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COLLOQUE « BAHJA. FONDEMENTS & RAYONNEMENT ». Des interventions instructives, des débats fructueux et une belle avancée pour la préservation et la valorisation du patrimoine culturel immatériel vivant de Marrakech et sa région

By décembre 11, 2023 Actu

À l’invitation du Conseil Régional du Tourisme de Marrakech-Safi, en partenariat avec l’Office National Marocain du Tourisme, s’est tenu ce Samedi 9 Décembre, à l’Hôtel Radisson Blu de Marrakech, le « COLLOQUE BAHJA. FONDEMENTS & RAYONNEMENT », dédié à la « BAHJA », cette joie de vivre partagée, caractéristique des habitants de Marrakech et sa Région, qui est la fusion unique entre une sagesse populaire ancestrale riche et profonde et une philosophie de vie contemporaine qui apporte bien-être, sérénité et légèreté au quotidien.

Ce patrimoine culturel immatériel vivant, tant régional que national, a été le sujet d’étude de cette rencontre, organisée à l’initiative du Conseil Régional du Tourisme de Marrakech-Safi, en partenariat avec l’Office National Marocain du Tourisme et le soutien de partenaires des secteurs public et privé, tels que : le Conseil de la Région, le Conseil de la ville, le Conseil de la Commune Mechouar Kasbah, les autorités locales et les associations professionnelles du tourisme ainsi que la précieuse collaboration de l’Université Cadi Ayyad.

Esprit Bahja oblige, c’est dans une atmosphère conviviale que Hamid Bentahar, Président du Conseil Régional du Tourisme de Marrakech-Safi et Président de la Confédération Nationale du Tourisme, a donné le coup d’envoi des travaux de ce Colloque.

Faïçal Tadlaoui, journaliste et animateur, qui a modéré cette rencontre, a passé la parole aux représentants des différentes associations régionales de l’industrie touristique, dont l’Association Régionale de l’Industrie Hôtelière (ARIH), l’Association Régionale des Agences de Voyages de Marrakech (ARAVM), l’Association Régionale des Restaurants de la Wilaya Marrakech-Safi (ARWM), l’Association Régionale des Guides de Tourisme (ARGT), ainsi que les Conseils Provinciaux de Tourisme (CPT), qui se sont exprimés sur l’importance de la Bahja, source d’identité et de fierté pour les habitants et force d’attractivité pour les visiteurs.

Bachir Lakhdar, Professeur-Chercheur à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, a ensuite partagé un bref rappel des travaux de la Journée Mondiale du Bonheur et de la Bahja, célébrée à Marrakech le 13 mai dernier.

Nawfel Bensari, Consultant-Expert en Ingénierie de Marque et Communication, a poursuivi les travaux par un exposé des réflexions et réalisations du collectif « BAHJA SPIRIT », qui mène un travail de fond pour la consolidation, la valorisation et la diffusion de ce patrimoine. Selon lui, à l’instar de la Dolce Vita Italienne, l’Alegria Espagnole ou encore la Pura Vida du Costa Rica, la Bahja de Marrakech et sa Région a le potentiel d’incarner un imaginaire identitaire fort, distinctif et attractif, à proposer au monde.

Il a défini la Bahja comme un état d’esprit multidimensionnel, « BAHJA SPIRIT », alliant trois composantes :

  • Une « ATTITUDE BAHJA » : de gaieté, de joie, de bonne humeur, d’humour et de dérision,
  • Un « STYLE DE VIE BAHJA » : d’identité, d’authenticité, de bienveillance, de partage, d’hospitalité, de convivialité et de solidarité,
  • Une « PHILOSOPHIE BAHJA » : de sagesse, de spiritualité, d’essentialité, de sérénité, d’harmonie, de gratitude et de force de résilience.

Il a aussi montré comment, face au séisme auquel la région a été confrontée, la Bahja a été d’un grand secours, avec ses dimensions de Sagesse, de Solidarité et de Force de Résilience, en soutien pour surmonter cette épreuve, en contribuant à la reconstruction des êtres et des âmes.

Sont ensuite lancés les travaux des 2 panels, respectivement : « BAHJA INSPIRATIONS » attaché à l’exploration des origines et des fondements historiques, anthropologiques, philosophiques et spirituels de la Bahja et « BAHJA CIVILISATION » centré sur la compréhension des champs d’expression et de rayonnement sociologiques, économiques, culturels et artistiques de la Bahja.

PREMIER PANEL : « BAHJA INSPIRATIONS » :

On retiendra les propos du Professeur-Chercheur à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech Abdelilah Meddich, pour qui : « La Bahja prend sa source dans des moments simples entourés d’amitié et d’amour, ainsi que dans le sentiment d’avoir accompli quelque chose de bien pour soi et pour les autres ; un sentiment qui s’oppose à la cupidité et à la culture du toujours plus ». 

