Infirmière et puéricultrice de formation, Myriam Cherkaoui El Haddioui est arrivée au Maroc en 2015. Aujourd’hui consultante en allaitement et Directrice des soins à la Clinique Ghandi (Casablanca), elle est aussi la fondatrice du groupe Facebook, dédié à l’allaitement, «Breast is Best with Myriam», qui rassemble plus de 17 000 membres. Rencontre.
Propos recueillis par Rim Keddabi · Photos DR
Quelle est votre formation?
J’ai suivi une formation d’infirmière aux Hôpitaux de Paris, puis je suis partie à Londres où je me suis spécialisée en tant que puéricultrice en réanimation néonatale. J’ai ensuite travaillé une dizaine d’année en tant que spécialiste en allaitement maternel en Angleterre, avant de venir m’installer, en famille, au Maroc, en 2015. Je suis aujourd’hui Directrice des soins à la Clinique Ghandi à Casablanca.
L’allaitement est votre «combat»?
Oui, en quelque sorte. En arrivant au Maroc, j’ai été très surprise de réaliser que l’allaitement était très peu pratiqué. Je pensais que dans un pays en voie de développement, et de surcroit musulman, cette pratique était bel et bien en place et largement pratiquée. Pas du tout. En réalité, seulement 27% des bébés marocains sont allaités, alors que l’Organisme Mondial de la Santé (OMS) préconise un taux de 50% de bébés allaités exclusivement au sein jusqu’à leurs six mois…
Comment expliquez-vous cet écart?
En parlant avec les femmes et en évoluant dans le milieu médical, j’ai compris que si le taux d’allaitement marocain était aussi catastrophique, c’est parce qu’il était lié à un manque d’information. Par exemple, certaines mères racontent qu’on leur a dit de donner le biberon à leur bébé pour qu’il puisse dormir la nuit, ou que, parce qu’elles ont accouché par césarienne, elles ne peuvent allaiter dans les 24h qui suivent leur accouchement. Or, toutes ces croyances sont complètement fausses. Il y’a beaucoup de méconnaissance à ce sujet.
Que faites-vous pour encourager les mères marocaines à allaiter?
J’organise plusieurs ateliers pour les mamans et futures mamans : je les accompagne pendant leur grossesse, je les aide à mettre en place l’allaitement maternel, puis j’assure un suivi. Ces ateliers permettent d’effacer toutes les fausses idées qui sont véhiculées autour de l’allaitement. Par exemple, je leur explique qu’il est normal qu’elles aient un peu mal au début, mais que si la douleur persiste, c’est sans doute lié à une mauvaise position… Le but, c’est qu’elles sachent comment ça se passe, qu’elles soient préparées et qu’elles aient des arguments pour pouvoir se défendre face à ceux qui leurs disent «Tu dois faire ça comme ça» alors que c’est faux. Surtout, j’insiste pour qu’elles viennent à ces ateliers avec leurs maris, car eux aussi vont pouvoir les soutenir durant l’allaitement.
Vous avez aussi un groupe Facebook «Breast is Best with Myriam»?
Oui, c’est une vraie plateforme d’échanges autour de l’allaitement. Les mamans et futures mamans sont très demandeuses d’informations et de conseils. Elles peuvent poser leurs questions et j’organise également des live pour leur répondre.
Quels sont les risques encourus par les bébés qui ne sont pas allaités?
Le lait qui convient le mieux à l’enfant c’est celui de sa propre mère. Il est prouvé que les bébés allaités sont en meilleure santé : ils ont moins de risques de développer des maladies cardiovasculaires, des allergies, d’être enclin à l’obésité ou au diabète. Il y a des bienfaits aussi pour la mère : moins de cancers du sein, d’ostéoporose et une diminution de la dépression post-natale. Toutefois, si un bébé n’est pas allaité, ce n’est pas non plus catastrophique, mais il faut utiliser le lait artificiel comme un remède, non pas comme une solution miracle.