Chercheur et homme politique belgo-marocain, Hassan Bousetta fait dialoguer histoire collectives et destins particuliers dans son dernier ouvrage Entre-deux rives. À travers le récit des relations entre le Maroc et de la Belgique, il éclaire les liens tissés entre deux mondes que l’on dit différents, mais qui n’ont cessé de se croiser.
Nous n’avons jamais vraiment été des étrangers les uns pour les autres
Dans les couloirs de l’histoire migratoire, certaines trajectoires individuelles racontent bien plus que des départs et des arrivées : elles incarnent des liens, des héritages, des transmissions. Celle de ce politologue et ancien sénateur belge d’origine marocaine en est une. Avec pudeur et engagement, il tisse les fils de sa mémoire familiale pour éclairer une histoire commune souvent tue.
Racines nomades, ancrages multiples
Bien avant l’exil en Europe, la famille de l’auteur avait déjà connu le déplacement à l’intérieur du Maroc. Sa mère, originaire des Beni Arous, avait dû fuir le nord du pays durant le protectorat espagnol pour se réfugier à l’extrême sud, chez les Aït Ba-âmran. Une migration intérieure qui en annonçait une autre, plus lointaine : celle vers la Belgique, dans les années 60, à la faveur de l’accord belgo-marocain sur la main-d’œuvre. Son père s’y établit en 1964, suivi de sa mère quatre ans plus tard.
Une double appartenance assumée
« J’ai grandi avec la conscience claire de ma double appartenance », confie-t-il. Cette identité biculturelle, il la cultive depuis l’enfance, entre les visites régulières au Maroc et les attaches maintenues avec la famille. Aujourd’hui encore, ses séjours au pays se font à la fois professionnels et personnels, tissés d’échanges avec chercheurs, universitaires et militants.
Une anecdote illustre cette mémoire vive : lorsqu’il reçoit de jeunes chercheurs marocains en Belgique, leur surprise est palpable face à la précision de ses souvenirs du Maroc des années 1970, époque qu’ils n’ont jamais connue.
Transmettre sans imposer
Ses filles aussi connaissent le Maroc, mais à leur manière. Il ne leur a rien imposé, préférant les laisser construire leur propre lien. Ainsi, la cadette a noué des amitiés avec des étudiantes marocaines, dessinant à sa façon une continuité générationnelle.