L’architecte paysagiste Karim El Achak a complété cette vision : « La Bahja est, pour moi, cette capacité à rendre chaque moment qualitatif et agréable. C’est donner de l’importance à l’impalpable et profiter de l’espace et du temps : le plaisir de sentir un projet avancer, comme celui de faire une pause dans les « Aarsets », les jardins de la ville, pour savourer un verre de thé ou faire raisonner la Dakka Marrakchia en famille ou avec des amis. », ajoutant que : « La Bahja est aussi une sagesse qui m’a appris la patience ». 

Hanane Tahere, Coach de vie et de Développement Personnel, poursuit ce premier tour de table en donnant sa propre définition et vision de la Bahja de Marrakech : « C’est tout à la fois une attitude de lâcher-prise, de connexion au présent et de bienveillance, avec aussi une vision spirituelle, attachée à une ville qui est un haut lieu de pèlerinage. Marrakech a su créer un équilibre unique au monde entre spiritualité et bien-être matériel. On vient du monde entier pour s’amuser ou vivre une retraite bien-être. Et la Bahja n’y est pas pour rien. Elle fait régner un esprit de joie, de confiance et de gratitude qui génère des stimuli positifs et crée une neurobiochimie qui fonctionne comme un véritable cercle vertueux interne.»

SECOND PANEL : « BAHJA CIVILISATION » :

Bachir Lakhdar, Professeur-Chercheur à la Faculté des Sciences de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech et fondateur du think tank GREB (Groupe de Recherche en Économie du Bonheur) a quant à lui ouvert un champ d’analyse, sous l’angle économique, rarement abordé à propos de la Bahja, à travers son intervention sur « l’Economie du Bonheur » : « Les Américains ont démontré que les gens heureux sont plus efficients dans leur travail et ont un meilleur taux de productivité. Il serait donc intéressant de calculer le taux de Bahja dans l’entreprise, voire de classer les entreprises selon ce taux, comme on le fait sur base du bonheur au travail, car les concepts de bonheur et de Bahja sont convergents. » Et d’ajouter que « la Bahja, c’est la bienveillance et la solidarité, c’est aussi l’agilité d’esprit et la résilience, la longanimité, qui en matière de macroéconomie, rend plus résistants les personnes, mais aussi les entreprises et les pays. »

Le sociologue Mohamed Marfoq a souligné que : « Les Marrakchis utilisent la Bahja, l’humour, pour créer une ambiance joyeuse, une atmosphère bienveillante et accueillante où chacun se sent confortable et à l’aise. On travaille mieux et on vit mieux quand il y a de la Bahja entre nous. »

L’intervention de Mahmoud Slimane, architecte tunisien installé à Marrakech, allait dans le même sens. « L’esprit Bahja fait que Marrakech est une ville-village où on vit vraiment comme si on se connaît tous et où l’on peut tout partager. Pour moi, la Bahja a pris naissance sur la place Jamaa El Fna, cette « gare » où convergeaient les marchands venus d’Europe et d’Afrique, accueillis avec gaieté et générosité par les Marrakchis.»   

Abdelghani Fennane, poète et essayiste, enseignant-chercheur à l’Université Cadi Ayyad, a rappelé lui aussi l’importance de la place Jamaa El Fna : « Depuis des siècles, les voyageurs sont fascinés par ce théâtre en plein air où se mêlent généreusement musique, danse, contes, humour, autodérision et qui a modelé profondément l’esprit de tous les Marrakchis. Écrire sur Marrakech sans parler de Bahja, de cette gaieté qui règne dans la ville est simplement impossible.»

Yassir Yarji, médiateur culturel, a enchaîné en ajoutant que « Cette façon si marrakchie, si marocaine, de transmettre spontanément de la joie à tous ceux que l’on rencontre est une vraie richesse. Par son sourire, l’épicier influence la journée de ses clients. Un accueil chaleureux dans un espace culturel met instantanément les visiteurs à l’aise, crée du lien. La Bahja, c’est le partage, c’est aussi prioriser l’humain ! »

La rencontre s’est prolongée par un intermède musical où la Bahja a pris vie à travers des rythmes envoûtants et entraînants, avant de se conclure par une collation et une photo de famille. Les discussions se sont poursuivies dans une atmosphère conviviale de décontraction et de célébration, dans le plus pur esprit Bahja.

Ce colloque a uni des experts de divers horizons pour faire avancer la connaissance de la Bahja sous ses différentes facettes. Il a permis à tous de faire un voyage mémorable à travers l’âme de Marrakech et de sa Région, illuminant la vitalité de cet art de vivre, aussi contagieux que le rire qui en est un fondement essentiel. Le colloque a démontré que la Bahja continue d’inspirer, de célébrer la vie et d’attirer les esprits curieux et bienveillants d’où qu’ils viennent.

Ce colloque restera dans les mémoires comme un moment fondateur, initiateur d’une série de rencontres à venir, pour l’exploration et la compréhension, la préservation et la valorisation de la Bahja, avec pour ambition la réalisation d’un « Livre Blanc » consacré à la thématique et le souhait d’insuffler un nouvel élan au rayonnement de cette véritable philosophie de vie, inspirante et attractive.