À travers son témoignage engagé, Hajar Bououd, Directrice des Ressources Humaines et de la Communication d’ALTEN Maroc, décrypte les défis persistants de l’égalité entre les femmes et les hommes au Maroc. Elle partage son expérience personnelle, les actions concrètes menées au sein de son entreprise et sa vision d’un futur où l’égalité serait une évidence collective.
Quels sont, selon vous, les principaux défis qui restent à relever pour garantir une véritable égalité des droits entre les femmes et les hommes au Maroc ?
L’un des principaux défis reste l’application effective des droits. La loi a évolué, mais son impact est freiné par des résistances culturelles et des mentalités encore ancrées dans le modèle patriarchal. Ainsi, et à titre d’illustration, certaines femmes peinent encore à avoir leur héritage. D’autre ayant des diplômes équivalent à ceux des hommes se voient octroyer des postes inférieures ou bien ont du mal à accéder aux postes de décision et à avoir des trajectoires de de carrière similaires à celles des pairs masculins. Malgré les réformes légales et la vive intention de rompre avec un passé І présent, l’inégalité reste reine de la situation. L’accès à la justice et à l’éducation pour toutes est également un enjeu fondamental pour réduire les écarts entre les deux genres. Chaque femme doit pouvoir obtenir ce qui lui revient de droit sans avoir à mener un combat au quotidien.
Dans votre parcours personnel ou professionnel, avez-vous été confrontée à des inégalités de genre ? Comment les avez-vous surmontées et quelles évolutions souhaiteriez-vous voir ?
Certainement, un des défis que j’ai rencontrés dans ma vie était lié au genre, mais je le considère comme n’importe quel autre défi. Pour moi, la persévérance est la clé pour avancer et atteindre ses objectifs, quelles sont les barrières.
La persévérance et la confiance en mes compétences m’ont permis d’avancer et de dépasser ces barrières. Cependant, c’est à l’échelle collective que le combat pour l’égalité doit se poursuivre. Partout dans le monde, il est essentiel que les entreprises et les institutions prennent conscience de ces inégalités et mettent en place des actions pour favoriser une égalité effective et non festive.
Chez ALTEN Maroc, nous adoptons des politiques de promotion et de développement fondées sur la performance, garantissant une véritable égalité et parité. Ce que je souhaite voir se généraliser, au-delà de notre entreprise, c’est une culture où l’égalité n’est plus un objectif à atteindre, mais une norme intégrée dans nos modes de pensées et nos réflexes usuels.
Le Maroc a connu plusieurs avancées en matière de droits des femmes ces dernières années. Quel changement ou réforme vous semble aujourd’hui prioritaire pour renforcer ces acquis ?
La vision éclairée de Sa Majesté le Roi que Dieu le glorifie inspire toute la société pour une réforme législative, culturelle et cultuelle. Le Code de la famille en est une illustration qui demeure essentielle afin de garantir une égalité réelle en matière de droits conjugaux et autres. Loin de s’inscrire dans le cadre d’un registre féministe extrême, il y a lieu de noter qu’il est crucial de renforcer l’indépendance économique des femmes par l’accès aux financements, à l’entrepreneuriat et à la formation, afin qu’elles ne soient plus vulnérables face aux injustices. Par ailleurs, l’éducation des filles et la représentation des femmes dans la vie politique doivent être renforcées.
Quelles femmes marocaines, d’hier ou d’aujourd’hui, vous inspirent le plus et pourquoi ?
Je suis inspirée par toutes les femmes marocaines qui, sans faire de bruit, prennent leur place naturellement, avancent sans attendre qu’on leur en donne la permission et façonnent leur propre destinée. Celles qui entreprennent, innovent, créent et transmettent. Les chercheuses, artistes, militantes, et aussi celles qui, dans l’ombre, élèvent des générations avec force et résilience.