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Les enfants au Maroc : états des lieux et baromètre pour agir

By décembre 10, 2025 Enfant

UNICEF Maroc publie régulièrement Les enfants en chiffres au Maroc, un panorama statistique qui éclaire la situation des plus jeunes dans le Royaume. Tirées d’enquêtes nationales et de systèmes sectoriels, ces données actualisées servent de boussole aux politiques publiques, au suivi de la Convention relative aux droits de l’Enfant et aux Objectifs de développement durable. Un outil précieux pour décider, évaluer et corriger, autant pour les institutions que pour les chercheurs, les médias et les associations.

 

Le pays avance, mais l’égalité réelle d’accès aux droits reste un chantier prioritaire.

 

Un bilan contrasté
Le Maroc se place en tête du Maghreb dans un classement mondial des droits de l’Enfant, signe d’un cap solide. Mais des poches de vulnérabilité subsistent, notamment en milieu rural, où l’accès aux services essentiels reste plus fragile. Un autre signal préoccupant concerne la transition vers l’âge adulte : en 2022, 25 % des 15–24 ans, soit environ 1,48 million de jeunes, sont « NEET » (ni en emploi, ni en études, ni en formation), révélant un risque de décrochage durable.
Deux messages dominent: l’éducation reste une priorité absolue, et des problématiques tenaces continuent d’entraver le parcours des jeunes vers un avenir prometteur.

Travail des enfants : une baisse lente
En 2024, on estime que 101 000 mineurs de 7 à 17 ans exercent encore une activité économique en 2024. La tendance est à la baisse, mais le recul demeure lent et plus difficile dans les zones rurales, où la pauvreté, l’éloignement des écoles et les besoins familiaux pèsent sur les choix.

Éducation : aspiration massive, fractures tenaces
34,5 % des enfants citent le droit à l’éducation comme le plus important et 39,5 % pointent l’accès à l’école en milieu rural comme principal défi. La parité filles-garçons progresse, mais l’écart se creuse au fil du cycle scolaire, particulièrement dans les campagnes, sous l’effet combiné de la distance, du transport, de la charge domestique et, pour certaines, du risque de mariage précoce. Des filets d’appui existent et font la différence: en 2023, les dispositifs d’hébergement et d’appui à la scolarisation de type Dar Taliba ont accueilli 103 563 enfants dans 888 centres, permettant de poursuivre les études quand collège ou lycée sont loin du domicile.

Protection sociale et vulnérabilité
La protection et la vulnérabilité restent au cœur des priorités. Le mariage précoce demeure une réalité qui brise des trajectoires et prive des filles de leurs droits. On notera qu’en 2023, sur 15 319 demandes, 8 624 ont été accordées par les juges, soit 56%.
Côté protection sociale, plus de 8,9 millions de mineurs sont couverts par des allocations familiales ou des dispositifs d’assistance; l’enjeu se situe désormais dans l’effectivité, la qualité de service et la bonne articulation avec l’école et la santé. On estime par ailleurs que 10 000 à 30 000 enfants vivent dans la rue, souvent à la suite de la pauvreté, de violences intrafamiliales ou d’un décrochage scolaire. En parallèle, 11 982 jeunes ont été accompagnés en 2024 dans 103 centres relevant des institutions de protection de l’Entraide Nationale.

Trois leviers pour accélérer
Que nous disent ces chiffres au final? Le pays avance, mais l’égalité réelle d’accès aux droits reste un chantier prioritaire. Trois leviers apparaissent clairement: investir davantage le rural en transport scolaire, internats et continuité numérique; intensifier la prévention et la protection contre le travail des enfants et les mariages précoces, avec des dispositifs de repérage et d’accompagnement efficaces; rendre la protection sociale plus opérationnelle, en renforçant la couverture et la qualité, et en coordonnant mieux éducation, santé et action sociale. Les statistiques ne sont pas qu’un constat : ce sont des repères d’action. Derrière chaque point de pourcentage gagné, il y a une vie d’enfant mieux protégée et un avenir qui s’ouvre.