Bien qu’il soit établi que le sel est un élément essentiel au fonctionnement de l’organisme, il est tout autant certain que sa surconsommation soit liée à l’apparition de maladies chroniques graves. Avec le docteur Laila Ennazk, spécialiste en endocrinologie, diabétologie, maladies métaboliques et nutrition, on tente d’aborder la question d’une approche préventive en privilégiant une réduction des apports en sel et ce, dès le plus jeune âge.
Texte Mélanie Wilms
Un problème de santé publique
Les fonctions cellulaires de base étant dépendantes du fluide corporel et de sa teneur en sodium, la consommation de ce composant est essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Toutefois, sa surconsommation étant monnaie courant, de nombreux cas de maladies chroniques telles l’hypertension artérielle, des maladies cardiovasculaires mais aussi osseuses et rénales sont observées. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande d’ailleurs de réduire l’apport en sodium chez l’adulte à moins de 2 g/j. Sa réduction depuis l’enfance serait à même de prévenir ces maladies largement répandues et de surcroît coûteuses à l’âge adulte. Notons toutefois qu’un apport trop réduit peut être à l’origine de déshydratation, de crampes ou encore d’hypotensions.
Retour à la source
Déterminant certain de la surconsommation de sel, son appétence, c’est-à-dire le désir que l’on a à assouvir un penchant, se met en place assez tôt. Alors que le nouveau-né est complètement indifférent au goût salé, dès l’âge de 3 ans, cette saveur commence à être appréciée et le devient de plus en plus. Il a été avancé, dans une étude américaine publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition qu’une exposition précoce au sel durant les premiers mois de vie (avant la diversification) entraînerait davantage le développement du goût pour la saveur salée. Augmentant au cours de la diversification alimentaire (entre le 4ème et le 6ème mois), l’apport en sel est en outre de prévalence supérieure aux niveaux recommandés et ce, chez plus de la moitié des nourrissons dès l’âge de 6 mois. Ceci souligne que la surconsommation de sel est un phénomène précoce, s’installant souvent dès la fin de l’allaitement.
Une question d’habitudes
Bien qu’à l’âge de 3 ans, l’enfant acquiert une maturité rénale pour éliminer le sel dans les urines, ses apports devraient être réduits. Notons qu’à cet âge, les habitudes familiales et le choix des aliments influencent avec force ses apports, la vigilance parentale est dès lors requise. Elle est d’autant plus indispensable que le sel existe partout et sous des formes variées. Une grande partie de l’apport salé provenant non pas du sel de table mais bien de celui qui est présent dans les aliments transformés. Le sel étant un exhausteur de goût, permettant en outre une bonne conservation et la rétention de l’eau (volume des aliments), une quantité importante est incorporée lors du conditionnement industriel.
Des petits efforts quotidiens…
– Privilégier le lait maternel contenant très peu de sel (env. 160 mg/l) plutôt que les préparations pour nourrissons.
– Au moment de la diversification, saler peu pendant la cuisson et veiller à ne pas resaler à table.
– Tenter d’inculquer l’habitude de consommer des aliments peu salés
– Utiliser des alternatives pour relever le goût : citron, épices, herbes aromatiques…
– Etre attentif à l’étiquetage des aliments afin de faire un choix judicieux
– Privilégier les plats home made, moins salés que les industriels
– Favoriser la consommation de fruits et légumes riches en potassium pour balancer l’effet du sodium.