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L’AIAIS : actions pour le droit à l’accompagnement vers l’autonomie au-delà de 18 ans

By décembre 11, 2025 Enfant

Lorsqu’on parle des droits de l’Enfant, on pense souvent aux « jeunes mineurs ». Hani El Harraq, militant associatif et expert en insertion socioprofessionnelle, rappelle qu’à 18 ans, beaucoup de dispositifs cessent alors que débute la quête d’autonomie. Président de l’Instance des Jeunes et de l’Enfance au Conseil régional Casablanca-Settat et de l’AIAIS, il agit pour prolonger l’accompagnement des jeunes précaires issus des EPS, via la formation, le développement personnel, l’appui scolaire et le plaidoyer.

 

L’accompagnement ne devrait pas s’arrêter à 18 ans : c’est là que tout commence.

 

Vous militez depuis plusieurs années pour l’insertion des jeunes après 18 ans, pourquoi  ?
À cet âge, la vie bascule : c’est une période charnière et très vulnérable. Beaucoup de jeunes – surtout ceux issus de la protection de l’enfance ou de milieux précaires – se retrouvent soudain livrés à eux-mêmes.
Le vrai problème est l’absence d’un cadre d’accompagnement post-18 ans : près de 70 % des sortants d’établissements de protection n’ont ni formation, ni emploi stable, ni logement autonome.
Cette rupture brutale mène souvent à l’errance, au chômage prolongé, voire à l’exclusion sociale. Ce n’est pas un manque de potentiel, mais d’opportunités structurées et d’un soutien humain.

À travers vos actions, vous plaidez pour leur droit à l’éducation, à la formation et à l’emploi. Comment ces revendications se traduisent-elles concrètement sur le terrain ?
Nous avons choisi d’agir de façon très concrète.
D’abord, nous mettons en place des programmes d’orientation et de formation adaptés à la réalité du marché du travail. Nous collaborons avec des entreprises locales pour créer des stages d’insertion et encourager l’apprentissage par la pratique.
Ensuite, nous travaillons beaucoup sur la confiance en soi et le développement personnel. Car avant de trouver un emploi, un jeune doit croire en ses capacités.
Grâce à des partenariats avec des associations, des fondations et des acteurs publics, nous avons pu accompagner plus de 300 jeunes sur les trois dernières années vers une formation ou un emploi durable dans la région Casablanca-Settat.
Ce ne sont pas des chiffres symboliques, ce sont des vies réorientées.

Quelles solutions proposez-vous aux jeunes pour faciliter leur intégration dans la société ?
Cette question me tient particulièrement à cœur : la clé, c’est la continuité de l’accompagnement. On ne peut pas aider un jeune jusqu’à 18 ans puis lui dire « bonne chance ». Il faut un dispositif post-protection sur 3 à 5 ans, combinant un suivi social personnalisé, un accès prioritaire à la formation professionnelle, un logement temporaire avec accompagnement et un mentorat citoyen assuré par des bénévoles et d’anciens bénéficiaires.
Nous plaidons aussi pour un fonds régional d’insertion des jeunes sortants du système de protection, afin d’assurer un soutien financier minimum pendant leur transition.
L’idée, c’est de ne plus les considérer comme des « cas sociaux », mais comme de jeunes citoyens à potentiel, capables de contribuer à la société.

En tant que président de l’Instance de la jeunesse et de l’enfance au Conseil régional de Casablanca-Settat, comment travaillez-vous avec les institutions pour renforcer la participation des jeunes dans la vie publique ?
Notre approche est participative et inclusive. Elle agit comme un véritable pont entre la jeunesse et les institutions régionales. Nous organisons régulièrement des forums régionaux de la jeunesse où les jeunes expriment leurs priorités, proposent des projets et dialoguent directement avec les décideurs.
Nous travaillons également sur des programmes de leadership civique et de formation à la citoyenneté active. L’objectif, c’est que les jeunes ne soient pas seulement bénéficiaires de politiques publiques, mais aussi co-constructeurs de ces politiques.
À Casablanca-Settat, plus de 40 associations de jeunes sont aujourd’hui partenaires de nos initiatives, et certaines de leurs propositions ont déjà été intégrées dans le plan de développement régional. C’est une grande fierté.

Quel message souhaiteriez-vous adresser à la jeunesse marocaine pour cette Journée internationale des droits de l’Enfant ?
Mon message est simple mais sincère : croyez en vous, en votre pays et en votre capacité à transformer les choses. Le Maroc a une jeunesse extraordinaire, créative, courageuse et profondément attachée à ses valeurs. Nous devons refuser la fatalité et continuer à bâtir un avenir ici, chez nous.
Les droits de l’Enfant ne s’arrêtent pas à 18 ans, ils évoluent vers des droits de jeunesse, de dignité et d’avenir. À l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’Enfant, je veux redire ma conviction : le véritable développement passe par la jeunesse. C’est elle la clé d’un Maroc plus juste, plus solidaire et plus fort.

Soutenir pour mieux grandir
L’AIAIS agit pour que chaque jeune puisse franchir le cap des 18 ans avec des repères solides. En prolongeant l’accompagnement après la majorité, l’association renforce l’accès à la formation, à l’emploi et à l’autonomie. Elle favorise la mise en réseau des acteurs publics et privés, tout en valorisant l’engagement citoyen. Objectif : faire de la transition vers l’âge adulte une étape construite, et non une rupture.

Repères et contacts :
45 Bd Bir Anzarane 1er étage N°1 Maarif Casablanca Tél. : 05 26 62 26 26
Site web : www.aiais.org Email : contact.aiais@gmail.com