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Droit à l’enfance et à l’éducation : INSAF en action

By décembre 10, 2025 Enfant

Meriem Othmani, présidente-fondatrice d’INSAF — Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en Détresse — a autonomisé plus de 15 000 mères célibataires en 25 ans. En constatant que nombre d’entre elles avaient été, enfants, des « petites bonnes », elle a attaqué la racine du problème : en première ligne de la lutte nationale contre le travail domestique des mineures, elle a soustrait plus de 600 filles à l’exploitation autour de Marrakech. Aujourd’hui, elle ouvre un nouveau front à Casablanca : les enfants chiffonniers de la décharge de Médiouna. Elle nous en parle.

 

Parmi mes rêves les plus chers figure un monde où chaque enfant peut grandir, apprendre et s’épanouir librement.

 

En 2022, vous avez lancé un programme pour les enfants chiffonniers de Médiouna. Qu’est-ce qui a déclenché cet engagement ?
Nous avons découvert la réalité de la décharge de Médiouna : des enfants fouillant les ordures sans masques ni gants, exposés à des risques toxiques. Beaucoup souffraient de gale, de poux et de nombreuses affections dermatologiques. Ce choc nous a déterminés à agir. Nous avons donc appliqué à Casablanca la méthodologie déjà éprouvée à Marrakech pour lutter contre le travail des enfants, une approche qui a donné d’excellents résultats.

Quel est le profil le plus courant des enfants que vous rencontrez dans la décharge de Médiouna ?
Nous voyons surtout des enfants de 4 à 12 ans, déjà contraints de travailler au tri pour survivre. Ils vivent dans des bidonvilles insalubres, souvent sans eau ni sanitaires, avec la faim et le froid au quotidien. Les pères sont parfois incarcérés ou absents ; les mères, très souvent seules et sans revenus. Elles mendient et, sous la pression économique, certaines sont réduites à la prostitution pour nourrir leurs enfants. Sans protection ni services de base, les grossesses non désirées se répètent et le cycle de précarité se perpétue.

Depuis 2022
400 enfants ont retrouvé l’école, le jeu et le sourire.

Comment identifiez-vous les enfants et quelle méthodologie appliquez-vous pour les sortir durablement de cette situation ?
Notre méthode est intégrée et familiale : maraudes pour repérer, et convaincre les parents d’arrêter le tri/mendicité. L’enfant reste au foyer, réinscrit à l’école, avec fournitures, transport, mise à niveau, activités et repas. 300 dirhams sont versés aux parents par mois, conditionnés à l’assiduité. Nous sécurisons le foyer (aide matérielle/alimentaire, loyer, micro-revenus pour les mères) et assurons suivi médical et hygiène. S’ajoutent un axe administratif (état civil, papiers, RSU, AMO Tadamoun) et un appui psychologique familial (écoute, ateliers, prévention).

Et comment faites-vous pour que les enfants restent scolarisés ?
Les enfants retrouvent le goût d’apprendre et veulent rester avec INSAF. Ils dorment chez leurs parents et, la journée, rejoignent le centre pour des activités parascolaires et sportives, ateliers théâtre et manuels, soutien scolaire assuré par des institutrices recrutées. Nous prenons en charge les soins médicaux, les corrections visuelles si besoin, l’habillement et les chaussures. Cette prise en charge globale, couplée à un accompagnement des familles et à une allocation conditionnée à l’assiduité, sécurise le parcours et évite les rechutes. Nous avons plein d’exemples parlants comme Redouane ou Aya, autrefois contrainte à mendier, qui a retrouvé son enfance… et son sourire.

Quels sont vos principaux soutiens ?
Nous avons des appuis publics : l’INDH, la Région Casablanca-Settat, le Ministère de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, ainsi que le Ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille. Côté privé, les parrainages d’entreprises sont décisifs : 10 000 dirhams par an, sur trois ans, permet de prendre en charge un enfant de manière continue. INSAF étant reconnue d’utilité publique, ces dons sont inscrits en charges déductibles, ce qui allège l’impôt de l’entreprise.
Avec plus de parrainages, nous pourrons aider plus d’enfants. Actuellement, nous en soutenons 400 et souhaitons en accueillir plus si nous trouvons les financements nécessaires.

Quels sont vos résultats ?
Depuis juillet 2022, nous avons accompagné 400 enfants. Parmi eux, 27 ont obtenu un diplôme, 2 se sont mariés, 1 a émigré, 2 sont retournés dans leur ville d’origine, 2 ont changé d’institution et 1 a quitté le programme. Actuellement, 325 enfants (160 filles et 165 garçons) sont suivis. Ils représentent 207 familles, certaines comptant plusieurs enfants. Parmi ces 207 familles, on dénombre 56 mères célibataires, 10 veuves, 29 divorcées, 90 mariées, 12 séparées et 10 familles adoptives.

Repères et contacts :
Siège : 5, rue Hay Adil, Roches Noires, Casablanca Tél. : + 05 22 90 74 30 /
05 22 90 68 43 Site web : www.insaf.ma Instagram : @insafassociation