fbpx

Touria El Glaoui : Entrepreneuriat et art engagé

By mars 12, 2025 Actu

© Casey Kelbaugh CKA

Longtemps en marge du marché international, l’art contemporain marocain se redéfinit à travers de nouvelles dynamiques où galeries, artistes et institutions tentent d’imposer leur signature. Entre structuration locale et nécessité d’un rayonnement au-delà des frontières, le paysage évolue sous l’impulsion d’acteurs engagés. De l’émergence d’un écosystème aux normes internationales à la quête de visibilité sur la scène africaine et mondiale, cet échange met en lumière les enjeux qui façonnent aujourd’hui le marché marocain de l’art.

 

“L’art africain n’a pas à chercher sa place, il l’occupe déjà. Il s’agit aujourd’hui de structurer son rayonnement et d’affirmer son rôle sur la scène mondiale.”

 

Comment avez-vous perçu l’accueil des galeries marocaines lors du lancement de 1-54 à Marrakech ?
Il y avait une curiosité, une envie de participer, mais aussi une certaine réserve. Avec le temps, les galeries marocaines ont compris l’impact qu’un tel événement pouvait avoir sur leur visibilité et leur développement à l’international. Aujourd’hui, elles jouent un rôle clé dans la dynamique du salon.

Les galeries locales peinent-elles à s’ouvrir aux collaborations internationales ?
Le paysage évolue. Certaines galeries marocaines ont une approche très tournée vers l’international, tandis que d’autres restent ancrées dans un fonctionnement plus local. Les collaborations sont essentielles pour développer un réseau solide et il y a un vrai potentiel pour renforcer ces échanges.

Votre lien avec elles est-il purement professionnel ou cherchez-vous un dialogue artistique plus profond ?
L’objectif de 1-54 est de créer des ponts entre différentes scènes artistiques. Il ne s’agit pas seulement d’un marché, mais aussi d’un espace de dialogue. J’entretiens des relations professionnelles avec les galeries, mais il y a aussi une volonté d’échange sur les pratiques, les défis et les évolutions du secteur.

Peut-on, aujourd’hui, réussir une carrière dans l’art au Maroc ?
Oui, mais cela demande de la persévérance et une bonne compréhension du marché. Il y a une scène artistique en plein essor et de plus en plus d’acteurs qui s’engagent à soutenir les artistes, mais les opportunités restent limitées comparé à d’autres marchés plus établis.

Un jeune artiste doit-il partir à l’étranger pour se former ou existe-t-il des alternatives locales ?
Tout dépend de son parcours et de ses ambitions. Il y a aujourd’hui de bonnes formations au Maroc et une scène artistique qui se structure, mais aller à l’étranger permet d’élargir ses horizons et d’accéder à des opportunités différentes. L’idéal est de pouvoir naviguer entre les deux.

L’écosystème marocain permet-il aux artistes et curateurs d’émerger sans dépendre de l’international ?
L’international joue encore un rôle clé dans la reconnaissance et la valorisation des artistes marocains. Il y a une volonté de structurer un écosystème local plus autonome, mais cela prend du temps. L’enjeu est de créer des institutions et des plateformes solides pour soutenir les artistes sur le long terme.

Les galeries marocaines sont-elles au niveau des standards internationaux ?
Certaines le sont totalement et participent à des foires et expositions à travers le monde. D’autres sont en phase de développement et doivent encore adapter leur structure pour répondre aux exigences du marché international.

Quels conseils leur donneriez-vous pour s’imposer sur la scène africaine et mondiale ?
Être présentes sur les foires internationales, développer des collaborations avec d’autres galeries et institutions, et investir dans la promotion des artistes qu’elles représentent. Il faut aussi penser à structurer le marché local, car une scène forte à l’échelle nationale est un atout pour une reconnaissance internationale.

Quels artistes marocains suivent, selon vous, une trajectoire prometteuse ?
Il y a plusieurs artistes qui se démarquent sur la scène internationale, chacun avec une approche et un langage visuel unique. On peut citer des figures établies comme Yto Barrada, Mahi Binebine ou M’barek Bouhchichi, mais aussi une nouvelle génération d’artistes qui gagne en visibilité.

Où voyez-vous le marché de l’art africain dans les prochaines années et quels défis doit-il relever ?
Le marché de l’art africain continue de croître avec une reconnaissance accrue des artistes et un intérêt grandissant des collectionneurs. Le défi principal reste la structuration du marché : il faut des institutions solides, un réseau de galeries plus dense et une meilleure accessibilité à la formation et aux financements.