La sixième édition d’État d’Urgence d’Instants Poétiques (EUIP), organisée en partenariat avec l’Institut Français du Maroc (IFM) dans le cadre de la Saison Culturelle 2024-2025, a pris vie dans le cadre enchanteur du Jardin d’Essais Botaniques de Rabat, où l’art et la nature se mêlent pour offrir une expérience immersive et éphémère. Les premiers visiteurs ont afflué, parmi lesquels des personnalités notables, comme le poète Mohammed Berrada, ami de Khalil El Ghrib, l’écrivain marocain Driss Ksikes, ou encore l’ex-directeur de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc, Driss Khrouz, ainsi que plusieurs artistes venus célébrer « les choses » d’ El Ghrib.
Des universitaires, des admirateurs, des curieux de tous âges, des étudiants de l’INBA Rabat-Salé et des lycées Farabi de Salé et Les Orangers de Rabat, ainsi que des élèves d’écoles primaire ont également fait le déplacement de Rabat mais aussi de diverses villes du Maroc, notamment de Tanger et Assilah, témoignant de l’influence de Khalil El Ghrib à travers le Royaume. Après quelques instants de recueillement, l’artiste Khalil El Ghrib, figure discrète mais profondément influente dans le monde de l’art marocain, est arrivé ; offrant un sourire modeste aux invités. Agnès Humruzian, Directrice générale de l’Institut Français du Maroc, ouvre la cérémonie :
« Nous sommes très heureux d’ouvrir l’exposition-hommage à Khalil El Ghrib dans le cadre de la Saison Culturelle 2024-2025, centrée sur le thème du vivant, et l’œuvre de Khalil donne un très bel écho à cette idée, de l’œuvre dans son environnement, de ce côté éphémère », déclare la directrice de l’IFM, ajoutant que « l’idée de l’exposition-hommage est venue très vite. L’œuvre de Khalil EL Ghrib est profondément influencée par son environnement naturel, une esthétique d’éphémère, une sorte d’ode au vivant comme perpétuelle transformation. Et cette proposition nous l’avons faite à Bouchra Salih, convaincus que cette manifestation qu’elle a créé et dont l’IF est partenaire constituait le cadre idéal pour rendre hommage à l’engagement et à l’œuvre de Khalil El Ghrib, en plaçant son œuvre au cœur de l’espace public afin qu’elle interagisse avec son environnement ».
Khalil El Ghrib s’adresse ensuite au public avec émotion : « Je remercie l’IFM et EUIP pour cet hommage. Je suis ravi de vous accueillir dans ce très beau jardin à cet évènement. C’est la deuxième fois que mon amie Bouchra Salih fait appel à moi dans le cadre d’État d’Urgence d’instants poétiques et j’espère que les travaux que je vais présenter susciteront votre intérêt et que vous allez prendre du plaisir à les découvrir ».
Enfin, Bouchra Salih, fondatrice d’EUIP, clôt les discours d’ouverture avec des mots empreints de gratitude et d’admiration : « Quand je pense à Khalil et ses choses il m’invite à une conversation silencieuse. Les mots et les verbes s’imposent d’un temps autre. Je remercie Sidi Khalil pour sa confiance et sa présence à cet hommage initié par l’IF dans le cadre de la Saison Culturelle 2024-2025, centrée sur le thème «Le Vivant». Je tiens aussi à remercier vivement et chaleureusement l’IF de m’avoir fait confiance pour porter ce projet ensemble avec le soutien de toute l’équipe de l’IFM et de l’IF de Rabat ».
Après ces discours inspirants, le public a été invité à suivre un parcours immersif. Le circuit a débuté dans une salle couverte du Jardin d’Essais, où l’exposition de Khalil El Ghrib a ouvert les portes de son univers intime à la découverte de ces œuvres profondément influencées par son environnement naturel et une esthéBque de l’éphémère. Le parcours s’est ensuite poursuivi en plein air, parmi les œuvres d’Ahmad Karmouni, Mohamed Ahnach, Mohssin Harraki, et Mohamed Larbi Rahhali, qui prolongent le dialogue artistique autour de la nature et de l’éphémère, thème cher à Khalil El Ghrib.
Ahmad Karmouni présente Lambout:A moment, une installation ex-situ composée de roches de sel en orbite autour des sculptures en cuivre. Inspiré des rites funéraires antiques, son œuvre invite à un moment d’introspection et de contemplation à travers une cosmogonie de matières brutes, évoquant des états émotionnels enfouis mais cristallisés. Mohamed Ahnach, avec son installation Fusion:Bourgeon, explore la dualité de la vie et de la mort. À travers des fragments d’os enfouis, il symbolise la création et la germination, offrant une réflexion profonde sur l’éphémère et la renaissance. Ensuite, dans Yerna.2., Mohssin Harraki s’inspire de la famine de 1944-1945 au Maroc pour tracer le dessin d’une plante toxique sur des carreaux de zellige. Son œuvre interroge l’histoire et la résilience humaine face à la pénurie et souligne l’importance de la mémoire collective. Enfin, Mohamed Larbi Rahhali propose Polarisation, un espace récréatif pour les oiseaux, symbole de liberté et de préservation. Son installation, à la fois poétique et manifeste, rappelle notre devoir de protéger les êtres vivants et de maintenir l’équilibre fragile de la nature.
Une programmation riche et immersive
L’exposition se déploiera durant trois semaines, avec une programmation variée qui complète l’expérience artistique. Les visiteurs pourront profiter de la médiathèque de l’IF hors les murs et autour du thème du vivant, d’un cycle de films documentaires dédiés à Khalil El Ghrib projetés à la Maison Mauresque du Jardin, d’ateliers créatifs pour enfants, et de rencontres avec les artistes. Les visites guidées quotidiennes, animées par la commissaire et les médiateurs culturels, offriront une immersion dans l’exposition, au côté d’une visite et discussions spécialement dédiée aux étudiants de l’INBA Rabat-Salé, des élèves d’arts appliqués des lycées Farabi de Salé et Les Orangers de Rabat, assurée par Amine Boushaba. Par ailleurs, un entretien passionnant autour de l’œuvre de Khalil El Ghrib, avec Hassan Bourkia et Mohammed Al Achaâri, aura lieu le samedi 23 novembre, la veille du finissage qui sera marqué par une performance de Saïd El Haddaji.
Du Jardin d’Essais Botaniques de Rabat à de nouvelles terre fertiles
Bouchra Salih, fondatrice d’EUIP, a dans le cadre de cette exposition-hommage, annoncé avec émotion que cette saison marquerait la dernière édition de l’événement au Jardin d’Essais Botaniques, lieu symbolique où EUIP a vu le jour. « Nous sommes ici réunis au Jardin d’essais botaniques de Rabat, le lieu de naissance d’EUIP, pour cette expo-hommage à Khalil El Ghrib. Avec cet hommage nous irons à Tanger et Casablanca en 2025 et la suite dans de nouvelles terres fertiles », a-t-elle déclaré. Et c’est avec ces mots que Bouchra Salih laisse entrevoir la poursuite d’EUIP dans de nouveaux horizons, continuant d’inviter le public à une rencontre entre art et nature, là où chaque lieu apportera une résonance unique aux œuvres et aux artistes.