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Bouchra Boudoua
Une lecture contemporaine de l’artisanat

By mars 13, 2025 Actu

Longtemps en marge du marché international, l’art contemporain marocain se redéfinit à travers de nouvelles dynamiques où galeries, artistes et institutions tentent d’imposer leur signature. Entre structuration locale et nécessité d’un rayonnement au-delà des frontières, le paysage évolue sous l’impulsion d’acteurs engagés. De l’émergence d’un écosystème aux normes internationales à la quête de visibilité sur la scène africaine et mondiale, cet échange met en lumière les enjeux qui façonnent aujourd’hui le marché marocain de l’art.

 

Créer, c’est naviguer entre mémoire et renouveau. L’artisanat marocain porte en lui une richesse inépuisable, à nous de lui donner une résonance contemporaine sans en altérer l’âme

 

©Loft Gallery

Vous exposez régulièrement à l’étranger. Comment le public international perçoit-il l’artisanat marocain revisité ?
Le public international est souvent très sensible à l’artisanat Marocain, qu’il soit revisité ou non. Nous avons la chance d’avoir un très bel artisanat d’une grande diversité qui nous offre des possibilités infinies en termes d’expression créative. Il est important de le valoriser, de le mettre au goût du jour sans le dénaturer.

Le fait d’être une femme dans l’univers de l’artisanat au Maroc a-t-il présenté des défis ou des opportunités particulières ?
Être une femme dans l’univers de l’artisanat au Maroc ne m’a jamais posé de réels défis. Il est vrai que les métiers de la céramique au Maroc sont principalement exercés par des hommes, mais il y a aussi de la place pour les femmes. D’ailleurs, dans mon atelier, je travaille uniquement avec de jeunes femmes que j’ai formées à la céramique, et tout se passe très bien.

Vous avez récemment exploré d’autres médiums, comme la peinture. Quelle relation établissez-vous entre ces différentes formes d’expression ?
La peinture est un art que je pratique depuis mon enfance. Mon travail sur la céramique depuis 7 ans a été principalement de la peinture sur céramique. Depuis à peu près un an j’ai eu l’envie de pousser cette peinture en dehors des limites posées par l’objet sur des surfaces plus plates ou la composition devient alors plus intéressante. Passer d’un format à l’autre, entre volume et surface plate, m’apporte une grande liberté d’exploration et enrichit ma manière de composer et d’expérimenter avec la couleur et les formes.

Quel rôle joue la transmission dans votre démarche ?
La transmission des savoir-faire artisanaux est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. A travers mon travail sur le terrain avec des artisans potiers j’ai pu constater que comme dans plusieurs autres métiers artisanaux il y à un véritable problème de transmission. Les maîtres artisans, dits maâlems, n’ont souvent plus personne à qui léguer leur savoir-faire car les jeunes préfèrent désormais partir travailler en ville. A ma petite échelle, j’essaie de contribuer à la transmission et, surtout, à la préservation de ces métiers à travers plusieurs manières. Tout d’abord, il est primordial pour moi de respecter les techniques ancestrales sans chercher de raccourcis pour préserver l’authenticité de cet art. Je sensibilise le public et les artisans à la valeur de notre héritage, en alliant tradition et innovation. Je renforce les liens avec les artisans et crée des opportunités pour préserver et faire vivre cet art.