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Cancer : les mots pour le dire

By octobre 25, 2025 Parents

Il est des phrases qui bouleversent tout un monde. Un mot prononcé dans un cabinet, un résultat qui s’affiche à l’écran, et soudain la vie bascule dans un « avant / après ». Recevoir un diagnostic grave, c’est d’abord le choc émotionnel.
C’est aussi – paradoxalement – le début d’un chemin : celui de la compréhension, de l’acceptation et, peu à peu, de la réappropriation de sa vie. Comment traverser ce moment ?
Chiraz Manai, coach professionnelle, praticienne en PNL, nous répond.

 

Aider, ce n’est pas être fort à tout prix.
C’est être vrai, humble et présent.

À l’annonce d’un cancer, comment réagit-on généralement ?
La sidération est souvent la réaction première. Certains pleurent, d’autres se taisent ; le cerveau se protège comme il peut. Puis surviennent la colère, le sentiment d’injustice ou le déni. Tout cela est normal : il n’existe pas de « bonne » réaction, seulement des réflexes de survie.
Avant de pouvoir en parler autour de soi, il faut d’abord l’intégrer soi-même : comprendre ce que le mot «maladie» signifie pour soi. Cela passe par une phase d’accueil, une digestion lente, où chaque personne peut accueillir, sans jugement, les émotions qui émergent (peur, tristesse, culpabilité parfois).

Que nous conseille la PNL ?
La Programmation Neuro-Linguistique (PNL) aide à reformuler ses pensées pour ne pas être uniquement du côté de la peur.
Remplacer « je suis malade » par « je traverse une maladie » change déjà la perception. Le cerveau suit la façon dont on se parle. Et dans les moments fragiles, les mots deviennent des ressources.

Astuce bienveillance :
Se parler avec douceur, c’est déjà amorcer la guérison intérieure.

Les erreurs à éviter
Éviter la diversion, la dramatisation, ou le silence.
Ne pas chercher à tout expliquer : c’est déjà énorme de trouver les mots justes.

 

Et les mots pour le dire aux enfants ?
Les enfants sentent toujours quand quelque chose se passe. Leur imagination comble le silence par des scénarios souvent pires que la réalité.
Avec les plus jeunes, un ton concret et rassurant : « Maman est malade, mais elle va être soignée. »
À l’adolescence, le dialogue doit rester ouvert : ils n’ont pas forcément envie d’en parler tout de suite, mais ils observent tout.

Conseil douceur :
Parler vrai, sans dramatiser.
Dire moins, mais juste.

Les maladresses involontaires à éviter
Les comparaisons, telles que « Ma cousine a eu la même chose », ou les phrases toutes faites comme « Sois forte », ou « Je suis sûre que tout ira bien », peuvent blesser. Le silence gêné aussi. Mieux vaut un simple regard ou un « je ne sais pas quoi dire, mais je suis là » que mille mots maladroits.

Les mots pour accompagner et soutenir

Quand la maladie touche une amie, une sœur ou une mère, on se sent vite démuni. On veut aider, trouver les mots, poser les bons gestes… et l’on doute. Comment être présent, avec sincérité, tact et douceur ? Chiraz Manai nous éclaire.

 

Le soutien se construit dans la constance, pas dans les discours.

Si la personne atteinte d’un cancer n’a pas envie d’en parler ?
Le silence n’est pas de l’ordre du rejet, mais un besoin d’espace pour intégrer.
Respecter ce silence, c’est aussi aimer sans condition. Tant qu’il n’y a pas isolement ou repli total, il peut être protecteur. L’essentiel, c’est d’être présent, même discrètement.

Astuce du cœur :
Être là, même en silence, c’est déjà soutenir.

Et si elle se confie à nous ?
D’abord, écouter : pas pour répondre, mais pour accueillir. Dire simplement : « Je suis là si tu veux parler, ou si tu veux juste que je sois là. » La justesse naît souvent de la simplicité. Parler aussi d’autre chose que de la maladie, c’est offrir une respiration. Rire, se souvenir, évoquer des projets… c’est rappeler que la vie ne s’arrête pas à la maladie. C’est aussi une façon de résister, ensemble.

Il faut également accepter que les besoins évoluent d’un jour à l’autre. Parfois la personne souffrante aura envie de parler, parfois non. Le bon repère, c’est la demande de l’autre, pas notre envie d’aider. Un « Tu veux que je passe ou tu préfères être tranquille aujourd’hui ? » suffit à ajuster sans imposer.

Quels gestes peuvent réellement faire la différence au quotidien ?
Les petits gestes concrets : un plat préparé, un trajet accompagné, un message sans attente de réponse. Les malades disent souvent que ce qui les a le plus touchées, ce ne sont pas les grandes phrases, mais ces attentions constantes, même silencieuses.

Comment gérer sa propre peur ou tristesse ?
Il est essentiel d’avoir, soi-aussi, un espace pour exprimer ses émotions : un ami, un thérapeute, un journal. Impossible en effet de soutenir en s’oubliant. Mais rester « fort » ne signifie pas se fermer : il s’agit, au contraire, d’accueillir sa vulnérabilité sans qu’elle déborde sur l’autre.

Conclusion
Dans la maladie, les mots deviennent un soin. Ils peuvent blesser ou apaiser, créer de la distance ou tisser du lien.
Les bons mots ne guérissent pas le cancer, mais ils accompagnent, ils soutiennent, ils redonnent vie.