Nommée au Prix Goncourt et au Prix de Flore 2018, la romancière Meryem Alaoui a rencontré un grand succès critique suite à la parution de son premier roman. «La Vérité sort de la bouche du cheval», sorti le 23 août, raconte le quotidien de Jmiaa, prostituée casablancaise. Entretien.
Propos recueillis par Rim Keddabi · Photos : DR
Comment vous êtes-vous mise à l’écriture?
Je n’avais jamais écrit de roman auparavant, mais l’idée que j’allais en écrire au moins un dans ma vie a toujours été une évidence pour moi. J’ai quitté le Maroc l’année passée pour m’installer à New York, après quinze ans de travail en entreprise, même si j’ai souvent changé de métier (bijouterie, cinéma, ressources humaines, régie publicitaire, presse…), et j’avais envie d’une coupure. Je me suis donc mise à écrire.
Comment cela s’est-il passé?
Cela a duré neuf mois. Le processus d’écriture était assez fluide, c’est sorti tout seul. J’étais très structurée, j’écrivais chaque jour durant plusieurs heures, comme une journée de travail classique.
Mais émotionnellement, c’était beaucoup moins évident. Comme j’ai écrit le roman à la première personne, j’ai dû me mettre dans la peau du personnage principal – une prostituée casablancaise – et décrire des réalités assez glauques.
Il m’arrivait d’avoir la nausée, et parfois même de vomir. J’ai mis plusieurs semaines avant de parvenir à me détacher de ces émotions.
Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux prostituées?
Je n’ai jamais vraiment eu l’intention d’écrire sur le milieu de la prostitution. Mais quand j’habitais à Casablanca, je vivais au centre-ville, et il y en avait plusieurs qui travaillaient en bas de la maison. Par curiosité personnelle, je les suivais, j’écoutais leurs conversations, j’essayais de comprendre leur univers. Je ne les ai jamais côtoyées, mais beaucoup observées. Et quand je me suis assise pour écrire, j’ai réalisé que j’avais accumulé un tas d’anecdotes sur ces filles, que j’avais envie de partager.
Votre livre a connu un grand succès critique. Comment l’avez-vous reçu?
Très bien (rires). J’ai de la chance. C’est une aventure formidable. C’est mon premier livre, je ne connais pas bien ce monde, celui de l’édition, mais j’ai pu participer à de nombreux salons pour parler de mon roman, et rencontré énormément de gens. Grâce à ma sélection au Prix Goncourt, j’ai pu participer au Prix Goncourt des Lycéens, ce qui a été une expérience extraordinaire.
Et pour la suite?
Je crois que j’aimerais bien écrire un deuxième livre…