Source d’anxiété au quotidien et plus particulièrement lors de réunions de familles ou de rencontres entre amis, les troubles du comportement alimentaire altèrent véritablement la qualité de vie. Avec le docteur Imane Kendili, psychiatre-addictologue, on aborde la marche à suivre face à ces débordements.
Texte Mélanie Wilms · Photo DR
«Les TCA ne sont pas l’apanage de prise en charge d’un seul spécialiste. Il s’agit d’entreprendre un travail auprès d’une équipe multidisciplinaire et complémentaire soit psychiatre addictologue, psychologue, médecin nutritionniste, médecin interniste, infirmiers spécialisés…»
Alors que la consommation de sucre est un signe flagrant d’addiction alimentaire, force est de constater qu’au Royaume, le taux de diabétiques ne cesse d’augmenter. Ne touchant pas que le registre du sucré, l’hyperphagie familiale, c’est-à-dire l’excès de nourriture, est l’une des composantes culturelles de notre société. Très présents également, les cas de boulimie et d’anorexie mentale seraient déclenchés par l’implication éducative nourricière de l’enfant. En lien étroit avec ces altérations des conduites alimentaires, on constate souvent une certaine difficulté d’autonomisation des enfants vis-à-vis des parents et plus encore de la mère.
Un mal-être décelable
Parmi les premiers signes qui peuvent faire penser à l’entourage qu’une personne est touchée par des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) citons, son rapport avec la nourriture et un comportement inhabituel avant ou après les repas. Très sélectifs à table, certains peuvent boire des quantités d’eau importantes ou manger en cachette puis s’enfermer de longues heures durant dans les toilettes pour vomir. Quant à l’humeur, les TCA entraînent chez certains sujets une profonde tristesse, un retrait social et peuvent même les conduire à entrer en dépression. Bien qu’en tant que proche, il n’est pas toujours aisé d’aider efficacement une personne souffrant de troubles du comportement alimentaire, le soutien et l’écoute demeurent les premiers gestes à adopter. Plus encore, il est impératif pour l’entourage de ne pas nourrir le trouble en donnant un bénéfice secondaire à la maladie.
Une prise en charge efficace
Les troubles du comportement alimentaire sont des maladies qui s’inscrivent dans le spectre des addictions comportementales et qui peuvent engendrer une grande souffrance. Ne pouvant en aucun cas se résorber par elles-mêmes, elles nécessitent le recours à des professionnels spécialités. Multidimensionnelles -bio-psycho-sociale-, ces maladies chroniques demandent une prise en charge organique, nutritionnelle, psychiatrique et psychologique. Requérant un travail tant individuel que familial, des thérapies systémiques et cognitive-comportementales peuvent être mises en place. Notons que le protocole de soin de certains patients nécessite des hospitalisations spécialisées de plusieurs mois. Cette mesure est souvent en lien avec le besoin impératif d’un isolement de l’environnement familial, celle-ci pérennisant souvent ou même étant générateur des troubles.