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Casablanca ouvre son Musée de la Mémoire : un voyage dans son histoire

By avril 23, 2025 avril 24th, 2025 Actu

Casablanca, ville vibrante et moderne, ancre encore davantage son identité culturelle avec l’ouverture du Musée de la Mémoire, installé dans la prestigieuse Villa Carl Ficke. Ce projet, mené sous l’égide de la Fondation Nationale des Musées, marque une étape clé dans la préservation du patrimoine historique et architectural de la ville.

L’inauguration de cet espace emblématique se tiendra en présence de plusieurs personnalités politiques et culturelles, dont M. Mehdi Bensaid, ministre de la Culture et de la Communication, M. Mohamed Mhidia, Wali de la région Casablanca-Settat, ainsi que Mme Nabila Rmili, Maire de Casablanca. Ensemble, ils célèbreront ce nouvel écrin dédié à la mémoire collective de la ville blanche.

Une villa témoin des transformations de Casablanca
Située dans le quartier historique de Mers Sultan, la Villa Carl Ficke est un véritable joyau architectural. Construit au début du XXe siècle par un commerçant allemand, ce bâtiment de style néo-mauresque fusionne harmonieusement influences européennes et marocaines. Son histoire tumultueuse en fait un lieu chargé d’émotions : d’ancienne résidence bourgeoise à centre de détention sous le protectorat français, en passant par une maison d’enfants, la villa a traversé les époques et conservé les empreintes du passé.
Sa rénovation a été pensée dans le respect de son architecture d’origine, tout en intégrant des équipements muséographiques modernes, permettant ainsi une immersion complète dans l’histoire de Casablanca.

Un musée dédié à l’évolution urbaine et artistique
Le Musée de la Mémoire de Casablanca propose un parcours immersif à travers plusieurs expositions thématiques. Les visiteurs pourront explorer :
L’histoire de Casablanca, de ses origines à aujourd’hui.
Les grandes transformations urbaines qui ont façonné la ville.
L’architecture casablancaise en tant que laboratoire d’expérimentation du XXe siècle.
La mémoire du bâtiment, retraçant les multiples vies de la Villa Carl Ficke.
Un hommage à la sculpture, avec une exposition inaugurale dédiée à l’artiste Ikram Kabbaj.
Cette dernière, sculptrice marocaine de renom, expose ses œuvres monumentales, où pierre et marbre se métamorphosent sous la puissance de sa volonté créatrice. Connue pour son engagement en faveur de l’intégration de la sculpture dans l’espace public marocain, Kabbaj met ici en dialogue son art avec l’architecture et les espaces extérieurs du musée.

Un musée à ciel ouvert
L’expérience des visiteurs ne se limite pas aux salles d’exposition : la Villa Carl Ficke s’ouvre sur une esplanade aménagée en véritable musée à ciel ouvert. Des œuvres contemporaines y sont exposées, invitant à la contemplation dans un écrin de verdure, en plein cœur de Casablanca.
Ce projet ambitieux témoigne de la volonté des acteurs culturels et institutionnels de faire de Casablanca une capitale artistique et patrimoniale incontournable. Il est le fruit d’une collaboration entre la Fondation Nationale des Musées, le Ministère de la Culture, la Commune de Casablanca et l’arrondissement de Mers Sultan, avec le soutien des autorités locales.

Une invitation à redécouvrir Casablanca
En ouvrant ses portes, le Musée de la Mémoire de Casablanca ne se contente pas de raconter l’histoire de la ville : il la fait vivre. Ce lieu, à la croisée du passé et du présent, invite à la découverte, à la réflexion et à la transmission d’un héritage urbain et artistique unique. À travers son parcours riche et ses expositions inédites, il promet de devenir un rendez-vous incontournable pour les amoureux d’histoire, d’art et de culture.


Avec ce musée, Casablanca s’offre un espace de mémoire et de dialogue, où chaque pierre, chaque œuvre et chaque récit viennent enrichir la grande fresque de son identité. Une nouvelle page s’écrit, et elle est ouverte à tous.

Salima Naji, restaurer pour préserver l’âme des lieux
J’ai voulu mettre en lumière une période méconnue de l’histoire marocaine, celle qu’incarne Moulay Hassan, jusqu’au début du protectorat français. C’est un moment clé qui reste encore peu exploré, mais qui constitue un maillon essentiel de notre histoire.
À cette époque, tous les étrangers bénéficiaient d’un statut particulier : celui de « dhimmi » protégés, minoritaires en territoire musulman et placés sous le régime des capitulations. Carl Ficke en est un exemple marquant. Son histoire, que je raconte dans un livre à paraître en juin, illustre bien ce statut hors du commun. Il a vécu dans un royaume qui, à cette période, adoptait une vision relativement libre et ouverte, où chacun était, d’une certaine manière, considéré comme égal. C’est pourquoi cette phase du pré-protectorat est particulièrement intéressante à transmettre aux jeunes générations.
Pour restituer cette époque et faire revivre ce patrimoine, j’ai intégré des portraits issus des archives personnelles du descendant de Carl Ficke. Celui-ci nous a transmis, au fil des années, des documents précieux : des portraits de ses nièces – puisque Carl Ficke n’a pas eu d’enfants – ainsi que divers cartons familiaux. Ces éléments permettent de recomposer l’histoire depuis la vie personnelle d’un négociant allemand, en la rendant plus accessible. Et en miroir, c’est notre histoire que l’on découvre.
Dans cette démarche de restauration et de transmission, la Matériauthèque joue un rôle central. Elle ne se limite pas à la reconstruction des modes de construction, mais elle analyse aussi l’impact de l’architecture sur les espaces de vie et leur usage. Il s’agit d’une véritable déconstruction du passé, qui amène chacun à s’interroger sur son propre héritage : comment étaient les maisons de nos grands-parents ? Comment fonctionnaient-elles ? Dans quels espaces évoluions-nous autrefois ?
Les écrits de Fatima Mernissi apportent une perspective précieuse sur ce sujet. En racontant son enfance, elle permet de mieux comprendre l’architecture de cette époque, notamment la transition entre les structures traditionnelles et les transformations qu’a entraînées le protectorat après 1912. Ce travail de mémoire et de restauration est essentiel pour reconnecter les jeunes générations à leur histoire et à leur patrimoine.