À l’approche de la CAN, l’excitation monte dans les foyers comme dans les stades. Les enfants rêvent des matchs, vibrent pour les Lions de l’Atlas… et risquent parfois de passer trop de temps devant les écrans. Comment profiter de cette compétition sans perturber le rythme de la maison ni créer de tensions ? Pour y répondre, nous avons interrogé la psychologue Salma Ouazzani Taybi.
«L’enfant apprend par l’exemple. Si les adultes restent calmes, il comprend que l’émotion n’excuse pas les excès. Mieux vaut poser les règles avant et accueillir ses réactions sans jugement.»
Comment aider un enfant à gérer l’excitation des matchs pendant la CAN tout en posant des limites d’écran sans tensions ?
La CAN crée une excitation très forte chez les enfants, parfois difficile à réguler. Le but n’est pas de calmer leur enthousiasme, mais de leur donner un cadre clair. Annoncer les règles avant le match, l’heure d’arrêt, où on regarde, et le rythme des soirées, évite 90 % des conflits. Lorsqu’un enfant sait à quoi s’attendre, il gère mieux sa frustration.
On peut aussi l’impliquer dans ces règles : lui demander ce qui pourrait aider la soirée à bien se passer lui donne un sentiment de participation plutôt que de contrainte. Pendant le match, une ambiance plus douce (volume raisonnable, coin confortable) aide naturellement son corps à rester plus stable. Et pour terminer la soirée, un petit rituel, quelques respirations ou discuter de son moment préféré l’aide à redescendre tranquillement. L’objectif n’est pas de réduire l’émotion, mais de montrer à l’enfant comment la traverser sereinement.
Comment accompagner un enfant trop absorbé par la CAN sans casser son enthousiasme ?
Quand un enfant veut tout regarder, parle de foot en permanence ou a du mal à se concentrer, ce n’est pas forcément un problème… à condition que cela n’envahisse pas son quotidien. Le rôle du parent est d’aider à trouver le bon équilibre. Mettre en place un planning simple (certains matchs regardés en direct, d’autres en différé ou en résumé quand leur horaire perturbe le déroulé normal de la journée de l’enfant) permet de préserver le plaisir tout en protégeant les routines essentielles : sommeil, devoirs, temps en famille.
Proposer d’autres activités, même très courtes, aide aussi l’enfant à changer de rythme mental. Et si la CAN commence vraiment à prendre trop de place, on peut lui expliquer que, comme toute passion, le foot peut devenir épuisant lorsqu’il occupe toute la journée. L’enjeu est de lui apprendre à vivre sa passion intensément… sans se laisser déborder.
Comment utiliser la CAN pour transmettre à un enfant les valeurs de respect, d’unité et de citoyenneté quand il soutient le Maroc ?
La CAN est un moment parfait pour parler de valeurs, car l’enfant vit l’événement avec émotion. Soutenir le Maroc lui donne un sentiment d’appartenance, mais c’est aussi l’occasion de lui montrer que la vraie fierté se voit dans l’attitude : encourager sans insulter, célébrer sans mépriser, accepter la défaite avec dignité.
Le parent joue ici un rôle de modèle. Si l’enfant voit qu’on peut être passionné tout en restant respectueux, il comprend que soutenir son pays, c’est représenter quelque chose de positif. La CAN devient alors bien plus qu’un tournoi : un terrain naturel pour apprendre ce que signifie être un citoyen qui rassemble plutôt qu’il divise.
