Asmâa MAGANI, Formatrice Certifiée en Discipline Positive pour parents et enseignants, vous propose des conseils ainsi que des outils concrets pour mieux accompagner votre adolescent(e).
Un ensemble d’indices doivent être pris en compte chez l’adolescent. En tant que parents, nous ne devons jamais négliger un signe évocateur de démotivation ou de mal être scolaire.
L’adolescence est le passage difficile de l’enfance à l’âge adulte. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
L’adolescence, effectivement, peut être une période difficile et fatigante pour certains parents mais aussi pour les ados eux-mêmes.
L’adolescent vit une transition vers l’âge adulte. Ses comportements s’inscrivent dans l’ici et le maintenant. L’ado d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier et ne sera sûrement pas celui de demain.
L’adolescent vit plusieurs transformations, changements physiques, hormonaux, biologiques et psychologiques.
L’adolescent est dans la toute puissance et ne supporte ni remarque ni conseil. Il a besoin de développer son jardin secret. Il souhaite que ses parents respectent sa vie privée. Il voudra exercer son autonomie et son pouvoir sur le monde.
Tout ce qui vient d’être cité fait partie du « processus d’individuation de l’adolescent », en fait ça l’amène à explorer ce qui le rend différent de sa famille, de ses amis, du monde qui l’entoure à la recherche de ses propres valeurs.
Et notre rôle majeur en tant que parent est de s’intéresser et de tenter de comprendre ce stade de développement tellement riche.
Les attitudes et postures parentales ou pédagogiques que nous proposons sont tout sauf permissives. Il ne s’agit en aucun cas de livrer l’ado à lui-même.
Je dirai même qu’il n’existe pas d’éducation sans cadre ni limite.
Les adolescents ont besoin d’être accompagnés, encadrés et guidés avec fermeté et bienveillance dans leur processus d’individuation.
Adolescence et scolarité, quels sont les signes qui doivent alerter ?
Un ensemble d’indices doivent être pris en compte chez l’adolescent. En tant que parents, nous ne devons jamais négliger un signe évocateur de démotivation ou de mal être scolaire. Il est important de prendre le temps d’évaluer la situation de notre adolescent vis-à-vis de l’école et l’aider à exprimer ses ressentis.
Pour commencer, essayons d’avoir une vision globale de son quotidien :
A t- il des amis ? Comment se fait son intégration en classe ? Sa relation avec ses profs ? A-t-il une passion ? Un loisir ?
Puis quelques signes à prendre aussi en compte :
L’adolescent se plaint régulièrement : de douleurs, de maux de tête, de troubles du transit, … qui entraînent un absentéisme plus ou moins répété. Ces symptômes peuvent témoigner d’un mal être vécu par la situation scolaire. Souvent, l’adolescent lie cela à une explication médicale. Cela peut aussi s’intensifier les jours d’évaluation ou de rendu de copies. L’adolescent peut aussi présenter des troubles du sommeil, s’inquiéter de ses contrôles, qu’il rate régulièrement en raison de la panique face à la copie.
L’adolescent n’arrive pas à se lever le matin : il est régulièrement en retard et se plaint d’être fatigué. Là encore, ce mal être dû à la scolarité n’est pas reconnu psychiquement par le jeune. Selon lui, c’est la fatigue qui l’empêche de s’investir à l’école et non le contraire.
L’adolescent refuse d’aller au collège : Le refus de l’ado peut s’accompagner de réactions violentes quand on le force.
L’adolescent a des comportements inappropriés récurrents au collège : Il ne se sent pas responsable de ces comportements, qu’il perçoit comme le résultat des provocations des autres à son égard et décide de ne rien y changer quitte à accepter tous types de conséquences ?
Notre rôle de parents :
Comme cité plus haut, la proximité et le soutien vont de pairs.
Le questionnement dans un cadre calme reste un outil pertinent.
Que se passe-t-il au collège ? Lycée ? Nous ne cherchons pas à connaître tes secrets, mais nous avons perçu que tu semblerais être en difficulté et souhaitons comprendre pourquoi, comment pouvons-nous t’aider ?
Nous prendrons ensuite contact avec le professeur principal pour recueillir son point de vue. Nous pouvons aussi rencontrer un ou quelques professeurs, selon le contexte. On pourra aussi se faire aider par la cellule psy de l’école ou faire appel à un professionnel externe pour un avis si cela perdure.
Comment créer une connexion avec nos ados ?
1- Essayer de vous mettre dans les chaussures de votre adolescent avec empathie « Je n’ai jamais réalisé que tu te sentais de cette façon, … » « Tu sembles découragé »
« Tu ne veux rien faire pour l’instant ? »
2- Ecoutez et soyez curieux : « Dis-en moi plus », « C’est une idée très intéressante », « Autre chose ? « , « Qu’estce que cela signifie pour toi ? »
3- Arrêtez de vous soucier de ce que les autres pensent et faites ce que vous croyez être le mieux pour votre ado.
