Récemment, le mouvement #MeToo a jeté un regard cru sur la réalité du milieu cinématographique américain, avant de submerger le monde entier. Bien que la prise de conscience soit salutaire, beaucoup reste à faire. En effet, moins de 10% des films sont réalisés par des femmes, celles-ci recevant des financements bien moindres que leurs homologues masculins. Les actrices, les réalisatrices et toutes les professionnelles sont bien décidées à prendre les choses en main.
Agnès Varda, infatigable cinéaste de l’air du temps
D’abord photographe, Agnès Varda se dirige vers le cinéma, influencée et encouragée par ses amis acteurs. Son style s’inscrit parfaitement dans le l’esprit de la Nouvelle Vague. Elle s’attelle, aux côtés de réalisateurs jeunes et talentueux comme Jean-Luc Godard, François Truffaut ou encore Jacques Demi, son compagnon, à libérer le cinéma français et européen des conventions. Se renouvelant sans cesse, Agnès Varda traverse les décennies en capturant l’ère du temps. On lui doit 50 films dont plusieurs chefs d’œuvre comme «Cléo de 5 à 7» (1962), «Sans toit ni loi» (1985), «Jacquot de Nantes» ou encore «Visages Villages» avec JR (2017). Récompensée pour l’ensemble de sa carrière par un César en 2001, une Palme d’honneur à Cannes en 2015 et un Oscar d’honneur en 2017, elle s’éteint le 29 mars 2019, à l’âge vénérable de 90 ans.
Narjiss Nejjar, histoires puissantes de femmes
Narjiss Nejjar s’impose comme une cinéaste marocaine majeure, par le nombre, la qualité et la diversité de ses réalisations (une trentaine, tous genres confondus) qui, à chaque fois, surprennent par leur sujet, émeuvent par leur beauté et leur poésie mais aussi nous assènent de vrais coups de poing en rappelant les injustices dont sont, de tout temps, victimes les femmes. Passionnée de cinéma, elle parvient aussi, par sa manière de filmer ses actrices à faire sortir le meilleur de chacune d’elles. Ainsi chaque rôle de femme de ses films fait date dans leur carrière : Siham Assif dans «Les Yeux secs» et Nadia Kounda dans «L’amante du Rif» ou encore El Ghalia Ben Zaouia dans «Apatride». Régulièrement invitée dans les festivals internationaux comme Berlin ou Cannes, la scénariste-réalisatrice est assurément le porte étendard du cinéma marocain.
Maryam Touzani, engagement et sensibilité
Emblème du renouveau du cinéma marocain, Maryam Touzani porte un regard militant sur la société dont elle est issue. Née à Tanger, elle devient, après des études à Londres, journaliste spécialisée dans le cinéma. Autrice tout d’abord de courts-métrages et documentaires, elle passe de l’autre côté de l’écran pour la première fois en 2017 dans le film «Razzia», qu’elle a coréalisé avec son mari Nabil Ayouch. Elle incarne à cette occasion l’un des rôles principaux de ce long-métrage, où elle livre une prestation saluée par la critique. Elle démontre ensuite tout son talent lors de la réalisation de son premier long-métrage : «Adam». Ode à l’amour maternel, le film devient rapidement une référence du 7ème art marocain, et est sélectionné pour le festival de Cannes, dans la catégorie «Un certain regard».