La Coupe d’Afrique des Nations, ou CAN, est aujourd’hui le plus grand événement footballistique du continent. Mais son histoire est riche en rebondissements, en moments de gloire et en anecdotes savoureuses, qui reflètent souvent l’esprit du football africain.
L’histoire de la CAN, c’est celle de l’Afrique du football, avec ses victoires inattendues, ses héros nationaux, et une passion débordante qui fait de chaque édition un événement unique. Celle de 2025 restera certainement gravée dans le cœur de tous les Marocains, quel que soit le palmarès !
Tout commence en juin 1956, lors du troisième congrès de la FIFA à Lisbonne. L’Égyptien Abdelaziz Abdellah Salem veut créer une Confédération africaine de football. Mais sa demande est rejetée, au motif que trop peu de nations africaines sont représentées – seulement quatre à l’époque. Salem quitte alors le congrès avec panache, lançant : «Si nous ne sommes pas tous traités ici sur un pied d’égalité, il n’est nullement question de notre présence parmi vous.» À ses côtés, par solidarité, le Soudanais Mohamed Abdelhalim. Un geste fort, qui aurait incité la FIFA à revoir sa position.
C’est ainsi que naît la CAN, portée par la volonté de quatre pays fondateurs : l’Égypte, le Soudan, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud. La première édition se tient en 1957, à Khartoum. Mais dès le départ, la compétition affirme son identité : en raison de sa politique d’apartheid, l’Afrique du Sud est exclue. La CAN ne sera pas qu’un tournoi – elle devient aussi un symbole de lutte et de dignité africaine. La première finale, entre le pays hôte et l’Égypte, se joue devant 30 000 spectateurs. Le score est sans appel : 4-0 pour l’Égypte, grâce à un quadruplé de Raafat Attia, inscrivant ainsi le premier nom au palmarès de la compétition.
L’épopée marocaine et les Lions de l’Atlas
Le Maroc a écrit une des plus belles pages de son histoire lors de la CAN 1976 en Éthiopie. À l’époque, la formule était différente : un tournoi final avec les quatre meilleures équipes dans un mini-championnat. C’était un peu comme une finale géante. Pour remporter le titre, les Lions de l’Atlas devaient faire un bon résultat contre la Guinée lors du dernier match. Le score était de 1-1, quand, à la dernière minute, l’attaquant Ahmed Makrouh, surnommé le «Papa», a inscrit le but de la victoire, offrant le trophée au Maroc pour la première et unique fois de son histoire.
Des années 90 à aujourd’hui : l’explosion des talents
Les années 90 ont marqué un tournant. La CAN est passée de 8 à 16 équipes, augmentant la compétition et faisant émerger de nouvelles puissances. Le Nigeria, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Cameroun ont commencé à dominer.
• 1992, le triomphe de la Côte d’Ivoire : Les Ivoiriens ont remporté leur premier titre face au Ghana, au terme d’une séance de tirs au but acharnée. Youssouf Fofana a inscrit le tir décisif, scellant la victoire 11 à 10.
• 1996, l’exploit de l’Afrique du Sud : Pour sa première participation à la CAN après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a créé la surprise en s’imposant à domicile. Un succès rempli d’émotions et de symbolisme, salué par Nelson Mandela lui-même.
• 2006-2010, l’ère de l’Égypte : Les Pharaons ont dominé la compétition avec trois titres consécutifs. Une performance exceptionnelle menée par des joueurs légendaires comme Mohamed Aboutrika et Wael Gomaa.
Anecdotes inoubliables
La CAN est aussi faite de moments marquants qui restent dans les mémoires :
• Le gardien le plus malchanceux : En 1992, l’attaquant ghanéen Abedi Pelé a raté son penalty en finale contre la Côte d’Ivoire. Le gardien ghanéen, Richard Kingston, s’est retrouvé à devoir tirer un penalty crucial pour son équipe, mais il l’a manqué, offrant la victoire aux Ivoiriens. Il a perdu la finale mais a quand même été élu meilleur gardien du tournoi !
• La CAN en pleine mousson : La CAN 2000, coorganisée par le Ghana et le Nigeria, a été marquée par des pluies diluviennes qui ont transformé les pelouses en rizières, rendant le jeu presque impossible et ajoutant un élément dramatique à chaque match.
• Le retour des Lions Indomptables : Lors de la CAN 2017, le Cameroun a remporté le trophée après avoir été considéré comme une équipe d’outsiders. Un succès inattendu qui a rappelé le passé glorieux des Lions et leur résilience.
