Qui n’a pas envisagé, à un moment ou à un autre, de changer de métier? On se le dit ponctuellement après un échec professionnel, pendant une réunion qui tourne mal ou devant un dossier particulièrement stressant. Mais quels sont les signes qu’un changement est vraiment nécessaire? Petit tour de la question avant de partager l’expérience de Hind Sebbani, qui a osé faire le grand saut à 36 ans.
Certes, on lit partout qu’il n’est jamais trop tard pour changer de vie et de métier mais se lancer dans une reconversion professionnelle n’est jamais une décision simple à prendre, d’autant plus que l’on avance en âge et que l’on a des responsabilités familiales. Pourtant certains signes ne trompent pas.
1. Vous êtes en plein «bore-out», démotivé(e), vous avez toute la journée le sentiment de traîner, de tourner en rond. Vous attendez les jours off avec impatience. Sachez que l’ennui est aussi mauvais pour la santé que le burn-out.
2. Votre corps lance des appels. Palpitations sur le trajet du boulot, sommeil altéré, boule au ventre… si les signaux persistent, il est temps de prendre du recul et d’envisager sérieusement de bifurquer vers un chemin qui vous convient.
3. Les gens bien dans leur job vous énervent. Votre jalousie témoigne assurément de votre frustration et mal-être.
4. Vous vous dites que votre travail manque de sens. On peut avoir une vie professionnelle très confortable mais ne pas se sentir utile, accomplie. Et oui, les aspirations humaines sont loin d’être seulement matérielles!
Tout lâcher pour redonner du sens et vivre sa passion…
… C’est ce qu’a fait Hind Sebbani. Après des études en marketing à Paris, et une carrière dans une multinationale française du bâtiment, la jeune femme rentre au Maroc et rejoint un grand nom de l’immobilier de luxe pour prendre en charge la direction Marketing et développement. Elle a alors la chance de collaborer avec de grands architectes internationaux et c’est le coup de foudre. Au bout de 8 ans, malgré un salaire confortable et des avantages non négligeables qui se traduisent par une très agréable vie de famille, des sorties, des voyages, le cœur n’y était plus. «J’aimais mon métier, mais il ne faisait plus sens, je rêvais de construire des lieux qui ont une âme et qui servent une cause. L’idée germait, il manquait le déclic. Il est arrivé à la lecture du livre «L’architecte et le Sultan» d’Elie Shafak, J’ai pris un vol pour Istanbul, j’ai visité la ville avec un architecte. Trois jours après, je me suis inscrite au concours de l’Ecole d’architecture de Paris, et me voilà partie pour 5 ans d’études». La première année, Hind Sebbani mène de pair travail et études, mais le statut salarié se conjugue mal avec ce nouveau challenge. Elle quitte et se lance a son compte pour continuer a financer sa formation. Elle accouche 10 jours avant de soutenir sa licence! Puis, vient la dure période du Master, encore plus contraignante. Un parcours de combattante «que je n’aurais pas traversé sans le soutien de mon mari», insiste-t-elle en ajoutant, «C’est de l’inconscience mais je suis tombée amoureuse de l’architecture, l’amour rend aveugle et c’est tant mieux.» Aujourd’hui, à un an du sacrement, elle continue a avancer et songe avec bonheur, au moment où elle s’offrira son diplôme pour ses 40 ans et s’inscrira à l’Ordre. Elle envisage aussi une autre manière d’exercer le métier : combiner architecture et marketing pour donner plus de sens aux marques. Une belle histoire à suivre donc.