Si ce rituel prescrit par l’Islam est généralisé, il s’agit bien d’une opération qui ne devrait pas être banalisée, surtout au regard des complications qu’elle peut engendrer, en plus d’éventuelles séquelles psychologiques. Le professeur agrégé Fayssal Lazrak, chirurgien pédiatre, nous parle de ce sujet qui lui tient particulièrement à cœur.
Tous les enfants marocains devraient avoir droit à une circoncision-rite bien faite.
A quel âge est-il conseillé de circoncire?
La circoncision peut être effectuée à tout âge, du moment que l’on maîtrise l’acte lui-même. Au Maroc, elle est pratiquée dès la naissance, comme bien plus tard. Il me semble que l’âge le plus adapté est entre 3 et 9 mois. On a alors dépassé la période néonatale où le bébé commence seulement à s’adapter à la vie extérieure. A l’inverse, si on attend trop longtemps, on arrive à la période critique, celle de l’acquisition des compétences cognitives (1 à 3 ans). Il prend conscience de son environnement mais ne coopère pas tout à fait. Entre 3 et 9 mois, et pour peu que l’on fasse les choses dans les règles, il ne gardera pas de souvenir pénible de cet acte et tout se passera en douceur. La circoncision est un acte heureux et doit le rester.
Et si on attend beaucoup plus longtemps?
Un enfant de 6/7 ans peut adhérer à l’acte si on le lui explique en positivant, notamment en mentionnant qu’il va devenir comme son père, ses cousins… Il est cependant essentiel de ne rien lui cacher au préalable (imaginez le traumatisme s’il se réveille et se voit amputé d’une partie de lui sans qu’on l’ait averti). En lui offrant des cadeaux durant une petite fête, il associera aussi la circoncision à des souvenirs heureux.
Qui doit faire la circoncision?
L’année dernière, le Ministère de la Santé a édicté une directive indiquant que la circoncision doit être effectuée dans un contexte médical, au moins par un infirmier diplômé ou un médecin. Malheureusement, dans la réalité, tous les cas de figure existent, l’acte peut être réalisé par un professeur en chirurgie pédiatrique comme par un barbier, en passant par l’infirmier, le médecin généraliste, le gynécologue…
Quelles peuvent être les complications?
Il y a les complications directes, les plus graves. Lorsque l’enfant est maintenu de force par deux ou trois personnes, les risques de faux mouvements sont nombreux et peuvent conduire à une amputation accidentelle, ce qui aura des conséquences terribles pour l’avenir de l’enfant. Et c’est sans parler des hémorragies qui peuvent lui coûter la vie. Il y a également les risques d’infection si le matériel employé n’est pas stérile. La verge peut nécroser si les vaisseaux qui irriguent la verge n’ont pas été respectés. Enfin, il y les complications esthétiques qui peuvent entraîner par la suite des complexes profonds. De tels drames justifient amplement qu’un plan national de prise en charge de la circoncision soit mis en place afin d’encourager tous les parents à se tourner vers des spécialistes et réduire ainsi les risques.
Qu’est-ce qu’une circoncision optimale?
Il s’agit de couper, à une distance très précise, le prépuce, c’est-à-dire la peau qui recouvre le gland. Celle-ci a une double face. Aussi, le chirurgien coupera séparément les deux faces, prendra les vaisseaux du prépuce et les coagulera un à un. Il suturera ensuite avec un fil adapté afin d’assurer un bel aspect après cicatrisation.