Au Maroc, la réussite scolaire peut tourner à l’obsession chez certains parents. On entend par là les notions d’excellence, de dépassement de soi mais aussi de compétition. Même si cette exigence de réussite peut se justifier, il est malgré tout nécessaire de calmer le jeu en pensant à l’épanouissement de nos enfants. Car oui, ils peuvent y laisser des plumes…
Texte Dorothée Paz
Des enfants pris dans un étau d’exigences
Le niveau des programmes scolaires augmente chaque année. Un suivi dans les apprentissages demande une assiduité sans relâche, à l’école et à la maison. Les devoirs sont nombreux, le volume d’heures en classe est important et les cours du soir sont fortement recommandés pour renforcer les acquis.
Entre 2011 et 2015, le taux de décrochage scolaire dans le secondaire est passé de 10,4% à 12,2%.
Un quotidien réduit aux apprentissages scolaires
Encourager son enfant à adopter une attitude responsable dans ses apprentissages reste légitime. Le problème c’est qu’au quotidien, le parent ne s’adresse à lui qu’en termes de résultats et d’acquis de connaissances. Cependant, il est indispensable d’organiser sa vie indépendamment des cours. L’école ne doit représenter qu’un pan du quotidien de l’enfant. On doit aussi lui proposer des sorties à l’extérieur, l’encourager à participer à des ateliers créatifs, à des activités sportives, culturelles, etc. afin que l’enfant découvre différentes facettes de l’existence.
L’épanouissement personnel au second plan
Encore beaucoup de parents associent le jeu à une perte de temps. Cependant, les spécialistes s’accordent à dire que jouer est une nécessité dans la construction de sa personnalité. Un enfant bien « dans ses pompes » développe de meilleures dispositions pour apprendre. Malheureusement, force est de constater que la question de l’épanouissement de l’enfant n’est pas toujours la priorité, non par négligence mais plutôt par absence de conscience.
On prend du recul avec sa scolarité !
• Quand on lit son bulletin scolaire, on ne focalise pas sur les mauvaises notes. On met aussi en avant les bons résultats et les appréciations positives des professeurs.
• On repense à l’élève que l’on était. Même brillant, on a forcément eu des petits coups de mou, alors inutile de dramatiser !
• On valorise l’enfant en lui rappelant que, malgré ses difficultés, on a confiance en lui. Lui dire qu’on l’aime en toutes circonstances peut aussi l’aider à gagner en assurance.
L’avis de l’expert :
Mohammed Boufrioua, coach scolaire et parental. Directeur de Scol’air Accompagnement.
«La véritable réussite aujourd’hui est l’affirmation libre et originale de son potentiel en intelligence collective et situationnelle.»
On a l’impression que c’est un problème sans fin : l’école devient-elle de plus en plus exigeante parce que les parents exigent, eux aussi, de plus en plus ?
A mon sens, et l’école et les parents sont pris au piège du modèle scolaire actuel, axé sur la compétition et le résultat, niant le bien-être individuel et collectif. Le sentiment d’échec s’installe depuis la maternelle et se renforce au primaire, davantage encore au collège et au lycée. La déception est grande après le bac et le rattrapage est dur aux études post-bac.