
Dr Najwa Ghazal
Psychiatre
En quoi la santé mentale de la femme enceinte influence-t-elle le développement neurologique du fœtus ?
La grossesse est un phénomène naturel qui entraîne d’importants bouleversements hormonaux, impactant l’humeur et les habitudes alimentaires de la future mère. Si ces changements se stabilisent généralement après le premier trimestre, un stress ou une anxiété prolongés peuvent avoir des répercussions sur le développement neurologique du fœtus. Une exposition maternelle prolongée au stress est associée à un risque accru de prématurité et d’insuffisance pondérale à la naissance, pouvant influencer la santé future du bébé.
Quel impact un trouble psychiatrique non traité pendant la grossesse peut-il avoir sur l’accouchement et le post-partum ?
Une femme suivie en psychiatrie ne doit en aucun cas interrompre son accompagnement. Une vigilance accrue est essentielle, d’autant plus que certains traitements peuvent être maintenus pendant la grossesse et sont reconnus à l’international. Lorsqu’un trouble psychiatrique n’est pas pris en charge, il tend à s’aggraver, compliquant à la fois l’accouchement et la période post-partum. L’absence de suivi peut accentuer le baby blues et accroître les risques de dépression post-partum. De nombreuses études suggèrent un lien entre le stress maternel prolongé et un risque accru de prématurité ou de faible poids de naissance. Pour la mère, cela peut engendrer irritabilité, fatigue intense, troubles du sommeil et un mal-être général.
Comment différencier une anxiété normale liée à la grossesse d’un trouble anxieux nécessitant une prise en charge ?
Il est tout à fait normal qu’une future maman, en particulier lors d’une première grossesse, ressente des inquiétudes concernant sa santé, celle du bébé et l’accouchement. Une anxiété dite réactionnelle accompagne souvent cette période. Cependant, lorsque l’anxiété devient envahissante au point de provoquer des troubles du sommeil, un épuisement marqué, des vomissements excessifs ou une perte d’appétit, une prise en charge médicale s’impose. Une anxiété non traitée augmente les risques de dépression post-partum, d’accouchement prématuré et peut influencer le poids du bébé.
Conseils aux proches
Avant tout, il est essentiel d’être présent, à l’écoute et d’éviter de minimiser ses ressentis. Offrir un soutien émotionnel et s’assurer qu’elle ne soit pas surchargée sur le plan professionnel peut faire une grande différence. Encourager des activités apaisantes, comme la marche, la respiration, le yoga prénatal ou la méditation, peut également être bénéfique. Si son état ne s’améliore pas, il est primordial que l’entourage l’incite à consulter un spécialiste et l’accompagne dans cette démarche.