Le mercredi 18 juin, la présentation du nouveau roman de Noor Ikken, Nous étions une île, a rassemblé un public particulièrement nombreux au Virgin Megastore d’Anfa Place à Casablanca. Adultes, jeunes lecteurs, fidèles du premier roman ou simples curieux : un public transgénérationnel a répondu à l’appel, confirmant l’attente autour de ce texte déjà salué comme l’un des romans forts de l’année.
Un des moments les plus marquants de la soirée fut sans doute la lecture par Noor Ikken d’un extrait poignant de son livre. Un silence profond s’est installé dans la salle, traduisant l’émotion collective. L’auteure a su faire vibrer une corde intime chez chacun, dans une véritable communion entre la voix, les mots et l’assemblée.
Sous la conduite du talentueux Ouadih Dada, fantastique modérateur de la rencontre, le public a été entraîné dans une navigation sensible à travers les thèmes du roman : la joie, les blessures, les espoirs et les tragédies. Une palette d’émotions servie avec finesse, intelligence et une grande humanité.
Le succès de la soirée s’est également mesuré à l’état du présentoire à la fin de l’événement : presque vide.
Nous étions une île s’annonce déjà comme le roman de l’été, dans la lignée du précédent succès de Noor Ikken, Le Premier Été, qui avait conquis les lecteurs en 2024.
À propos du livre : Nous étions une île
Autrice : Noor Ikken
Éditeur : Maha Éditions
Langue : Français
Nombre de pages : 286
Date de parution : 2025
ISBN : 978-9920-8972-0-4
Un roman poignant sur la fragilité des certitudes et la force des rêves
Avec Nous étions une île, Noor Ikken signe un roman bouleversant où l’intime rencontre l’universel. À travers la fresque lumineuse et douloureuse d’une jeunesse marocaine en quête de sens dans les années 80, elle poursuit l’élan initié avec Le Premier Été et confirme la puissance de sa plume.
Ici, l’enfance s’efface lentement, emportant avec elle les illusions d’un monde stable. Les promesses d’amitié, d’amour, et de liberté vacillent sous le poids des silences familiaux, des normes sociales, et du tumulte intérieur.
Porté par une écriture ciselée, sensible et viscérale, ce roman fait émerger des voix longtemps tues — celles des adolescentes, des révoltés silencieux, de celles et ceux qui apprennent à dire non, à aimer autrement, à rêver en dépit de tout.
Un extrait
Même si le chemin est escarpé, elle le jure, la main sur son cœur blessé, elle finira par atteindre la liberté. Coups de pied sur tout ce qui définit une fille de gens bien élevée et elle frappe sa table de chevet pour se le prouver. La lampe tombe en éclats sur le sol. Elle continue à la piétiner, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Elle la voudrait en miettes, en poudre pillée, représailles contre les barreaux imaginaires qui se sont dressés autour d’elle.
Les pas de sa mère, qui font soudain demi-tour dans le couloir, s’immobilisent sans un mot devant sa porte. Le silence fige sa crise de fureur. Elle s’arrête. Ça ne sert à rien. Elle ne peut que faire semblant d’être docile. Pour l’instant.
Elle se penche alors sur les débris de la lampe, comme pour constater les dégâts, et murmure :
– Pardon, je ne l’ai pas fait exprès.