Le burn-out maternel touche de plus en plus de mamans qui travaillent, submergées par une fatigue à la fois physique et psychique dont elles ne parviennent pas à se remettre. Quelles en sont les causes, les signes et surtout les moyens de le prévenir? Rencontre avec Ghizlaine Chraïbi, psychothérapeute, fondatrice de l’Institut marocain de psychothérapie relationnelle et auteure de L’étreinte des chenilles.
Texte Michèle Desmottes · Photo DR
«Réalisez-vous à travers ce que vous êtes, et non pas ce que vous faites, car vous n’avez rien à prouver!»
La première des causes expliquant le burn-out est à trouver au sein de la société : l’inégalité de la répartition de la responsabilité de tout ce qui relève de la maison et du foyer ainsi que de la prise en charge des tâches domestiques et familiales.
La seconde est souvent inhérente aux mamans elles-mêmes. Elles épuisent toutes leurs forces en poursuivant leur désir permanent de tout bien faire, de tout contrôler, d’être ces mères idéales qu’elles fantasment.
«Fallait demander»
Disponible gratuitement sur la page Facebook d’Emma, son auteure, cette BD aborde une des causes essentielles du burn-out des mamans, et l’objet de toutes les inégalités au sein de la famille : la charge mentale. A lire sans tarder.
Réagir, pour briser le cercle vicieux.
Quels sont les signes avant-coureurs du burn-out?
C’est la fatigue qui frappe en premier : difficulté à se lever le matin, sentiment d’être vidée. Puis le quotidien devient mécanique, les gestes répétés machinalement, surtout ceux à l’attention des enfants. Pour essayer d’économiser ses forces, la mère prend ses distances, notamment sur le plan affectif, y compris dans son couple. Mais très vite, cet état second la ronge. Elle réalise qu’elle s’éloigne chaque jour un peu plus de ce rôle de mère parfaite qu’elle cherchait pourtant à atteindre. Elle se dénigre, se déconsidère, perd confiance.
Les mères qui souffrent du burn-out ont le regard tantôt vide, tantôt électrique. Elles regardent leur enfant d’un œil mort, presque comme s’il n’était pas là. Le moindre bruit les agresse. Le moindre cri, la moindre dispute, peut déboucher sur une gifle inhabituelle. Ce sont en fait tous les symptômes du stress accentué. À leurs yeux, la seule issue serait de faire mieux, ou de faire plus. Un cercle vicieux qui continue à les épuiser physiquement comme moralement. S’ensuivent aussi, parfois, des troubles du sommeil, de l’alimentation, de l’humeur. Une dépression.
Quelques sont les bonnes résolutions à prendre pour l’éviter?
– S’autoriser à dire «non» ou «stop». Se libérer des rôles sociaux sans culpabiliser et faire le deuil de la mère parfaite afin de voir que la réalité se compose tout autant de difficultés que de petits bonheurs. Accepter de pouvoir craquer et s’accorder du temps pour soi.
– Faire confiance à ses enfants et apprendre à déléguer et partager les tâches et responsabilités avec les pères, que ce soit pour un couple marié ou divorcé. En acceptant que d’autres puissent s’occuper des enfants de temps en temps, en sortant du fantasme de la toute puissance maternelle, les femmes pourraient ouvrir la voie à la co-parentalité et permettre ainsi aux pères de prendre leur place.
