Plate-forme dédiée à l’artisanat et au terroir marocain, Chic Intemporel c’est aussi l’histoire de la rencontre de Selma, alors mère au foyer passionnée décoration et Magali, experte en communication, ayant eu un coup de foudre avec l’artisanat marocain. Désireuse de partager avec le plus grand nombre leur attrait pour un savoir-faire authentique, elles ont lancé cette plate-forme rendant accessible un artisanat porteur de sens et de valeurs.
Par : M.W · Photos : DR
«Nous souhaitons remettre l’humain au centre des préoccupations. Arrêter de tout
standardiser. » M.R
Quelles sont vos actions en faveur de la construction d’un monde plus durable?
S.Z : J’ai reçu une éducation où le respect de l’environnement a toujours été très important. Sans être 100% écolo, je tiens à être consciente et reconnaissante de mes gestes du quotidien. Ce mode de consommation responsable, j’ai à mon tour tenté de l’inculquer à mes enfants.
M.R : Il y a quelques années, j’ai modifié ma consommation en privilégiant notamment les circuits cours, les petits producteurs, les créateurs locaux. J’opte pour des petits gestes simples qui sont à la portées de tout à chacun comme tenter de bannir les achats liés à la production de masse, enrayer la surconsommation d’électricité et d’eau, limiter ma consommation de plastique, etc.
Pourquoi avoir fait le choix d’une reconversion dans ce domaine ?
M.R : En tant que chef d’entreprise dans la communication pendant 26 ans, j’ai eu la chance d’accompagner des annonceurs nationaux et internationaux sur des projets passionnants mais il était temps pour moi d’ouvrir une nouvelle page. En découvrant lors de la Cop 22, les mains de fées des artisans marocains et la diversité des produits, j’ai décidé de relever un nouveau challenge. Depuis 2016, j’ai donc commencé à travaillé sur le projet de Chic Intemporel. En 2019, Selma, qui partage mes valeurs et mes objectifs, a rejoint l’aventure.
S.Z : J’ai été séduite par la dimension profondément humaine de ce projet. Il en est encore à ses débuts mais nous avons pour objectifs de trouver des financements afin de pouvoir accompagner au mieux les artisans dans leurs besoins, par exemple nous souhaiterions pouvoir les aider dans la mise en valeur de leurs produits, certains ont besoin d’aide pour obtenir des certifications, d’autres pour leur comptabilité, d’autres pour l’emballage etc.
Pouvez-vous nous donner les grandes orientations de votre projet?
S.Z : Pour moi, l’idée de donner une visibilité à des personnes talentueuses et souvent isolées est un vrai challenge. Nous travaillons en totale transparence avec nos vendeurs ce qui nous a permis d’établir une véritable relation de confiance et d’échange. C’est un mode de fonctionnement qui correspond à mes valeurs.
M. R : Chic Intemporel permet aux artisans, coopératives et créateurs marocains de proposer des articles de mode, de décoration d’intérieur travaillés à la main avec une qualité irréprochable car notre équipe veille scrupuleusement à des contrôles qualité stricts. Les produits que nous sélectionnons sont des pièces uniques ou de très petites séries. Nous sommes fières, Selma et moi-même d’aider les jeunes marques à se développer et d’offrir une belle opportunité aux artisans et coopératives de présenter leurs produits et de véhiculer leur image à travers notre market place.
Est-ce que la COVID a impacté votre démarche?
M.R : Nous travaillons sur le développement de Chic-intemporel bien avant l’arrivée du COVID toutefois, il est certain que ce dernier à précipité notre lancement. Je dirais donc qu’il nous a impacté de façon positive.
S.Z : Je dirais aussi que l’arrivée du Covid a permis aux acteurs du secteur de l’artisanat de considérer autrement les sites d’e-commerce. Nous avons donc accéléré notre mise en ligne pour les accompagner en cette période de crise.
Pensez-vous qu’il ait été favorable à un éveil des consciences?
S.Z : Après le premier confinement, je me suis bercée d’illusions en imaginant que les gens allaient ressortir de chez eux assagis et conscients de la valeur de ce qui les entoure. Malheureusement, force est de constater qu’il y a encore du chemin à parcourir au niveau individuel. Je pense qu’il est essentiel aujourd’hui que chacun puisse prendre conscience que nous sommes tous les citoyens de ce pays et que ce sont nos faits et gestes qui impactent ses évolutions. Il est temps de regarder le Maroc dans son ensemble et de croire en chaque petites actions qui, mises bout à bout, font les grandes réalisations.
