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Le droit au lien qui sécurise

By décembre 10, 2025 Enfant

Dès la naissance, le lien d’attachement fonde la sécurité intérieure de l’enfant. Il influence sa façon d’aimer, de se relier et de se sentir en confiance. Le Dr Bahia El Ouazzani, pédopsychiatre et secrétaire générale de la Société Marocaine de Pédopsychiatrie et Professions Associées, explique pourquoi cette relation primordiale façonne l’équilibre émotionnel de toute une vie.

 

L’attachement n’est pas un simple besoin affectif : c’est la base invisible sur laquelle l’enfant apprend à se sentir aimé, à faire confiance et à trouver sa place. Ce lien fondateur façonne la manière dont il vivra, aimera et se relèvera tout au long de sa vie.

Pourquoi le lien d’attachement est-il essentiel au bon développement de l’enfant ?
Il est le socle du développement affectif du bébé et il est la base de sa sécurité intérieure. Dès la naissance, l’enfant se construit dans la relation à l’autre. Selon D. Winnicott un éminent psychanalyste d’enfant, « Un bébé seul n’existe pas ». Et en effet, les études montrent que les échanges affectifs précoces (le regard, la voix, les gestes tendres) stimulent le cerveau du jeune enfant, en particulier les zones qui régulent les émotions.
Un bébé peut développer un lien d’attachement sécure avec l’adulte qui s’occupe de lui lorsque ce dernier répond de façon « adéquate » et continue à ses différents besoins. Un enfant ayant un attachement solide apprend ainsi plus facilement à reconnaître et gérer ses émotions tout en tissant des liens positifs avec les autres.

Quelles conséquences peut avoir un manque de repères affectifs ?
Lorsqu’un enfant grandit sans repères affectifs clairs (notamment parce que les adultes sont absents, instables ou incohérents), il peut développer une insécurité émotionnelle plus ou moins profonde selon l’intensité et la durée de la carence affective. Ceci peut se manifester par une difficulté à gérer les émotions (colères, tristesse, anxiété..), des troubles du comportement (opposition, agitation ou isolement..), des troubles cognitifs (difficultés de la concentration et de mémorisation, difficultés psychomotrices..).
À long terme, un manque de lien affectif chez l’enfant peut influencer la manière dont il va entrer en relation plus tard dans la vie : parfois trop méfiant, parfois en recherche constante de validation. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut toujours agir pour retrouver une sécurité dans le lien.

À quel moment faut-il envisager un accompagnement psychologique ?
Je dirais qu’il faut envisager un accompagnement psychologique dès qu’il y a de la souffrance chez l’enfant ou chez les adultes qui l’accompagnent : lorsque l’enfant manifeste une insécurité dans le lien, de l’anxiété, de l’isolement ou une perte de confiance ; lorsque la relation parent-enfant se complique et que la communication positive devient difficile ; lorsque les parents se sentent dépassés, épuisés ou coupables ; ou encore lorsqu’un événement douloureux (séparation, deuil, déménagement, maladie, changement d’école) a fragilisé sa sécurité affective.
Dans ce cas, une évaluation et un accompagnement par un spécialiste, pédopsychiatre ou psychologue spécialisé pour enfants, est indiqué afin d’aider l’enfant et sa famille à trouver des outils pour dépasser leurs difficultés, et ce grâce à une psychothérapie, une thérapie parents-enfant ou des techniques ciblées sur l’estime de soi comme la sophrologie.

Et pour conclure, auriez-vous un mot d’encouragement pour les parents qui doutent parfois d’eux ?
Un parent qui doute est le signe qu’il se soucie de bien faire. Il ne faut pas chercher la perfection ; ce qui compte, c’est la présence sincère, la disponibilité et la bienveillance.
Un parent qui écoute, qui console, qui apprend de ses erreurs, offre déjà à son enfant ce dont il a le plus besoin : un lien vrai et sécurisant.
Chaque regard attentif, chaque mot doux, chaque geste d’amour laisse une empreinte durable.
La présence qualitative est l’essentiel.

Renforcer la confiance : les gestes simples font toute la différence :
. Être à l’écoute de son enfant et de ses besoins
. Accueillir les émotions et les nommer sans jugement
. Expliquer les actions et le sens des interdits
. Préparer l’enfant aux séparations (partir au travail, en voyage)
. Apprendre à l’enfant à être autonome
. Valoriser les efforts, pas la perfection (cela développe le goût d’essayer, pas la peur d’échouer).
. Prévoir des moments autour du plaisir et pas uniquement du « devoir »
. Montrer qu’on apprend aussi : un parent qui s’excuse ou explique ses erreurs enseigne la tolérance et la confiance réciproque.

Repères et contacts :
6, rue Sidi Brahim, RDC n°3
(reliant rue Taha Houcine et place Ollier). Q. Gauthier – Casablanca
Tél. : 05 22 20 48 52 – 06 72 81 87 10
E-mail : bahiaelouazzani@gmail.com