fbpx

L’amour fraternel : donner du temps au temps

By février 27, 2019 Bien-être

Détournez-vous un moment des photos de famille et écoutez plutôt les frères et sœurs parler. Pas de doute, malgré le rêve de tous les parents, l’amour fraternel n’est ni une évidence, ni un long fleuve tranquille. Réflexions de quelques pédopsychiatres à l’appui!

 

 

Avec la disparition du droit d’aînesse et la raréfaction des familles nombreuses, la fratrie s’est transformée en haut lieu de la rivalité.
Extrait de «Frères et sœurs, chacun cherche sa place» de Françoise Peille (Hachette pratique).

De nombreuses études et sondages ont tenté de faire ressortir des constantes mais aucune n’a véritablement fait ressortir de liens probants entre l’entente des enfants et leur position ou écart d’âge dans la fratrie. Le caractère des enfants et le mode de fonctionnement des parents semblent jouer un rôle essentiel.

Une première rivalité
Aimer le nouvel arrivant n’est pas une évidence. Objectivement, qui serait heureux de partager l’attention de ses parents avec un petit usurpateur qui ne cesse de hurler! Il ou elle était l’enfant roi et voilà qu’il passe désormais au second plan. Le «nouveau» bébé fait l’objet des compliments de tous les visiteurs et, plus terrible encore, est le seul à avoir droit à la tétée. D’où les réactions finalement très naturelles d’un enfant de 2 ou 3 ans qui rêve que son petit frère ou sa petite sœur «retourne à la clinique» ou meurt dans le bain. Attention cependant à la construction de légendes familiales. Cette histoire, à force d’être répétée, installe durablement la rivalité.

Le rôle des parents
Sans s’en rendre compte ou le vouloir, les parents attisent parfois les jalousies. Obliger l’aîné à prêter, peut renforcer la possessivité. Et quand l’un des enfants décide de capter l’attention par de mauvais comportements à répétition, le cercle vicieux de la jalousie et des rancoeurs se met vite en place. Des problèmes de santé ou un handicap, nécessitant naturellement plus d’attention de la part des parents, ne sont pas une évidence pour les autres enfants, qui risquent de se sentir mal aimés. Gérer une fratrie, nécessite beaucoup de doigté, énormément de communication et encore plus de tendresse!

Grandir pour guérir
Les conflits entre frères et sœurs se résolvent généralement à l’adolescence, lorsque chacun grandit. En effet, en développant sa propre personnalité, on trouve sa voie et ses propres désirs. La jalousie que l’on portait à son frère ou à sa sœur s’estompe alors. Mais lorsque les rivalités ont été très profondes, que chacun est resté campé sur son hostilité d’enfant ou que les niveaux de vie sont très disparates, les rancoeurs peuvent aisément resurgir lors d’un dîner de famille.

à lire
La mère a investi l’aîné, Caïn, en clamant, à sa naissance, qu’elle l’a acquis avec Dieu. Il est son «enfant merveilleux», alors qu’Abel ne paraît pas être grand-chose pour elle. Pourtant, Caïn ne supporte pas son existence. Il s’est donné pour mission d’être «tout» pour sa mère, mais aussi pour le monde entier. Et Abel lui rappelle justement qu’il ne l’est pas, alors Caïn passe à l’acte.
Extrait de «Lectures bibliques» du psychanalyste Daniel Sibony (Odile Jacobs)

On pourrait même dire que la fratrie est une maladie – une maladie d’amour chronique avec ses instants de complicité, ses bonheurs partagés, ses souvenirs communs, mais aussi ses moments de crise, ses rivalités et ses jalousies.
Extrait de «Frères et sœurs, une maladie d’amour» de Dr Marcel Rufo (Livre de Poche)