Les grossesses tardives sont de plus en plus nombreuses. Des précautions s’imposent pour mener à bien cette entreprise. Le point avec le Professeur Nadia Zinoun, gynécologue obstétricienne.
Entretien avec Pr Nadia Zinoun, gynécologueobstétricienne
Le suivi médical est-il plus spécifique pour une femme âgée de plus de 35 ans ?
Effectivement, on est un peu plus vigilent car deux complications guettent la future maman, en plus des complications dont peut être victime le bébé. Parmi les complications qui menacent la femme, il y a le diabète gestationnel. Cela peut survenir chez des femmes qui n’avaient pas de diabète, mais qui peuvent le développer du fait d’un petit trouble de la régulation du glucose. La conséquence en serait un risque d’infection, le risque d’avoir un gros bébé… Ce dernier peut même mourir dans leurs ventres et des problèmes peuvent survenir même après la naissance. La grossesse tardive peut aussi poser des problèmes d’hypertension artérielle. Il faut savoir qu’avec l’âge, nos vaisseaux commencent à être fatigués et par conséquent une grossesse va aggraver cet état et entrainer une hypertension artérielle. Celle-ci peut, dans certains cas entraîner une mortalité maternelle et foetale. C’est pour cela qu’il faut voir ces patientes régulièrement, demander systématiquement des tests pour mesurer la glycémie, les protéines dans l’urine, prendre régulièrement leur tension artérielle… Ces grossesses tardives nécessitent le même suivi qu’une grossesse normale, avec une fréquence de consultation légèrement plus élevée si le tableau clinique nous montre des signes d’hypertension Le diabète gestationnel et l’hypertension artérielle peuvent entrainer un accouchement prématuré, une mort foetale in utéro, générer un taux de naissance par césarienne plus important.
Quels sont les risques pour le bébé ?
En premier lieu, la trisomie 21, dont la fréquence augmente à partir de 35 ans (elle est de 1% des naissances à 40 ans, 2% à 45 ans). Il y a des moyens pour les dépister. Mais il faut savoir que l’amniocentèse n’est pas un geste anodin et peut provoquer, dans 1% des cas une fausse couche. Il y a aussi le risque de mort foetale, de retard de croissance in utéro, de naissance d’un bébé de faible poids et de prématurité.
Quels sont les risques encourus par ces femmes lors de l’accouchement ?
Les futures mamans de 35 ans et plus connaissent plus de césarienne car on est particulièrement vigilant pour qu’il n’y ait pas de souffrances foetales et puis du fait de l’âge, les tissus génitaux sont moins souples pour un accouchement par voie basse.
Question d’âge
Avec l’âge, le taux de fécondité diminue. Avant 25 ans, les femmes sont généralement fertiles. La période la plus fertile pour une femme se situe entre 25 et 35 ans : ses cycles sont réguliers et la production d’ovules importante. Après 35 ans, la production d’ovocytes diminue, ce qui pourrait être l’une des causes de la diminution de la fertilité, mais elle n’empêche pas pour autant de concevoir un enfant, mais il n’est pas rare qu’une grossesse prenne un peu de temps à se déclarer. Le vieillissement des tissus provoque ainsi une baisse de la fécondité (diminution de la production d’ovocytes, déclin hormonal, fibromes ou lésions bénignes dans l’utérus…) La baisse de la fertilité chez l’homme n’est pas aussi spectaculaire que chez la femme mais elle existe aussi. Des chercheurs de l’Université de Bristol ont mené une grande enquête sur la question en 2000, appelée «les enfants des années 90». Ils ont conclu qu’à 35 ans, les hommes avaient deux fois moins de chances de devenir père qu’à 25. Les raisons en seraient, entre autres, la baisse de la libido et de la qualité du sperme…
