appelle David Howard Thornton, qui joue Art et qui lui confère un charisme incroyable à travers un jeu corporel très théatral et maniéré.

La troisième raison du succès de Art, c’est aussi sa violence et sa brutalité envers ses victimes. Je voulais que les meurtres

Malgré son budget très limité, les scènes de meurtres tout comme la photographie sont très réussies. Le film est très bien produit !

Merci. Tout ça, c’est grâce à mon ami, mon partenaire et coproducteur George Steuber. Il est également notre chef opérateur. Pour le coup, lui c’est un tueur. Dans le meilleur sens du terme. On bosse ensemble depuis All Hallows Eve. On travaille vraiment en parfaite harmonie.

En ce qui concerne plus généralement l’équipe, nous sommes vraiment un petit groupe de personnes très soudées. A vrai dire, le budget etait effectivement très faible. Mais j’ai eu la chance d’être entouré de véritables passionnés de cinéma particulièrement doués, talentueux et dévoués, qui ne m’ont jamais abandonné afin d’aller ensemble jusqu’au bout de ce projet fou, malgré les années que cela nous a pris.

Et l’une des raisons pour lesquelles cela a pris autant de temps, c’est que nous étions vraiment peu nombreux, que notre ambition pour le film était grande et qu’il était hors de question de faire des compromis. Nous avons voulu faire les choses correctement, même si cela signifiait qu’il faudrait des années pour en voir le bout. Notre seul objectif était de créer le film que nous rêvions de voir, et nous l’avons fait.

J’ai l’impression que les films d’horreur à petit budget obligent souvent à revenir à ce que la réalisation d’un film peut avoir de plus pure et de plus noble : on tourne la nuit, c’est physique et éreintant. J’ai ressenti la passion de toute votre équipe en regardant le film.

Ça veut dire beaucoup pour moi. Et en effet, je crois que c’est assez vrai. En ce qui concerne Terrifier 2, une grande partie des décors a été construite dans un bar au nord de l’État de New York, et il n’y avait aucune isolation, aucun chauffage. Nous avons tourné en plein milieu de l’hiver, en se réchauffant grâce à des chauffages d’appoint entre chaque prise, et sans eau courante.

Dans ces conditions, vous devez vous battre en permanence et essayer de préserver la motivation de tout le monde : « pensez juste à la ligne d’arrivée ! Pensez à quand nous irons au Fantastic

Fest dans trois ans ! »

Lauren LaVera, qui joue Sienna, est aussi la grande révélation du film. L’image du clown maléfique se battant avec une fille déguisée en ange est géniale. Comment avez-vous travaillé avec elle pour construire son personnage ?

Lauren est un don du ciel. Et je le lui répète tout le temps. Pendant le tournage, je n’ai pas arrêté de lui dire que lorsque film sortirait, tout le monde remarquerait sa prestation et qu’elle crèverait l’écran. Elle est si talentueuse, je n’ai jamais vu une personne s’intéresser autant à l’un de mes personnages. Elle s’y est même plus intéressée que moi !

Elle est littéralement tombée amoureuse de Sienna et l’a vraiment incarnée. À tel point qu’elle m’appelait presque tous les jours pendant la pré-production du film pour me demander : « Penses-tu que Sienna écouterait ceci ? Tu crois qu’elle ferait cela ? »

Elle a travaillé sur énormément de petits détails, qui à la base n’étaient même pas dans le scénario et auxquels je n’aurais jamais pensés. Mais pour elle, c’était vraiment important. Elle tenait à jour un petit journal rassemblant tous ces merveilleux détails sur Sienna. C’était incroyable de la voir si investie. Je savais qu’elle allait être géniale.

Et encore une fois, comme nous en parlions plus tôt, nous avons tourné dans des conditions vraiment horribles où il faisait vraiment froid, et sa tenue n’arrangeait pas les choses. Mais elle n’a jamais laché.

Ce fut un tournage particulièrement physique pour elle. Elle était souvent recouverte de sang, de maquillage et de fausses blessures. Et comme je l’évoquais aussi, nous avons tourné dans des endroits sans eau courante, ni confort. il fallait être sacrément dingue et investi. C’est très facile pour un acteur de se plaindre, surtout dans ces condition. Mais elle, elle n’a jamais fait la moindre remarque. Je suis vraiment très, très fier d’elle. J’ai tellement hâte que les gens découvrent son personnage, parce que c’est mon personnage préféré parmi tous ceux que j’ai écrits. Et je l’ai en tête depuis plus de 10 ans !

Propos recueillis par John Orquilola Entretient extrait du site screenrant.com

LE RÉALISATEUR DAMIEN LEONE

2022 – TERRIFIER 2
2016 – TERRIFIER
2015 – FRANCKENSTEIN VS THE MUMMY
2013 – ALL HALLOW’S EVE
2011 – TERRIFIER (Court métrage)
2008 – THE 9TH CIRLCLE

Liste technique

Réalisation Damien Leone

Production Dark Age Cinema

Scénario Damien Leone

Image George Steuber

Musique Paul Wiley

Montage Damien Leone

Effets spéciaux Anthony Giordano

Ventes internationales Coven Films