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Phobie Scolaire : Détecter et Agir

By septembre 21, 2024 Enfant

Dr Soukaina
Bouchebti
Pédopsychiatre
Psychothérapeute

Le refus scolaire anxieux, autrefois appelé phobie scolaire, est un trouble méconnu mais aux conséquences potentiellement graves pour l’enfant. Dr Soukaina Bouchebti, pédopsychiatre-psychothérapeute, nous éclaire sur les signes distinctifs de cette pathologie, ses causes profondes, et les stratégies thérapeutiques efficaces pour aider les jeunes à surmonter leurs angoisses et retrouver le chemin de l’école.

 

 

 

 

Certains enfants souffrant de troubles du comportement alimentaire peuvent également éviter l’école en raison de l’anxiété que cela engendre.

Cncernant les principales causes du refus scolaire anxieux, on a longtemps cru que la phobie scolaire se limitait à l’anxiété de séparation, liée à un enfant qui refusait de quitter son environnement familier, que ce soit sa chambre, sa maison, ses parents, une grand-mère ou un animal malade. Cependant, le processus d’aller à l’école peut comporter plusieurs étapes, chacune pouvant être source de difficultés. Il est donc essentiel d’analyser ces étapes pour comprendre l’origine du problème. Par exemple, l’enfant peut éprouver des difficultés à quitter la maison, ce qui pourrait être associé à l’angoisse de séparation. Il peut également rencontrer des obstacles à se rendre dans la rue, à entrer dans l’école, ou à obtenir de bons résultats. Un trouble d’anxiété généralisée pourrait l’amener à se sentir angoissé par l’école ainsi que par d’autres situations perçues comme dangereuses, pour lui-même ou pour son entourage. L’adolescent peut également souffrir de phobie sociale, où la crainte des interactions sociales, du regard des autres, des critiques ou des moqueries en classe ou dans la cour de récréation, motive son refus d’aller à l’école.
Dans ces cas, l’enfant montre souvent d’autres difficultés de socialisation et évite les situations de groupe. Un trouble obsessionnel compulsif pourrait aussi le pousser à éviter l’école, par peur de la contamination, de l’utilisation des toilettes, ou en raison de la lenteur excessive due à des rituels de vérification, rendant difficile la remise des devoirs à temps. Par ailleurs, des difficultés scolaires, telles que la dyslexie ou la dysorthographie non diagnostiquées, peuvent se manifester par une peur des dictées et une tendance à vouloir éviter l’école lors des contrôles. Des difficultés en mathématiques ou un absentéisme ciblé peuvent indiquer une dyscalculie ou une dyspraxie. D’autres troubles, comme le TDAH, un haut potentiel intellectuel, ou d’autres troubles neurodéveloppementaux, peuvent aussi rendre l’école difficile pour l’enfant. De plus, les enfants victimes de jeux dangereux ou agressifs, où ils sont souvent ciblés, peuvent également éviter l’école pour cette raison.

La prise en charge, est généralement multimodale, avec pour objectif principal le retour à l’école. Elle implique une collaboration entre les parents, les thérapeutes, et les enseignants.

Quels traitements sont les plus efficaces pour surmonter la phobie scolaire ?
Pour les jeunes souffrant de troubles anxieux ou de dépression, la thérapie cognitive ou comportementale est souvent privilégiée. Il s’agit d’expliquer le diagnostic de refus scolaire anxieux et surtout celui des troubles anxieux sous-jacents à l’enfant et à ses parents, à travers la psychoéducation, afin d’éviter les comportements d’évitement. Ensuite, l’idée est d’exposer progressivement l’enfant à ce qui lui fait peur, en commençant par s’approcher de l’école. Dans les cas d’évitement social, les thérapies cognitives et comportementales restent très adaptées, avec des techniques de gestion de l’anxiété et de l’affirmation de soi. Pour l’anxiété sociale, un retour à l’école progressif est également recommandé, en veillant à ce que l’élève ne soit pas interrogé à l’oral ou à l’écrit pour éviter l’anxiété. En cas d’anxiété de séparation, une thérapie cognitive ou comportementale est recommandée, en travaillant avec les parents. L’exposition progressive à la séparation est conseillée pour faciliter le retour en classe et aider les parents à gérer leur propre anxiété. Ce programme est généralement proposé en ambulatoire pour les cas récents, mais une hospitalisation en service spécialisé peut être nécessaire pour les situations graves ou avec des comorbidités psychiatriques importantes.
Les traitements médicamenteux, dont certains antidépresseurs, ont une efficacité limitée et ne suffisent pas seuls. Les troubles des apprentissages, obsessionnels compulsifs, et du comportement nécessitent des traitements spécifiques. Il est déconseillé d’inscrire l’enfant à des cours par correspondance, car cela renforce son isolement. Le médecin ne doit pas encourager cette pratique ni fournir de certificats médicaux justifiant l’absentéisme.

Quel rôle l’école devrait-elle jouer dans la gestion de la phobie scolaire ?
L’école doit collaborer avec les parents et les thérapeutes pour gérer la phobie scolaire, en adaptant horaires et évaluations, surtout au début du retour. Elle doit sensibiliser les élèves pour éviter les jugements et renforcer positivement les efforts de réintégration de l’enfant.

Comment bien soutenir son enfant ?
Les parents jouent un rôle clé dans la gestion de la phobie scolaire. Ils doivent soutenir leur enfant tout en évitant de renforcer les comportements d’évitement. Il est important de rester ferme sur l’importance de retourner à l’école tout en montrant de l’empathie et en cherchant à comprendre les angoisses de l’enfant. Les parents doivent aussi travailler en collaboration avec les enseignants et les thérapeutes pour créer un environnement rassurant et encourageant pour l’enfant, tout en évitant de céder à ses demandes de rester à la maison.