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Ilias Selfati
L’Arbre qui Cache la Forêt 2 du 21 Décembre 2024 au 25 Janvier 2025

By décembre 23, 2024 Actu

Quinze ans après sa dernière exposition individuelle à la Galerie Tindouf, Ilias Selfati est de retour à Marrakech pour son exposition : L’Arbre qui Cache la Forêt 2 du 21 Décembre 2024 au 25 Janvier 2025.
Dans ses œuvres, Ilias Selfati laisse la peinture s’exprimer à travers des jeux de transparence, des coulures, des formes et des coups de pinceaux francs qui se transforment en faune et flore abondantes. Qui pourrait dire si sa peinture est figurative ou abstraite, elle est les deux, tantôt poétiques, tantôt énigmatique, ses toiles sont un véritable labyrinthe verdoyant. Où commence la forêt ? Il semblerait qu’elle se soit nichée dans le dédale des toiles de Selfati …

 

Une monumentalité fragile, Amine Boushaba

Acteur majeur de la scène artistique contemporaine, Ilias Selfati se place aujourd’hui comme l’un des meilleurs représentants marocains de ce qu’il est convenu d’appeler la nouvelle figuration. Qu’elles racontent la nature, les hommes, la haine ou l’amour, ses peintures dessinées, aux portes de l’abstraction, dépouillées jusqu’à l’épurement, désarçonnent, intriguent et fascinent.
Ilias Selfati explore les interactions entre l’homme et la nature, en mettant en lumière la force et la fragilité de cette relation. Si l’univers peuplé de créatures mythologiques et de forêts profondes de Selfati nous est familier, avec son monde imaginaire habité par un bestiaire merveilleux, les compositions florales et une certaine nature lyrique, y ont toujours leur place. Son travail étonne et émeut par son minimalisme. Il impose silence et introspection par sa fragile monumentalité.

Texte de Javier Lozano, PhD, artiste, chercheur et enseignant, rédigé en juillet 2024, à Madrid. (Extrait de texte…)

La peinture doit être faite d’oppression, par les opprimés, les perdants, sans fardeaux qui freinent la chute libre de la création. Le contraire serait un monument ou un hommage à soi-même, dénué de sens puisqu’il ne porte pas de conflit, mais seulement des louanges. C’est élever quelque chose dans une ascension verticale, l’inverse de l’approfondissement que recherche un artiste. La peinture, comme l’amour, est un des éléments qui nous permet de survivre, tant qu’on ne l’approche pas avec un concept d’utilité. L’amour, contrairement à ce que disait une chanson, meurt si on ne l’utilise pas.
Nous ne savons pas vraiment où ou quand commence le Réel (la vie), mais nous pouvons penser et fantasmer sur ce qu’est le Réel. La manière dont nous approchons l’image est celle d’un somnambule, c’est un moment d’apprentissage universel. Les rêves et fantasmes racontent une histoire d’oubli ; peut-être rêvons-nous pour oublier. C’est pourquoi, quand Selfati se réveille après une session de travail en studio, je devine qu’il se sent plus léger.

 

Sérénité, Tahar Ben Jelloun (Extrait de texte…)
Tout artiste a besoin de soulever un peu de terre quand il veut voir le monde en face. On sait qu’il n’y a pas de vérité en dehors de ce que le poète invente ou réinvente. Là, on voit une saison éparpillée dans les yeux du peintre. Il n’est sur aucun fil, sur aucune certitude. Il donne à voir ce que ses nuits laissent échapper : des signes où souffle la vie, même si des fils imaginaires tombent du ciel comme des lignes de lumière.
Selfati sait qu’une œuvre n’est jamais tout à fait achevée. Chaque pièce est une étape dans sa galerie personnelle. Chaque période nous informe sur sa vie, ses rêves, ses inquiétudes. Là, on dirait qu’il a atteint le seuil de la sérénité avec cependant quelque inquiétude. C’est le propre même de l’artiste : jamais certain, jamais établi, toujours sur la brèche, sur la rive du fleuve qui charrie ce que l’humanité déverse comme pour se constituer un capital d’oubli.
Selfati est là, il poursuit son chemin en nous offrant ce que son humour, sa part de poésie, son acharnement au travail ont réalisé de mieux, de bien accompli.

La forêt était avant sa demeure, son idée. Les arbres n’étaient pas des arbres mais des fantômes agitant leurs branches pour faire tomber les oiseaux qui n’en pouvaient plus de vivre dans un buisson de questions. Même les oiseaux ont besoin de saisir des moments de paix et de légèreté. Selfati leur offre aujourd’hui une plage d’images et de musique qui les enchante et nous ravit.
D’autres animaux ont échappé à la morosité qui nous guette. Il promène leur insouciance avec élégance et mettent de la couleur dans leur survie. C’est une question de tendresse que l’artiste a perçue et nous la présente dans une harmonie où plus rien ne compte que la beauté d’une splendide gratuité.

Ilias Selfati est né à Tanger en 1967. Lauréat de l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan au Maroc, il a ensuite poursuivi ses études à la faculté des Beaux-Arts de l’UCM de Madrid, en Espagne, où il se forme aux techniques de l’estampe (1992-1994). Il suit parallèlement des cours de sérigraphie à l’école des arts graphiques de Madrid en 1993. Il participe à de nombreux ateliers de gravure notamment avec le célèbre artiste espagnol Gerardo Aparicio. Selfati a été invité à un atelier d’art organisé par l’Université Complutense de Madrid à El Escorial en 1993 et donné par l’artiste espagnol José Hernández.
L’artiste vit et travaille entre Tanger et Madrid, après avoir vécu à Paris, à Dublin, à Los Angeles, à New York…. Sa première exposition individuelle date de 1987 à Tanger. Depuis lors, il a eu des expositions au Maroc et à l’étranger. Notamment à la galerie Adora Calvo, Salamanca ; galerie Shart Casablanca 2007 ; galerie Thierry Marchand, Paris 2009 ; galerie L’Atelier 21, Casablanca 2011 ; galerie Talmart, Paris 2013 ; galerie Mohamed Driss, Tanger 2013, galerie Kent, Tanger 2018 ; Artorium Espace d’art Fondation TGCC, Casablanca 2019 ; galerie Bab Rouah, Rabat 2022…. Les œuvres de Selfati figurent dans de nombreuses collections privées et publiques, notamment la Chalcographie nationale de l’Académie royale espagnole des beaux-arts, le Musée de la Légation américaine de Tanger au Maroc, le Centre africain de Madrid et la Bibliothèque nationale de Madrid.