Parce que devenir parent implique aussi une réflexion sur la manière de nourrir son enfant, on tente de déterminer, avec Wafae Hajjani, coach, psychothérapeute humaniste et formatrice en discipline positive pour les parents, quelques outils susceptibles d’accompagner petits et grands sur la voie d’une éducation alimentaire éclairée.
Texte Mélanie Wilms · Photos DR
Occupant une place centrale dans les relations familiales, la nourriture peut être, par moment, l’objet de tensions inutiles. Appliqués au contexte des repas, on vous propose d’explorer cinq principes, issus de la discipline positive, qui permettent d’envisager l’éducation alimentaire comme une belle occasion d’avoir des interactions saines et attentives.
1. La bienveillance
Dépendant de l’intérêt et de la qualité de l’attention portée à l’enfant, la bienveillance peut se traduire, dans la sphère alimentaire, par un questionnement visant à s’intéresser à ses goûts et à ses expériences alimentaires – ce qui l’attire, le rebute… Tout en l’encourageant à (re)découvrir de nouvelles saveurs, le respect de ses préférences engage une approche bienveillante car le parent fait confiance et croit en la capacité de changement de son enfant. Enfin, l’empathie et la capacité à se mettre à sa place permet notamment de capter certains ressentis comme s’imaginer détester un aliment et être forcé à finir son assiette sous la menace ou le chantage affectif.
2. L’appartenance
Besoin fondamental chez l’enfant, le sentiment d’appartenance se manifeste par la nécessité constante de sentir que sa présence est désirée, que sa contribution est appréciée et qu’il a véritablement une place dans la famille. Les repas sont une formidable opportunité pour cultiver ce sentiment. Ainsi, il est intéressant d’associer l’enfant aux décisions des menus de la semaine, au déroulement des courses ou encore à la préparation des repas durant le weekend.
3. La responsabilité sociale
Base de la vie en communauté, la responsabilité sociale est trop souvent gommée par le fait que les parents veulent «trop» faire pour leur enfant. Mue par de bonnes intentions, cette attitude le prive toutefois de l’opportunité de développer sa capacité à s’occuper de ses besoins et de ceux des autres. En lui permettant de prendre part à la préparation du repas, on le sensibilise à sa responsabilité vis-à-vis de son bien-être (privilégier certains aliments), de sa santé (en éviter d’autres) et de son entourage.
4. Le respect des besoins de chacun
Autoritarisme et laxisme conduisent à des interactions déséquilibrées entre parents et enfants. Le principe d’égalité étant le fondement de la coopération; petits et grands ont les mêmes droits et sont semblables en dignité et en respect. Dés lors, il s’agit de rechercher des consensus en termes de choix des menus, d’établissement des règles autour du repas (TV, portables…), etc.
5. Fermeté
Les règles, les limites et les sanctions doivent être clairement déterminées dès le départ. L’enfant doit être capable de les énoncer, de même qu’il doit en comprendre le raisonnement. Les parents se doivent de se montrer exemplaires et cohérents, qu’il s’agisse d’une règle portant sur une catégorie d’aliments ou sur un comportement à table. Notons l’importance de la réparation des erreurs qui passe par les 3 R : Reconnaître sa part de responsabilité, se Réconcilier, Résoudre, c’est-à-dire trouver une solution ensemble pour que l’erreur ne se reproduise pas.
«Face à l’omniprésence de la malbouffe, les repas sont devenus le terrain d’une bataille stérile que se livrent parents et enfants.»