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Le FICAM, un carrefour des arts et des imaginaires

By avril 29, 2019 Actu

Immanquable rendez-vous pour les passionnés d’animation, le FICAM est également devenu, en 18 ans, un espace mettant en lumière, auprès du grand public, la diversité et l’effervescence de ce cinéma. Ainsi toutes manifestations confondues, le FICAM aurait réunit cette année, près de 30.000 spectateurs dont 8.000 élèves, bénéficiaires de projections scolaires. A l’affiche, de nombreuses avant premières comme «Funam», «Mango», «Pachamama», «Tito et les oiseaux» et bien d’autres longs-métrages d’exception projetés en présence de leur réalisateur et/ou producteur.

 

 

 

Durant 6 jours, c’est dans une ambiance empreinte de légèreté et de convivialité que se sont succédé, dans la capitale ismaélienne, des projections exclusives de films d’animation, des débats et  des rencontres exceptionnelles. Ayant investi l’Institut français, le Conservatoire de musique ou encore le Théâtre Mohammed El Mennouni, la 18ème édition du Festival International de Cinéma d’Animation de Meknès a, une nouvelle fois, relevé le défi de bâtir une passerelle entre des professionnels de renom et un public toujours plus nombreux et friand de découvertes.
Nous retiendrons entre autres de cette édition la présence charismatique du réalisateur Michel Ocelot, venu présenter son dernier film «Dilili à Paris», sacré meilleur film d’animation de l’année lors de la cérémonie des César 2019. L’hommage rendu à feu Isao Takahata, maître de l’animation japonaise et ami du FICAM, a provoqué une intense émotion. De même, les venues exceptionnelles du producteur Didier Brunner et des réalisateurs Peter de Sève (USA) et Michael Dudok De Wit(Norvège) ont incontestablement marqué de leurs auras les «leçons de cinéma».

Un espace d’apprentissage
Si les projections inédites et les rediffusions de grands classiques du genre participent au grand succès du festival, le FICAM est également le réceptacle de nombres de manifestations retenant l’attention des professionnels mais aussi et surtout des étudiants marocains qui ne manquent pas, en plus d’échanger avec de grands noms du milieu de l’animation, de participer à des ateliers de formation extrêmement enrichissants. Axe prioritaire du FICAM, le volet médiation culturelle connait d’édition en édition un renforcement certain. Cette année, les étudiants ont pu notamment profiter d’ateliers autour du scénario avec Régis Jaulin, de la réalisation avec Denis Walgenwitz, du scénarimage mettant l’accent sur le découpage des plans et le détail des jeux des personnages avec Fabrice Fouquet et Augusto Zanovello ou encore du stop-motion avec Coke Rioboo et Gaël Abegg Gauthey. Autre rendez-vous convivial et chargé d’enseignement, «Un thé à la menthe» animé par le journaliste Alexis Hunot, grand habitué du festival, réunit tous les après-midi des invités afin qu’ils puissent partager leurs expériences et leurs réflexions quant au monde de l’animation d’ici ou d’ailleurs.

Des compétitions attendues
Etant respectivement arrivé à leur 14ème et à leur 11ème édition, «Le Grand Prix Aïcha de l’Animation» et la Compétition Internationale du Court-métrage d’animation, «Courts Compét’» demeurent des fondamentaux du festival. Révélant de jeunes artistes marocains, le premier entend être un soutien à la création nationale et un tremplin vers la professionnalisation.  Le deuxième, quant à lui, souligne la diversité de la production mondiale. Enfin, fort du succès des cinq précédentes éditions de la Compétition Internationale du meilleur long métrage, «Longs-Compet» faisait à nouveau partie de l’aventure. Côté palmarès, le jury du «Courts-Compet» a décerné le Grand Prix du Jury pour le meilleur court-métrage à Joanna Lurie, pour son film «Le Jour Extraordinaire». Rappelons que ce jury, était présidé par la réalisateur néerlandais Michael Dudock de Wit et composé de Samia Akariou, comédienne et scénariste marocaine et Marc du Pontavice, Président de Xilam Animation. Quant au prix «Mention spéciale du jury», il revient au film «Je sors acheter des Cigarettes» d’Osman Cerfon. Le Prix du Public a, lui, été décerné à «Roughhouse» de Jonathan Hodgson. Le court métrage MyLittleGoat de Tomoki Misato a reçu le prix du Meilleur film étudiant et les courts-métrages «Vermine»de Jérémie Becquer et «The OstrichPolitic» de Mohamad Houhou ont été récompensés ex-aequo par le Prix du Jury Junior composé par des élèves de l’option cinéma du lycée Paul Valéry et de la Section internationale du lycée Qualifiant Moulay Ismaïl. Quant au Longs-Compet’, le Jury Junior a décerné le prix du Meilleur long-métrage à «Tito et les oiseaux»de Gustavo Steinberg. Le prix du Public est, lui, revenu à Kitarô Kôsaka pour son film «Okko et les fantômes».

La cérémonie de remise des prix a été clôturée en beauté avec l’intervention de Peter de Sève, qui,  en direct, a dessiné et dédicacé son fameux personnage Scrat à toute l’équipe du FICAM.

