À Casablanca, le Studio des Arts, dirigé par Fihr Kettani, poursuit sa mission : offrir un lieu où l’éducation artistique se conjugue avec l’exigence, la bienveillance et la créativité. Pour la saison 2025–2026, le centre annonce une programmation riche et des initiatives qui renforcent sa place dans le paysage culturel marocain.
«L’art n’est pas seulement une technique à acquérir, c’est un chemin de confiance et de joie, où l’on apprend à se découvrir et à s’exprimer avec sincérité.»
Quelles sont les grandes lignes de la programmation 2025–2026 du Studio des Arts ? Quelles nouvelles disciplines ou approches allez-vous proposer cette année ?
La nouvelle saison reste fidèle à notre philosophie : offrir à chacun un chemin artistique où exigence et bienveillance avancent ensemble. Danse, théâtre, chant, musique, arts plastiques : chaque discipline ouvre une porte sur soi et sur le monde. Après l’ouverture d’une classe de cinéma dirigée par Sonia Okacha, nous accueillons cette année le Hip Hop Baby pour les 3–4 ans et des cours de LA Style et danse contemporaine avec ZAO Guichard. À cela s’ajoute une riche saison de spectacles et d’expositions, portée par la singularité du Studio : réunir école des arts de la scène et théâtre professionnel, école d’arts plastiques et galerie d’art, en tissant des passerelles entre formation et scène professionnelle.
La programmation prévoit-elle des activités spécifiquement pensées pour les couples, les familles ou les duos parent-enfant ?
L’art prend toute sa force quand il se partage. Nos cours se prêtent à ces expériences complices : un couple en danse, un duo au théâtre, un parent et un enfant en chant ou en peinture côte à côte. Pour les binômes parent-enfant, nous avons pensé des parcours où chacun avance dans son univers avant de se retrouver lors d’ateliers communs ou de notre festival. Ces moments nourrissent à la fois la créativité et les liens familiaux.
Quelle est votre vision éducative de l’art ? Qu’apprend-on ici qu’on ne trouve pas ailleurs ?
Notre pédagogie repose sur trois piliers : la confiance en soi, le plaisir de créer et l’exigence bienveillante. Au-delà de la technique, on y apprend à se connaître, à collaborer et à s’exprimer avec sincérité. Nos professeurs sont choisis autant pour leur excellence que pour leur qualité humaine. C’est ce qui permet des transformations profondes, comme celle de Yasmine, huit ans, qui n’osait pas chanter et qui, un an plus tard, rayonnait seule devant 600 spectateurs.
Comment les familles et les enfants réagissent-ils à votre approche ?
Leur enthousiasme est le meilleur signe : les enfants arrivent le sourire aux lèvres et attendent chaque cours avec impatience. Les parents témoignent de leur épanouissement et de leur assurance retrouvée, tandis que les adultes viennent puiser la même énergie créative. Les spectacles de fin d’année, où familles et amis applaudissent ensemble, incarnent l’émotion et le sens profond de notre travail.
«Le plus beau signe, c’est quand un enfant arrive au Studio avec le sourire et repart avec des étoiles dans les yeux.»
Au-delà de la pratique artistique, quelles qualités humaines cherchez-vous à éveiller ?
L’art apprend à mieux vivre ensemble. Au Studio, on cultive l’écoute, le respect, la tolérance et le sens du collectif. Professeurs, élèves et parents forment une grande famille où chacun apprend à partager, encourager et admirer le talent des autres. Ces qualités humaines, aussi précieuses que le talent, accompagnent les élèves tout au long de leur vie.
Quels freins existent encore au Maroc pour soutenir une éducation créative dès le plus jeune âge ?
L’art reste trop absent du système scolaire, alors que dans d’autres pays, musique, théâtre ou arts visuels sont intégrés dès la maternelle, avec des bénéfices évidents. Le Maroc progresse, mais il faut multiplier les espaces où la créativité trouve sa place dès les premières années. C’est un investissement pour des générations plus équilibrées, curieuses et inventives.
Dans l’industrie culturelle marocaine, quel est le rôle d’un lieu comme le vôtre ?
Le Maroc possède un patrimoine exceptionnel et une jeunesse créative qui nourrissent une industrie culturelle en plein essor. Les centres pluridisciplinaires comme le nôtre en sont des moteurs : ils rassemblent éveil, formation, création, production et diffusion, tout en créant des passerelles entre l’élève et la scène, l’artiste et le spectateur, le rêve et sa réalisation. Ces lieux devraient exister partout au Maroc.
Si vous n’aviez pas fondé le Studio, quelle autre voie auriez-vous suivie ?
Le chant a toujours été mon moteur. Même sans carrière artistique, j’aurais cherché un chemin pour rester proche de la scène, entouré de musique et de création. Le Studio est devenu cette maison où mes propres rêves se sont liés à ceux des autres.
Vous avez récemment reçu une reconnaissance officielle. Qu’est-ce que cela a signifié pour vous ?
Recevoir cette distinction fut un moment de profonde émotion. Ce n’est pas seulement mon nom qui a été honoré, mais celui de toute l’équipe qui porte ce projet. C’est un instant de gratitude pour le chemin accompli ensemble et un élan supplémentaire pour continuer.