À la veille de la réforme du Code de la famille, l’Association de lutte contre le sida (ALCS), tout en réitérant son soutien aux revendications légitimes des militant-e-s des droits des femmes, alerte sur la féminisation de l’épidémie du VIH. Une tendance alimentée par les violences juridiques, institutionnelles, physiques et psychologiques à l’égard des femmes, y compris les filles mineures.
En ce 8 mars, Journée mondiale des droits des femmes, l’ALCS se joint à l’ensemble des militants et militantes des droits des femmes pour rappeler que l’égalité entre les hommes et les femmes ne relève pas seulement d’une nécessité éthique mais aussi d’un défi crucial en matière de santé publique et de lutte contre les épidémies.
Une féminisation inquiétante de l’épidémie du VIH
En 2023, selon les données du ministère de la Santé et de la Protection sociale, 49% des personnes vivant avec le VIH au Maroc étaient des femmes contre 18% en 1990. Une féminisation due aux inégalités entre les hommes et les femmes ainsi qu’aux discriminations qui privent ces dernières de leurs droits humains fondamentaux, y compris le droit à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques. Ces inégalités, notamment juridiques, créent une dépendance qui compromettent l’autonomie des femmes et des filles, leur capacité à prendre des décisions, leur dignité et leur sécurité, d’autant plus que le risque de contracter le VIH lors d’un rapport hétérosexuel non protégé est de 2 à 4 fois supérieur pour les femmes que pour les hommes.
Les violences envers les femmes nourrissent l’épidémie
À la fois cause et conséquence des inégalités de genre, les violences physiques et psychologiques envers les femmes aggravent leur vulnérabilité au VIH. Endémique au Maroc au vu des résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’encontre des femmes et des hommes réalisée en 2019 par le HautCommissariat au Plan, cette violence n’épargne pas les filles de moins de 18 ans qui, notamment, continuent de subir des mariages avant leur majorité. Une violence juridique qui, selon les chiffres diffusés la Présidence du Ministère public, s’est manifestée par la délivrance de 12.940 autorisations de mariage concernant des filles mineures en 2022. Ces mariages synonymes de privation de droits exposent les jeunes mineures aux risques d’une infection par le VIH. En effet, selon l’ONUSIDA, les filles mariées avant l’âge de 15 ans sont 50 % plus susceptibles d’être confrontées à des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire et les violences exercées par un partenaire intime augmentent jusqu’à 50% le risque d’infection par le VIH chez les femmes.
Restaurer et renforcer les droits fondamentaux des femmes, y compris le droit essentiel à l’information et à l’accès à la santé, notamment santé sexuelle, permettrait sans nul doute d’aider à atteindre l’objectif national de l’éradication de l’épidémie de VIH en 2030 pour lequel l’ALCS reste mobilisée.