Le saviez-vous?
Mascotte de la marque emblématique Aicha, la petite fille au regard pétillant a été imaginée par Albert Uderzo, le célèbre dessinateur de la bande dessinée Astérix. Partenaire depuis 2003, les Conserves de Meknès puis la Fondation Aicha ont conforté le festival aux côté de l’Institut français de Meknès et ont contribué à faire de la capitale ismaélienne, celle du cinéma d’animation au Maroc et en Afrique.

 

Jusqu’au 6 avril, l’exposition Peter de Sève est à découvrir dans la galerie de l’Institut français. Regroupant une quarantaine de ses images préférées, elle nous permet de contempler les dessins de personnages créés par l’illustrateur, pour «L’Age de glace», «Le Petit Prince» et «The Grinch», en plus des couvertures de livres et des illustrations de magazines comme le «New Yorker Magazine».

 

Ils ont marqué le festival…
Au détour d’une projection, d’un thé à la menthe, d’une master class ou encore d’un making-off, nous sommes allés à la rencontre de quelques unes des sommités du cinéma d’animation qui, en toute simplicité, nous ont livré leurs impressions.

 

«En dehors du fait que cela concerne l’animation ou le cinéma, le FICAM représente selon moi un acte de courage, presque un acte militant parce qu’il  essaie véritablement de créer une passerelle culturelle entre les différents univers, ce qui est fondamental car cela amène à la compréhension et au respect. Ce festival est aussi tout a fait particulier car il a réussi le défi de rassembler des professionnels tout en créant de véritables rencontres avec le public !  Ici, on a vraiment l’occasion de communiquer avec le public. Il  n’est pas blasé bien au contraire, il y a une vraie curiosité de la part du spectateur et une fraîcheur des plus agréables.»
Stéphan Roelants, producteur du film «Zéro Impunity» présenté en avant-première.

 

«C’est la première fois que je viens au FICAM et je suis ravi car je trouve que c’est un festival où l’on retrouve des films de très haute qualité dans une très belle ambiance. Organisé dans un cadre magnifique, l’atmosphère y est vraiment très conviviale presque familiale. Je suis ravi de l’accueil réservé à mon film. J’ai vu de la part du public un très bel intérêt concernant les thématiques historiques et aussi environnementales. Le message de mon film a vraiment pour base l’amour, le respect et la gratitude pour la terre-mère, «la Pachamama».»
Juan Antin, réalisateur de Pachamama, accompagné de Maria Hellemeyer, chargée de la création artistique.

 

«C’est ma première fois au Maroc et je trouve que c’est un pays extraordinaire, je demeure  impressionné de voir ô combien on peut encore observer les spécificités culturelles ici. On n’observe pas encore la standardisation du monde qu’on peut voir dans de nombreux pays et ca a vraiment  éveillé mon intérêt. Je vis une expérience très chouette avec ce festival. Les projections ont rassemblés beaucoup de gens. Avec ce film, je suis allé à beaucoup de festivals mais j’ai rarement reçu autant de questions de la part des enfants. C’était vraiment fantastique de voir ce niveau d’intérêt de la part d’un si jeune public.»
Gustavo Steinberg, réalisateur du film «Tito et les oiseaux», présenté en avant-première.

 

«C’est la première fois que j’ai enfin l’occasion de répondre favorablement à l’invitation que m’a adressé le festival et j’en suis ravi. Je trouve qu’il a l’avantage de n’être ni trop gros ni trop petit, ce qui fait que l’on retrouve du beau monde tout en ayant l’occasion de se voir et de pouvoir échanger entre professionnels et avec le public. Ce que je trouve également top dans ce festival, c’est l’intégration massive de la population et la visée éducative. Les gens sont très participatifs ici, un peu comme aux Etats-Unis, cela m’a rappelé mon expérience là-bas. C’est vraiment très agréable et encore plus quand c’est un film qu’on a fait. Je ne connais pas encore beaucoup de choses à l’animation au Maroc mais ce que j’ai pu voir, c’est qu’il y a ici énormément d’envie et que ce festival peut contribuer à tracer sa voie.»
Louis Clichy, co-réalisateur du Film «Astérix : Le Secret de la potion magique».

 

«Ma première implication dans le festival remonte à 12-13 ans. J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette initiative et j’ai voulu y contribuer. C’est ainsi que depuis tout ce temps, Mohamed Beyoud, le directeur artistique du festival, me fait confiance pour animer quasiment toutes les rencontres.  J’ai pu observer une évolution incroyable du FICAM. Au début il fallait qu’on se batte pour que les gens viennent. Aujourd’hui, c’est devenu une vraie rencontre internationale et le public est aussi au rendez-vous. C’est un festival généreux et les gens qui répondent à l’invitation quelque soit leur importance ont envie d’être généreux à leur tour.  Ils ne sont pas là pour faire de la promo mais pour prendre du plaisir et échanger avec le public. Public dont l’envie et la réactivité sont toujours très plaisantes.»
Alexis Hunot, journaliste et activiste du cinéma d’animation, modérateur de «Un Thé à la menthe avec…» durant le FICAM.