Grand classique des activités parascolaires, le club de théâtre a la cote dès le plus jeune âge. Pour en comprendre tout l’intérêt, on se tourne vers Brahim Bihi, membre de l’équipe d’improvisation du Maroc, qui anime, depuis 20 ans, des ateliers pour enfants, ados et même adultes dans divers espaces casablancais, le Studio des Arts Vivants, la Fondation des Arts Vivants ou encore la Villa des Arts.
Texte Michèle Desmottes · Photos DR
Le secret, c’est que cela soit très ludique. Le théâtre est un support, on est là pour être ensemble, y prendre du plaisir et développer sa confiance en soi.
A partir de quel âge peut-on intégrer un Club de Théâtre?
Je commence avec des enfants de 6 ans. Je sais que certains proposent des ateliers à partir de 5 ans, voire même 4 ans, mais il me semble qu’à cet âge, il est difficile de sortir de la simple récitation. Tout dépend également du projet théâtral, de la manière de l’animer. Mon objectif est d’encourager la création, de développer l’expression. Pour moi, le théâtre intègre une grande part de créativité. Aussi, j’encourage les enfants à être créatifs, à construire ensemble les dialogues. Concrètement, on travaille sous forme d’improvisation et je pioche, je mets bout à bout tout ce matériel. C’est très valorisant pour eux car ils créent leur propre histoire qu’ils restituent ensuite. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont si spontanés face au public. Il leur arrive même de changer certaines choses le jour de la représentation!
Le théâtre est donc un moyen de développer leur créativité?
En fait, ils ont cette créativité en eux. Quand ils jouent dans leur chambre, ils sont créatifs. Le théâtre permet d’apprendre à se confronter au regard des autres, de voir dans le regard des autres ce que l’on réussit à communiquer et c’est très valorisant. Cela donne confiance en soi. Puis vient un jour où on ne fait plus attention à ce que les autres pensent et… on est soi-même.
Travaillez-vous aussi des textes?
L’année dernière, un groupe de 3ème avait abordé Molière en classe et ils avaient beaucoup aimé. Ils ont eux-mêmes proposé de faire un spectacle qui soit une sorte de medley de différentes pièces. Par contre, commencer par Molière aurait été plus compliqué, c’est un langage soutenu qui peut vite désarçonner. Je ferais la comparaison entre un professeur de piano qui commence par faire travailler l’enfant sur Mozart ou un autre qui l’initie au piano en prenant son morceau de musique préféré et là, c’est sûr qu’il aura envie. Avec les petits de 6-8 ans, mon premier objectif n’est pas de les faire travailler mais de leur donner le goût du théâtre. Et une fois qu’on aime, on apprend très vite!
Combien d’heures préconisez-vous par semaine?
Avec les enfants de 6 ans, je préfère commencer avec une heure. Ils ont déjà un horaire chargé. Une heure permet de faire de l’initiation : des exercices collectifs et spécifiques puis la construction de saynètes. Pour les 10-12 ans, on arrive à une heure trente, pour les ados, deux heures. Cela permet alors de travailler des textes classiques ou humoristiques et de faire aussi des ateliers d’écriture.
Comment se déroulent les ateliers avec les ados?
Je leur demande d’écrire une petite saynète à deux ou trois. Souvent, c’est ludique. Il est rare qu’ils acceptent d’écrire des histoires d’amour! Quand je leur propose de rédiger un texte en rimes, à partir de trois rôles (un narrateur, un prince et une princesse), généralement, ils râlent. Ensuite, ils ne veulent plus s’arrêter! Les deux premiers trimestres, j’essaie de faire du mime, de la comédie, du drame, de la comédie musicale, bref de toucher un peu à tout. Au troisième trimestre, je leur demande de choisir parmi tous les genres abordés, celui qu’ils ont envie de développer pour le spectacle de fin d’année.