Face à l’inflation qui atteint des sommets inédits, les familles marocaines peinent à gérer leur budget pendant le mois sacré du Ramadan. Quelles sont les stratégies à adopter pour mieux gérer le budget de sa famille pendant ce mois ? Décryptage avec Nabil TAOUFIK, Directeur de publication de ConsoNews Magazine et Fondateur des Moroccan Consumer Days et des RDV DU Made In Morocco.
Quelle est l’origine de la hausse des prix en général et des produits alimentaires au Maroc ?
La hausse des prix au Maroc a atteint des sommets rarement vus depuis une décennie, le taux d’inflation s’élevant à 8,3 % à fin 2022. Les causes de cette hausse sont multiples et peuvent être attribuées à des facteurs à la fois internes et externes, ainsi qu’à des facteurs conjoncturels et structurels.
Causes extérieures
Alors que la balance commerciale marocaine est déficitaire depuis des années, les prix des biens et services à l’international ont connu une hausse significative suite à l’effet de rattrapage post-Covid et à la crise ukrainienne. Bien que le Maroc soit un importateur net, cet effet s’est répercuté sur le marché intérieur, entraînant une hausse des prix de biens et services qui affecte considérablement les ménages.
Causes intérieures
Le nombre croissant de produits alimentaires dont les prix sont en hausse est principalement attribuable à la vague de froid qui a touché plusieurs récoltes ces derniers mois. En outre, le marché des produits agricoles est largement dominé par des réseaux de captation de la valeur qui réduisent le prix payé aux agriculteurs et créent une tension sur l’offre. Enfin, une grande partie de la production agricole est destinée à l’exportation, ce qui aggrave encore l’impact de la rareté sur les prix à la consommation.
Quel est l’impact des hausses des prix sur les familles ?
Selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), la pandémie de Covid-19 et l’inflation ont eu des conséquences désastreuses pour le Maroc : 3,2 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté et la vulnérabilité, faisant ainsi reculer le pays à son niveau de 2014.
La Banque Mondiale souligne que le revers est plus important pour les plus pauvres et les habitants des zones rurales.
Pour ce qui est du Ramadan en particulier ?
L’inflation est un sujet qui inquiète le Maroc, en particulier à l’approche du mois de Ramadan. Historiquement, ce mois est connu pour un pic d’inflation, en raison de comportements spéculatifs et opportunistes des commerçants. Cette année, il y a une crainte d’une combinaison des deux types d’inflation, ce qui signifierait que les tables du ftour seraient moins garnies que d’habitude. Heureusement, le gouvernement a rassuré sur sa volonté de lutter contre l’inflation et de maintenir la stabilité des prix.
Les stratégies à adopter pour mieux gérer le budget de sa famille pendant le Ramadan ?
On peut faire la politique de l’autruche et dire qu’il ne se passe rien et que tout va bien. Dans ce cas, le consommateur va maintenir son niveau de dépense habituel qui passe du simple au double durant le mois sacré. Pour y arriver, il lui faudra inévitablement s’endetter. S’il s’agit d’un couple qui a des traites et des mensualités de scolarité ou autre à payer, il faut dire qu’on est là face à un ménage qui court à sa ruine. Un consommateur rationnel, peut, en revanche, prendre acte du changement d’époque qui est en train de s’imposer avec une inflation durable. En conséquence, il devra revoir sa liste d’achats en fixant des critères de priorités, pour ne garder à la fin que les choses véritablement nécessaires. Ce n’est pas tout. Il faudra surtout s’en tenir au budget fixé et ne pas succomber aux tentations de dernière minute qui font exploser la facture finale. En gros, il s’agit d’effectuer un geste de retenue et de renoncement, ce qui est tellement cohérent avec la philosophie du mois du jeûne.