L’étude exploratoire « Perception des masculinités chez les jeunes » menée par Médias et Cultures en 2024 auprès de 1164 jeunes âgés de 15 à 25 ans, sur 5 régions du Maroc, met en lumière les tensions entre progressisme et résistance dans les perceptions et pratiques des masculinités au Maroc. Ces deux dynamiques, bien que contradictoires, coexistent et influencent de manière interdépendante les comportements des jeunes face aux évolutions sociétales.
« 43 % des jeunes hommes interrogés estiment que le harcèlement sexuel est causé par le comportement des femmes, notamment leurs tenues vestimentaires. Cette perception renforce une culture qui blâme les victimes plutôt que les agresseurs. Il est urgent d’agir pour déconstruire ces idées reçues et d’éduquer dès le plus jeune âge à des valeurs de respect et d’égalité. » déclare Abdelmajid Moudni, porte-parole de la campagne et directeur de l’association Médias et cultures.
Les résultats révèlent l’existence de zones de tensions majeures, notamment dans l’espace familial, l’école, l’accès et le contrôle des ressources, les phénomènes de violences, la sexualité, le contrôle sur le corps des femmes, l’espace public et la religion. Ces sphères sont des foyers d’influences complexes où s’entrelacent traditions et aspirations au changement.
Face à ces résultats, la campagne « Manchoufouch », lancée par Médias et Cultures, l’ADFM, Kif Mama Kif Baba, et Génération Libre, a pour objectif de promouvoir des masculinités plus inclusives, égalitaires et non violentes. Elle appelle à une réforme éducative ambitieuse pour déconstruire les biais de genre au sein de l’école et dans les espaces de socialisation, accompagnée d’une analyse approfondie des mécanismes sociaux qui alimentent les résistances au changement.
« Les stéréotypes de genre sont profondément ancrés dans les mentalités : 60 % des jeunes hommes considèrent encore que l’homme doit contrôler les ressources financières de la famille, même lorsque l’épouse en est la principale pourvoyeuse. » déclare Ghizlane Mamouni, porte-parole de la campagne et présidente de l’association Kif Mama Kif Baba.
Les objectifs de la campagne « Manchoufouch » sont les suivants :
- Informer l’opinion publique sur les enjeux des masculinités toxiques et la lutte contre la violence basée sur le genre, en soulignant l’impact négatif de cette violence sur les individus et la société.
- Soutenir les hommes alliés dans la lutte pour l’égalité des sexes en les impliquant dans des actions concrètes et en encourageant leur rôle dans la transformation des normes des masculinités, ainsi que dans la déconstruction des stéréotypes de genre.
- Collaborer avec des acteurs nationaux pour amplifier la recherche et la collecte de données sur ce phénomène, afin de mieux comprendre ses mécanismes et de proposer des solutions adaptées à tous les niveaux de la société.
- Plaider pour des politiques publiques qui garantissent une éducation inclusive et égalitaire, visant à prévenir la violence basée sur le genre et à promouvoir l’égalité dans les écoles, les espaces publics et la sphère numérique.
La campagne « Manchoufouch » se décline en plusieurs actions concrètes :
- L’appui et la production du clip vidéo de la chanson Manchoufouch de la chanteuse Sonia Noor. (https://www.youtube.com/watch?v=-unxgmh8olY)
- Un spot de sensibilisation diffusé sur Hit Radio avec l’appui de Génération libre.
- Une campagne photographique sur la page Instagram @Manchoufouch.
- Des publications quotidiennes d’information sur nos réseaux sociaux.
- Des capsules de sensibilisation créées par des jeunes adolescents sur la plateforme TikTok de @Manchoufouch.
Comme le titre de la campagne l’indique, cette initiative incite les hommes et les garçons à se questionner sur leur responsabilité, tant à un niveau personnel qu’interpersonnel, et à interroger cette forme culturellement idéalisée de masculinité qui perpetue les inégalités de genre.
Rejoignez-nous pour promouvoir des masculinités égalitaires, co-responsables et non violentes. Ensemble, bâtissons un Maroc où chaque homme et chaque femme puisse évoluer librement, sans être limités par des stéréotypes de genre, et où la violence n’a pas sa place.