Du 16 au 23 mai 2025, au Complexe Culturel d’Anfa à Casablanca, l’exposition « Le Maroc Authentique » de Souad Kettani offre une immersion vibrante dans les racines culturelles du Royaume. À travers une quarantaine de toiles, l’artiste célèbre les traditions, les femmes et les gestes oubliés, dans une démarche aussi artistique que mémorielle.
Toutes mes passions se complètent et ne font qu’un dans mon chemin de création.
Votre exposition « Le Maroc Authentique » met en lumière les racines culturelles du pays. Quelle a été votre principale source d’inspiration ?
Ce qui m’inspire principalement ce sont les traditions marocaines que l’on a tendance à oublier de plus en plus. Des scènes de la vie marocaine de tous les jours ou des scènes plus occasionnelles ; en tous les cas, des choses que l’on voit de moins en moins et que l’on pourrait presque considérer comme en voie de disparition dans les zones urbaines. C’est une manière pour moi de documenter ce Maroc traditionnel et d’en garder une trace pour la mémoire. Cela peut être du folklore, des choses du quotidien ou des traditions familiales qui m’ont marquée. Comme cela peut être la dureté de la vie, le travail des enfants ou le labeur des femmes. En résumé, ce qui m’inspire c’est l’authenticité de nos vies marocaines dont je tiens à conserver la mémoire.
Vous êtes à la fois peintre, pianiste, écrivain et collectionneuse. Comment ces différentes disciplines artistiques dialoguent-elles dans votre processus de création ?
Je suis à la base musicienne et cela a toujours été un point de départ à ma création quelle qu’elle soit. L’improvisation sur un clavier ne donne pas le droit de faire des dissonances. Ce désir d’harmonie m’a poussée à rechercher le beau là où il se trouvait. C’est ainsi que je ne suis retrouvée à collectionner beaucoup d’objets ; principalement des poteries, des bijoux et des habits de la tradition marocaine. En recherchant le beau et dans le but de le préserver et de le garder en vie, la peinture et l’écriture se sont imposées à moi comme une évidence. Toutes ces passions se complètent et ne font qu’un dans mon chemin de création.
Comment le thème de la place des femmes dans la société s’est-il imposé dans votre travail ?
En tant que femme cela ne peut que m’interpeler quand on voit la vie dure que mènent les femmes dans certains milieux, les inégalités et parfois même l’injustice auxquelles elles sont confrontées. Quand on voit leur courage, leur abnégation et leur dévouement, on ne peut qu’être inspirée et vouloir les mettre à l’honneur. C’est une manière pour moi en tant que femme marocaine de m’engager avec les outils qui sont à ma disposition, pour mettre en lumière toutes ces choses belles ou moins belles que nous vivons.
Comment percevez-vous l’évolution de la scène artistique marocaine aujourd’hui ?
Où que l’on soit dans le monde, vivre de son art est difficile et peut être décourageant ; mais malgré cela on voit que la scène artistique marocaine bouge beaucoup et est en plein essor. Le nombre croissant de galeries et d’évènements artistiques au Maroc crée une émulation et met en lumière de plus en plus d’artistes qui n’avaient pas forcément l’occasion de briller auparavant.
Toute cette frénésie artistique est sans aucun doute favorable aux femmes artistes dont la voix se fait de plus en plus entendre. font entendre.
Enfin, quels sont vos projets à venir après cette exposition ? Envisagez-vous d’exporter cet univers marocain authentique à l’international ?
Mon souhait serait d’exposer dans d’autres villes marocaines, grandes et moins grandes, car pour moi, l’art ne doit pas rester cantonné aux grands centres urbains qui sont clairement très privilégiés en termes de manifestations artistiques. Par ailleurs, je suis en discussion pour participer à une exposition qui se tiendra au Canada et qui compte regrouper les œuvres de femmes artistes marocaines.