4- Remplacez l’humiliation par des encouragements : « J’ai confiance en toi et je suis certaine que tu apprendras de tes erreurs », « Essaies de comprendre ce qui est important pour toi »
5- Assurez-vous que le message d’amour est bien capté par l’ado : « Tu es plus important pour moi que tes notes à l’école », « Quelle serait la chose la plus aidante que je pourrai faire pour toi ? »
6- Impliquez votre adolescent à faire focus sur les solutions : « Comment on peut faire pour trouver une solution ensemble ? « , « Quelles sont les idées que tu as pour résoudre le problème ? », « Qu’est-ce qui est important pour toi dans cette situation ? »
7- Faites des ententes, des accords respectueux
Conseils pour les parents
– Parmi les choses à garder en mémoire : L’adolescence n’est qu’un stade de développement dans un processus de maturation.
– L’adolescence ce n’est pas une destination finale, juste une étape.
– L’adolescence est une étape nécessaire de recherche identitaire et de séparation du modèle parental.
– Le lâcher prise n’est pas synonyme de permissivité mais s’apparente à un partage du contrôle dans un esprit de collaboration
– Conduire nos ados vers l’âge adulte fait partie de la mission du parent.
Aujourd’hui il est plus que nécessaire d’installer un lien éducatif centré sur la coopération et sur le respect mutuel.
Plus nous impliquons nos enfants dans les processus décisionnels plus ils seront enclins à coopérer.
Ne cherchons pas à tout changer. Intégrons plutôt progressivement, par l’entraînement, des outils et un état d’esprit positif qui facilitera le changement.
« Etre parents d’ados est aussi une joie »
Aider l’ado à s’organiser par lui-même, à donner du sens à ses apprentissages restent un levier de motivation efficace.
C’est ainsi que nous nourrissons en lui l’autonomie, compétence essentielle à la vie en société.
Motiver les ados ? C’est possible.
Cette question peut souvent recouvrir d’autres qui pourraient ressembler à :
– Comment pousser mon ado à avoir une vie plus équilibrée ?
– Comment le déconnecter des écrans pour qu’il aille respirer un peu dehors.
– Comment l’aider à sortir de sa passivité ?
En éducation positive, l’encouragement est la base de la motivation.
Si l’adolescent a la perception qu’il est capable, il peut alors s’engager dans ses apprentissages et réalisations et y trouver un réel plaisir.
Il développera ainsi une motivation « intrinsèque », qui émanera de lui-même.
Voici quelques pistes concrètes et bien sûr non exhaustives pour aider les jeunes à se sentir capables et les amener à se réaliser.
1- Les encouragements et « appréciations positives »
Jane Nelsen dans ses ouvrages de Discipline Positive dit : « L’individu fait mieux lorsqu’il se sent mieux ».
Il n’y a rien de plus motivant que de se sentir reconnu pour ce que l’on apporte, ce à quoi on contribue, ce que l’on développe (Talents, Compétences,….) Ceci est aussi valable pour nous « adultes » !
Chez les adolescents qui se sentent souvent critiqués pour leur manque de responsabilité, pointés pour un manque d’investissement, pour un manque d’hygiène, nonchalance, … L’encouragement reste un levier extrêmement puissant d’accomplissement.
2- L’humour
A souvent plus d’impact que les longs discours ou les ordres répétés.
Nous pouvons, en tant que parent y avoir recours pour susciter la coopération tout en apportant un peu de légèreté dans les interactions quotidiennes.
3- La contribution réciproque :
C’est un levier de motivation dans une logique de « donnant-donnant » respectueux et responsabilisant. C’est en général l’adulte qui prend l’initiative et l’ado reste libre d’accepter ou non.
Par exemple :
– Je veux bien te déposer au cinéma avec ton amie et toi tu trouves un autre parent pour vous récupérer.
– Tu finances avec tes économies 50% de ton achat et moi je t’en offre l’autre moitié.
Cet outil entre dans une logique d’équité des contributions de chacun et fait partie d’un mode de communication responsabilisant.
Le jeune ado saura saisir sa part de responsabilité mais aussi, donner et recevoir.
4- Implication du parent
Aider l’ado à s’organiser par lui-même, à donner du sens à ses apprentissages restent un levier de motivation efficace.
Etape par étape, le parent s’intéresse à ce que fait le jeune sans pour autant faire à sa place. L’ado progresse doucement en se sentant accompagné et en sécurité. C’est ainsi que nous nourrissons en lui l’autonomie, compétence essentielle à la vie en société.
5- La recherche de solutions, l’accord et le suivi :
Tout d’abord entendre et valider les émotions et/ou le point de vue de l’ado avant de partager sa propre perspective et trouver un accord qui convienne à chacun. Lorsqu’on passe un accord avec son ado, le suivi est indissociable de l’accord. Comment ? Encourager l’ado lorsque l’accord est respecté et revenir vers ce dernier lorsqu’il n’est pas respecté pour trouver des solutions. Cet outil de motivation peut demander du temps et de l’énergie mais s’avère efficace et riche d’apprentissage. D’ailleurs dans la réalité, cela demandera moins d’énergie que de répéter, râler, s’énerver…
Et notre motivation à nous parents ?
Se souvenir que les ados ont des priorités complètement différentes des nôtres. Prenant conscience de cela, notre regard sur leurs résistances se fait plus emphatique.
On les regarde comme des êtres en devenir, les accompagnant dans leurs erreurs pour en faire une opportunité d’apprentissage plutôt que des personnes irresponsables, irrespectueuses,…
L’accompagnement parental devient une ressource efficace qui nous permet de vivre notre rôle de parent avec plaisir.