M.R : Je ne crois pas vraiment à un éveil des consciences. Il y a encore beaucoup à faire ne serait-ce que par rapport à la gestion des déchets. Le mode de vie éco-responsable et durable doit être inculqué dès le plus jeune âge.
Selon vous, dans quelles mesures un mode de vie durable, peut-ils être vecteur de développement économique et social?
S.Z : Préserver son environnement c’est se garantir un mode de vie sain et donc être en accord avec soi même. Une personne accordée est une personne vivante donc engagée.
M.R : Des valeurs telles que la solidarité, la justice, la coopération mutuelle et la participation démocratique sont à la base de l’Economie Sociale et Solidaire. Cela fait partie de la lutte pour la citoyenneté active, la souveraineté alimentaire, le “bien-vivre”, l’émancipation des communautés et des femmes, ou encore le respect de la diversité culturelle, …. Dans son activité, l’ESS veille à ce que les ressources soient gérées de façon efficace et équitable, à promouvoir l’économie locale, à offrir un travail décent, à lutter contre les effets du changement climatique et à repartir les bénéfices de manière équitable.
Selon vous, quel rôle doit y jouer la femme?
S.Z : Les femmes doivent continuer à lutter pour affirmer leur place dans la société car elles demeurent les premières discriminées : salaires inégaux, scolarité, tâches domestiques, problèmes de succession, violences conjugales…… Elles servent à la fois d’exemple à leurs filles et se doivent de transmettre à leurs fils le respect de la Femme. Nous devons sortir du schéma patriarcal pour avancer et cela passe immanquablement par l’action des femmes.
M.R : Un constat s’impose : partout dans le monde et quelle que soit la diversité des conditions féminines, les femmes ont toujours des droits à conquérir et à défendre. Le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes – et non pas «Journée de la femme», comme on l’entend trop souvent –, est l’occasion de rappeler ce combat constant, quotidien et universel. Un long chemin reste à parcourir, y compris dans les pays où les droits des femmes semblent mieux reconnus mais où les structures de pouvoir, les représentations, les pratiques témoignent de la vivacité et des résistances du patriarcat. Je reste pourtant persuadée que la Femme est bien plus courageuse et apte à diriger des projets d’envergure nationaux et internationaux.
Pourquoi est-il indispensable de renforcer l’implication des femmes dans ce type de démarche?
S.Z : Selon moi, les femmes ont un rôle de transmission par excellence, elles donnent la vie et enracinent. Dans notre projet nous sommes fières d’accompagner des femmes qui par leur fruit de leur travail accèdent à une véritable autonomie financière et sont valorisées au sein de leur famille. L’estime de soi qu’elles acquièrent par leur travail est une valeur inestimable et je suis heureuse de pouvoir contribuer à la mettre en valeur.
M.R : Les femmes donnent la vie et souhaitent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants. C’est par elles que doit passer l’éducation, ce sont elles qui doivent transmettre toutes ces valeurs qui nous permettront de mieux vivre demain.
Quel est votre rêve éco-responsable?
S.Z : Circuler le plus possible à vélo, sentir le vent sur mon visage comme un gage de liberté.
M.R : Vivre dans une société où l’on ne verrait plus de misère à tous les coins de rues. Vivre dans une société où les enfants ont accès à la scolarité. Vivre dans une société où il fait bon vivre que ce soit dans les villes ou les campagnes. Une société où les hommes et les femmes se parlent, où le mot autrui prend tout son sens. Une société où la pollution est maîtrisée, l’agriculture raisonnée …On peut toujours rêver non?
Votre message aux lectrices
S.Z : Il y a mille façons d’envisager sa vie eil faut arrêter de se focaliser sur ce qu’on ne peut pas faire, mais au contraire voir tout ce qu’on peut faire. Croyez en vous, vous êtes votre meilleure amie!
M.R : Ne vous laissez jamais rabaisser, ne vous laissez jamais persuader que vous n’êtes pas capable de réaliser vos rêves.